Le sentier national serpente l'arrière-pays canadien sur 3000 km. Mais personne n'a dit qu'il fallait le parcourir en entier pour en profiter. Récit d'une randonnée sur un segment situé dans Lanaudière.

Enfin, l'épais rideau de feuilles et d'épines au-dessus du sentier national s'ouvre sur le bleu du ciel. L'ascension n'a pas été de tout repos, mais le coup d'oeil en valait dix fois la peine. Le massif de la forêt Ouareau se découvre à nous comme une mer houleuse où seuls les braves peuvent s'aventurer. 

Parcourir ne serait-ce qu'une portion de cet immense sentier de 3000 km qui traverse le Canada d'un océan à l'autre constitue en soi un pèlerinage version nature. À défaut de pouvoir s'absenter du bercail pendant des semaines pour entreprendre tout le chemin de Compostelle, un week-end suffit parfois à mettre ses préoccupations entre parenthèses et à faire le plein d'énergie.

Certains des points d'accès du sentier national les plus proches de Montréal se trouvent ici, en Matawinie. Avec ses collines arrondies, sa constellation de lacs et ses nombreuses chutes, le territoire de cette municipalité régionale de comté dans le nord de Lanaudière se prête à merveille à une randonnée de quelques jours dans l'arrière-pays, idée de communier avec la nature. 

LE CALME TOTAL 

Guillerets et enduits de chasse-moustiques, nous avons entrepris notre courte expédition sur le sentier du Massif, un tronçon du réseau pancanadien d'une vingtaine de kilomètres qui traverse d'ouest en est le parc régional de la Forêt-Ouareau. 

Peu après avoir dépassé le poste d'accueil, le bruit des voitures sur la route 125 ne devient plus qu'une lointaine rumeur. Cette partie du parc étant peu fréquentée, on se sent vite imprégné par la quiétude des lieux. La canopée laisse filtrer de rares rayons de soleil qui illuminent notre chemin, dont le passage fait bondir une multitude de batraciens festoyant aux abords du sentier. 

Les inconditionnels de la randonnée seront servis. La première portion du massif suit la crête des montagnes et oscille entre 300 et 600 m d'altitude. Le sentier, sur la terre battue ou sur de gros cailloux, est accidenté à souhait. 

Chaque ascension est récompensée par un panorama inédit sur la région. 

Passé le lac du Corbeau, le sentier amorce une lente descente dans une vallée. Le territoire est ponctué de milieux humides à la végétation luxuriante et de ruisseaux gonflés à bloc, autant de tableaux pittoresques qui alimentent la rêverie contemplative du randonneur. L'impression d'avoir la forêt à nous est totale. Nous croisons nos premiers visiteurs en fin de journée seulement. 

Au terme d'une journée éreintante, nous déposons notre sac dans l'un des refuges qui bordent la rivière Ouareau. Le murmure de l'eau nous tire vers un sommeil paisible et libre de tout souci.

BON À SAVOIR

Choisir son itinéraire

Traversant la MRC de la Matawinie sur plus de 170 km, les différents tronçons du sentier national présentent des dénivelés et des niveaux de difficulté très variables. Pour profiter pleinement de votre séjour, privilégiez de courtes étapes quotidiennes de 6 à 10 km. La boucle du lac Blanc et la grande chute de la rivière Swaggin constituent de bonnes options pour une excursion d'un jour. Des cartes sont affichées sur l'application mobile Ondago

Où loger 

Plusieurs refuges ont été aménagés le long du réseau, facilitant les expéditions plus ambitieuses. Assez spacieuses pour accueillir toute une famille, ces constructions rustiques sont accessibles aux autres randonneurs pendant la journée. Des sites de camping sur plateforme de même que des « lean-to » (abris de bois à trois murs) sont installés ici et là.

Sécurité

L'autorité qui gère les parcs régionaux de la Matawinie recommande de ne pas s'aventurer seul sur les sentiers puisque aucune patrouille ne s'y promène. Il est également préférable de bien planifier sa sortie et de fournir son itinéraire à un proche.

Photo Thinkstock

Avec ses collines arrondies, sa constellation de lacs et ses nombreuses chutes, le nord de Lanaudière se prête à merveille à une randonnée de quelques jours dans l'arrière-pays.