Émerveillés par la beauté des paysages qui s'étendent à perte de vue, nos enfants chevauchent les steppes et les montagnes du nord de la Mongolie. En autonomie complète, nous avons quitté le lac Khövsgöl, et nous nous dirigeons vers les huit lacs du Nombril. Nous voyageons avec 15 chevaux, 13 selles, deux chevaux de bât, un guide et un jeune Mongol qui retourne dans sa famille.

La journée commence avec un bol de riz sucré. Notre toilette se fait à la rivière. L'eau froide réveille ! Puis nous marchons dans ce pays sans clôture, à travers la vallée à la recherche de nos montures qui ont brouté toute la nuit. Certains chevaux sont entravés, d'autres attachés à leur pieu, et d'autres libres comme le vent. Les retrouver peut prendre 15 minutes ou... deux heures. Enfin, nos montures sellées et les chevaux de bât chargés, nous partons. Vingt-cinq kilomètres nous attendent. Petit Lutin, le jeune étalon de Marc-Antoine (7 ans), est tenu en laisse. Ici, les Mongols ne nomment pas leurs bêtes. Ils ne les caressent pas non plus. La capacité des enfants à se contenter de peu et à s'ajuster à ce qu'ils ont m'impressionne. S'adapter au caractère de son animal, maîtriser ses émotions, agir avec douceur est tout un apprentissage. Sur l'heure du midi, nous mangeons un sac de nouilles chinoises. Le cheval de Raphaël a été blessé lors d'un galop spontané. Sans attendre, Danièle (13 ans) le soigne. Dans la montagne, nous ne rencontrons aucune âme qui vive, aucune yourte. Quelques marmottes courent entre les petits épineux. Tchoc-choc, le chien du guide, les chasse et s'en nourrit. Des tamias de Sibérie, cousins asiatiques de nos tamias rayés, surprennent parfois les chevaux qui font des écarts. Tout à coup, Charles (12 ans) part au galop. Son cheval rue, et c'est la chute. Il a la joue égratignée. Plus de peur que de mal ! Charles voulait enfiler sa veste polaire, ce qui a effrayé son compagnon ! En fin de journée, tout le monde va bien. La peau basanée, les lèvres gercées par le vent et le soleil, les enfants imaginent l'époque des conquêtes et des explorateurs. Personne ne se plaint. Au contraire, tous rient. La vie de coureur des bois les enchante.

Le soir venu, nous descendons de nos montures. Nous les attachons à des arbres. Tous s'activent: Louis-Philippe (20 ans) installe les panneaux solaires pour capter les premiers rayons du soleil le lendemain matin. Raphaël (16 ans) s'occupe du feu. Il ramasse du bois et complète avec les bouses séchées de yaks. Papa Pierre s'occupe de la nourriture, d'autres vont chercher l'eau à la rivière. Le campement se monte. Puis, nous nous rassemblons pour partager le repas, raconter les moments forts de la journée. Le menu des repas alterne entre pommes de terre déshydratées, petits oignons sauvages, pâtes alimentaires ou pain banik cuit sur les braises avec l'aide d'un bâton. Le prochain ravitaillement est dans cinq jours. Qu'allons-nous y trouver?

La pluie nous accompagne tous les deux jours. Mais elle ne nous arrête pas. Nous avançons. Le soir, nous installons une toile entre deux arbres et y faisons le feu en dessous. Nous y faisons sécher les quelques vêtements mouillés et nous nous y réfugions pour manger.

En buvant le thé, le guide entame parfois un doux chant. Ce soir, une brise légère nous apporte aussi le chant d'un coucou. Charmé par cette musique, chacun se retire dans sa tente. La magie de cet instant nous envoûte. Nous nous endormons tôt, nous devons être en forme pour le lendemain au lever du soleil.

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