Q J'ai lu avec intérêt votre dossier consacré aux croisières dans La Presse du 28 novembre. J'aurais cependant souhaité que vous abordiez le sujet des impacts environnementaux des navires de croisière sur les océans. - Marcel Simoneau

R Effectivement, les navires de croisière sont de véritables villes flottantes et, comme toutes les villes, ils produisent des quantités phénoménales de déchets et d'eaux usées. Un gros paquebot transportant 5000 personnes, équipage compris (soit environ 4000 passagers - c'est la taille du Freedom of the Seas de Royal Caribbean et du futur Norwegian Epic), produit, au cours d'une croisière d'une semaine, 210 000 gallons de déchets (de quoi remplir cinq piscines olympiques); 1 million de gallons d'eaux grises (qui ont servi aux bains, aux douches, aux buanderies); 25 000 gallons d'eaux huileuses émanant des fonds de cales, etc. Sans compter que ces mastodontes des mers sont tous alimentés par des fiouls résiduels lourds, c'est-à-dire par le plus polluant de tous les types de mazout.

 

Sous la pression d'une partie de l'opinion publique, les entreprises de croisières instaurent des programmes de recyclage et d'allègement des impacts environnementaux. J'ai eu l'occasion de faire récemment une tournée «environnementale», guidé par l'officier préposé à l'environnement à bord d'un navire de la Holland America. C'était assez impressionnant: tous les déchets étaient triés, parfois incinérés, parfois compactés par des machines et rangés dans d'énormes espaces réservés aux opérations de récupération et de recyclage. Les efforts consacrés à ces opérations avaient l'air (mais je ne suis pas un spécialiste) plus poussés que ceux mis en oeuvre dans nos villes.

Il n'en reste pas moins que les navires de croisière polluent et que le problème est d'autant plus préoccupant qu'il s'agit du secteur du tourisme qui connaît le taux de croissance le plus rapide. M. Simoneau m'a dirigé vers le site des Amis de la terre (Friends of Earth: www.foe.org), qui attribue notamment une note aux efforts déployés par les 10 plus grandes compagnies pour limiter l'impact sur l'environnement et recycler les déchets.

On y tient compte des méthodes de traitement des eaux usées et des déchets, des efforts pour réduire la pollution et aussi de l'accessibilité de l'information à ce sujet. Holland America obtient la meilleure note (B), suivie par Norwegian Cruise Line et Princess (B-). Cunard et Regent Seven Seas récoltent un C- et Celebrity, un D". Royal Caribbean et Disney font bien mauvaise figure avec un F.

La conscience environnementale des entreprises de croisières est proportionnelle à l'intérêt que leurs clients potentiels prêtent à la préservation de l'environnement. Plus les consommateurs se préoccuperont de la question, plus les sociétés de croisières (et les chaînes hôtelières) déploieront d'efforts pour minimiser leurs empreintes sur l'environnement.

Tourisme humanitaire

Q Je planifie un voyage combinant tourisme et coopération, pendant un ou deux mois cet hiver. Pouvez-vous m'indiquer des agences ou des organismes qui proposent ce genre de produit? Mon expertise en gestion alimentaire et en cuisine pourrait être mise à contribution partout dans le monde. - Stéphan Boucher

R Le réseau des agences spécialisées et des organisations non gouvernementales (ONG) qui encadrent des expériences de tourisme humanitaire (c'est-à-dire qui impliquent du travail volontaire) à l'étranger est quasi labyrinthique. Il existe une bonne centaine d'organisations de ce type, uniquement au Québec. Et il faut réaliser que le tourisme humanitaire n'est pas nécessairement gratuit.

Ainsi, Teranga (www.teranga.ca), qui se présente comme une agence planifiant des voyages de coopération internationale «taillés sur mesure» pour des baby-boomers, demande de 3000$ à 4500$ pour un séjour de six semaines dans des pays comme l'Équateur, le Népal ou le Vietnam. Les participants sont hébergés en famille d'accueil et travaillent cinq matinées par semaine. L'après-midi est consacré à des activités communautaires (par exemple des cours de langue dispensés par des habitants du village) et le week-end à des visites touristiques de la région.

Voyages Campus (www.voyagescampus.com), qui s'adresse à une clientèle plus jeune, facturait l'an dernier 1850$ pour un séjour de deux semaines en famille d'accueil au Nicaragua, dans le cadre du programme Volontaire à l'étranger.

Par contre, si vous êtes jeune (moins de 30 ans) et que vous vous qualifiez pour un des programmes subventionnés par l'Agence canadienne de coopération internationale (l'ACDI, qui subventionne une soixantaine d'organismes), vous aurez peut-être la chance de participer à un voyage de coopération gratuit.

L'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) publie sur son site (www.aqoci.ca) une liste des ONG québécoises qui envoient des bénévoles à l'étranger. Leurs coordonnées et adresses web y figurent.

Entre autres organismes susceptibles de vous intéresser, je mentionnerai encore Humanis (www.humanisvoyages.com), Horizon Cosmopolite (www.horizoncosmopolite.com) et Alliance Nord-Sud de l'Estrie (http://alliancenordsud.wordpress.com).

Les Éditions Ulysse publient un guide qui traite de la question rédigé par Alexandre Chouinard, Stagiaires sans frontières.