Les cerfs de Virginie adorent la routine. En toutes saisons, ils peuvent circuler toujours sur les mêmes chemins, laissant des traces immanquables dans la neige ou dans la boue. Signe de cette habitude, sur le bien nommé sentier du Cerf, dans le parc national du Mont-Orford, les randonneurs croisent au moins quatre «autoroutes» à chevreuils. Gare aux collisions!

ORFORD Pour découvrir les routes à cervidés du parc national du Mont-Orford, il faut s'aventurer dans la boucle du sentier du Cerf, longue de 13,4 km, parcourant, par monts et par vaux, le secteur isolé du massif des Chênes. Chemin faisant, les randonneurs profitent d'une succession de points de vue, traversent une grande diversité d'écosystème et peuvent s'amuser à pister les cerfs de Virginie, qui se servent des lieux comme ravage en hiver.

Par contre, mieux vaut avoir du temps. Notre trio, formé de jeunes et fringants randonneurs, a mis six heures pour compléter la boucle, en incluant de courts arrêts et des pauses photo. Il faut aussi prévoir lunch et collation, car il n'y a aucune façon, en cours de route, de raccourcir la promenade, à moins de retourner sur ses pas. Qui plus est, sur une large portion du tracé, on n'y trouve ni chalet pour se réchauffer ni toilettes. Bienvenue en milieu sauvage!

La randonnée commence au pavillon d'accueil Le Cerisier. De là, on emprunte le sentier du Pékan (1,4 km) avant d'arriver, une demi-heure plus tard, au point de départ du sentier du Cerf. Au-delà de cette intersection, les raquettes sont de mise, ou plutôt étaient de mise, car, cette saison, la neige boude les Cantons-de-l'Est. Lors de notre visite, à peine une mince couche blanche durcie recouvrait le sol. Résultat: les raquettes n'étaient d'aucune utilité.

Pour satisfaire les randonneurs, le parc national fait désormais la location de crampons. Ceux-ci, munis de puissantes griffes, assurent une meilleure traction sur la surface durcie. Plus légers que les raquettes, ils procurent l'avantage de s'enlever facilement, en cas de besoin (ce qui fut le cas en fin de parcours, pendant la descente). Avec la location de crampons ou raquettes, le parc s'assure ainsi de rendre accessible ses sentiers le plus souvent, peu importe les caprices de la météo.

Montées en douceur

Malgré sa longueur, le sentier du Cerf ne comporte pas de difficulté extrême. Les montées se font en douceur, suivies de descentes et de portions en territoire plat, longeant des étangs gelés. Ce qui fait dire au garde-parc François-Xavier Regnault, qui a lui-même tracé ce parcours, que la randonnée se fait d'elle-même, à condition de partir tôt. La beauté sans cesse renouvelée des paysages compense largement l'effort fourni.

Il ne faut que 3,5 km de randonnée pour arriver au premier point de vue à 360 degrés, qui nous perche, sur un sommet rocailleux, à près de 400 mètres d'altitude. De là, on contemple les monts Orford, Giroux, Owl's Head, Mégantic, Stoke et compagnie. Puis, on redescend vers l'étang de la Cuvette, dont on suivra le pourtour jusqu'à remonter sur l'un des sommets du massif des Chênes pour profiter encore de multiples points de vue à partir de belvédères naturels.

Inauguré en 2009, ce sentier, uniquement accessible en hiver, fait le bonheur des raquetteurs et randonneurs en quête de défi, tout en permettant de désengorger la boucle du mont Chauve, qui était auparavant le seul sentier difficile de ce parc national. Pour les gens moins en forme ou disposant de moins de temps, il existe de nombreuses options de rechange, dont le sentier du Coyote, une jolie boucle de 1,6 km, et le sentier de la Chouette, une autre boucle de 3,4 km.

Côté hébergement, le parc offre trois refuges, sans eau ni électricité, pouvant accueillir de 6 à 24 personnes, ainsi que le chalet Le Bowen, branché au réseau électrique, qui loge quatre personnes. Il faut s'y rendre à raquette ou en ski, mais le parc offre un service de transport de bagages.