Cet été, Michèle Leclerc et sa famille de neuf enfants ont partagé avec nous leurs aventures en Mongolie, à dos de cheval. Maintenant que la routine a repris, que les enfants sont retournés à l'école, nous lui avons demandé de répondre à la question que tous les lecteurs se sont posée en lisant ses récits: comment peut-on arriver à faire un tel voyage sans être très, très riche? Voici sa réponse.    

Combien coûte un tel voyage en famille?

Pour 12 personnes, notre budget demeure identique à celui de la vie à la maison - en excluant les coûts du transport en avion.

Pour le logement, nous avons dormi sous la tente, en camping sauvage. Dans les villes, c'était dans des dortoirs, que nous avons trouvés à l'aide d'un bon guide de voyage récent. Notre chambre contenait habituellement cinq ou six lits. Ceux qui n'avaient pas la chance de dormir dans un lit utilisaient leur sac de couchage et un petit matelas. La somme maximale déboursée: 30$ pour une nuit pour toute la famille, avec toilettes et douche dans le couloir. Nous privilégions les rencontres avec les gens du pays. Lorsque c'était possible, nous avons aussi dormi chez des «couchsurfers» (couchsurfing.org ou hospitalityclub.org), gratuitement, et partagé les repas avec eux.

En ce qui concerne la nourriture, nous avons acheté les ingrédients dans les marchés et cuisiné avec notre matériel de camping. Nous avons souvent mangé dans la rue, rarement au restaurant. À Oulan Bator, un «buuz», sorte de pain fourré à la viande de mouton, coûtait 30 cents. En Chine, les déjeuners en cafétéria universitaire revenaient aussi à 30 cents par personne, les dîners à 50 cents et les soupers pouvaient coûter jusqu'à 80 cents par personne.

Côté tourisme, nous avons privilégié les visites gratuites: marchés de fruits et légumes, randonnées pédestres, vieilles villes... Nous nous sommes tout de même offert quelques attractions touristiques renommées. Nous avons notamment planifié une journée à la Grande Muraille de Chine, en autobus (0,50$ par personne). Le billet d'entrée coûtait 10$ par adulte; les enfants payaient la moitié du prix et les étudiants profitaient aussi d'une réduction. Si nous avions pris une visite organisée, l'excursion aurait coûté 75$ par personne!

Pour les souvenirs, nous en avons rapporté très peu: un masque en bois bien typique! Raphaël, 16 ans, a choisi d'acheter un jeu d'échecs avec son argent de poche. Charles, 12 ans, un jeu de cartes. Guillaume, 23 ans, a préféré un t-shirt. Les filles (14 et 16 ans), un bracelet. Et nous avons pris une grande quantité de photos numériques et de films pour des vidéoconférences.

Pour nous déplacer, nous avons beaucoup marché. Nous avons profité, bien sûr, des transports en commun (autobus ou tramway). Par exemple, nous avons acheté des billets de métro à Pékin à 1 yuan (0,15$) chacun. Cette année, nous avons voyagé à cheval, pour 15$ par personne, par jour - un luxe bien minime comparativement au coût de la vie à Montréal. L'équivalent ici reviendrait à 110$!

À cela, nous avons dû ajouter l'avion pour les longs déplacements. Une douloureuse dépense! Un vol de Montréal à Oulan Bator coûte 3500$ en juillet, ce qui était nettement au-dessus de nos moyens. Nous avons essayé plusieurs combinaisons: avion-train-bateau... Les sites web de comparaison de prix permettent de magasiner, et les forums de discussion sur les voyages suggèrent des solutions de rechange.

Quelques mois avant le départ, les plus vieux ont fait des recherches pour obtenir un meilleur tarif. En évitant la haute saison, nous avons trouvé un vol aller-retour New York-Moscou - Pékin-New York pour 1100$ par personne. Le trajet en train de Montréal à New York a coûté 70$ par personne - moitié prix pour les enfants.

De Moscou, nous sommes montés dans le légendaire Transmongolien jusqu'en Mongolie. Nous avons payé 300$ pour cinq jours de train. Par la même occasion, nous avons admiré les paysages de la Sibérie dans notre cabine de quatre places avec couchettes. Nous mangions notre nourriture et l'eau bouillante était fournie. Dans la gare moscovite, j'avoue que c'était tout un défi de trouver le bon quai d'embarquement! Mais nous sommes fiers de l'avoir relevé.

La débrouillardise, combinée à un confort élémentaire, nous permettent de parcourir le monde avec nos neuf enfants. À noter: nous voyageons presque exclusivement dans les pays émergents, où le coût de la vie est bas. Notre main arriverait rapidement au fond de notre bourse pour le même voyage en Norvège ou au Japon...