Les amateurs de plein air et de randonnée qui se plaisent à fréquenter le parc national des Îles-de-Boucherville seront ravis d'apprendre que leur «terrain de jeux» pourrait prendre de l'expansion.

La Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) et les Amis du parc national des Îles-de-Boucherville vont en effet militer pour que le gouvernement québécois - responsable de cette aire protégée - acquière les battures Tailhandier situées juste au nord des limites du parc actuel. Ce territoire est d'une superficie d'environ 2 km2.

«C'est une zone en partie inondable au printemps, explique Jean Hubert, l'un des administrateurs des Amis du parc national des Îles-de-Boucherville. On y retrouve beaucoup d'espèces d'oiseaux et une grande diversité biologique. Ça permettrait au parc d'élargir ses activités de découverte.»

Qui est le propriétaire?

Or, ce terrain, administré par le Port de Montréal, appartient à Transports Canada. La SNAP souhaiterait que le ministre québécois des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, discute avec Ottawa de la possibilité de se porter acquéreur des battures. Pour le moment, une révision des frontières actuelles du parc est en cours, a précisé le porte-parole du ministère, Nicolas Bégin. Celui-ci précise toutefois qu'«aucune décision» n'a été prise concernant son agrandissement.

À Ottawa, ni le ministère de l'Environnement ni Transports Canada ne se prononcent clairement sur la question. On ne semble toutefois pas s'opposer au projet.

«Les battures Tailhandier sont la propriété de l'Administration portuaire de Montréal (APM) et non pas celle d'Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), a écrit dans un courriel envoyé à La Presse Marie-Pascale Des Rosiers, porte-parole de la ministre Catherine McKenna. ECCC utilise ses îles à des fins de recherche, de conservation des habitats et de protection des oiseaux migrateurs. La cession de ces îles au gouvernement provincial a déjà été suggérée par des groupes écologistes. Le ministère analysera toutes les options.»

À l'Administration portuaire de Montréal, on souligne que la décision de disposer du terrain revient à Transports Canada. Le service des communications du Port assure toutefois que les îles ont été préservées à des fins de conservation et qu'aucun projet de développement portuaire n'est prévu.

«Pour l'instant, ce projet ne semble pas avoir été inscrit sur la liste des priorités [des politiciens]», se désole le directeur général de la SNAP, Alain Branchaud. Histoire de faire bouger les choses, il a l'intention de faire circuler une pétition demandant l'acquisition du fameux terrain. La Société invite également la population à manifester son soutien en partageant sur les réseaux sociaux un message d'appui à l'agrandissement du parc national des Îles-de-Boucherville. 

Un statut particulier

M. Branchaud rappelle que le parc est situé près d'un grand centre, donc d'une zone densément peuplée. Ainsi, l'endroit a, selon lui, un statut particulier. Il est grandement fréquenté, et son agrandissement aurait des retombées positives, estime-t-il. «Le déficit nature est également un enjeu pour les citoyens de la grande région de Montréal, a écrit le directeur général de la SNAP dans un communiqué de presse publié à la fin de la semaine dernière. Augmenter d'environ 200 hectares la superficie d'une aire protégée dans la région métropolitaine, et ce, à coût nul pour les contribuables, comment pourrait-on passer à côté d'une si belle opportunité?» 

«Montréal fête son 375anniversaire, Boucherville fête son 350anniversaire et le Canada fête son 150anniversaire, c'est l'occasion de faire un beau cadeau [à la population]», croit-il.

Photo François Roy, Archives La Presse

Des tentes Huttopia sont offertes dans Le parc des Îles-de-Boucherville.