Parcourir le littoral du parc national du Bic, c'est marcher entre deux mondes. D'un côté, des falaises, des plages et des rochers tranchants qu'il faut à l'occasion escalader. De l'autre, le fleuve (presque mer à cette latitude) dont il faut surveiller la marée pour ne pas se mouiller les pieds. Et au coeur de ce décor d'une grande beauté, une randonnée pas comme les autres qui sent bon l'air salin.

De toutes les randonnées proposées au parc national du Bic, le parcours du Grand-Tour est le seul qui exige qu'on consulte au préalable la table des marées.

En effet, le sentier suit le littoral, dont une grande partie est submergée à marée haute. Le va-et-vient du fleuve détermine donc l'heure à laquelle il faut partir pour ne pas se retrouver coincé sur un rocher au milieu des eaux...

«L'idéal est de partir de la ferme Rioux environ une heure et demie avant que la marée atteigne son point le plus bas, explique Yves Smolikowski, responsable de l'accueil au parc. Et le parcours doit se faire obligatoirement dans le sens antihoraire.»

Il faut donc parfois accepter de se lever dès potron-minet pour entreprendre la randonnée. Qu'importe. À l'aube, la lumière est plus belle et la faune, plus visible. À 5h30, à la ferme Rioux, un comité d'accueil composé de cinq cerfs compense largement l'absence de tout autre être humain...

Le sentier Chemin-du-Nord longe d'abord une série de petites anses, où les plages de sable se sont étirées avec la marée basse. Les rochers émergent. Les oiseaux marins en profitent pour faire festin. Un blanchon attend sa mère, partie pêcher. Et les cerfs broutent les herbes salées le long des berges, battant à peine des cils au passage des randonneurs.

À 1,7 km de la ferme Rioux, le chalet Lyman, qui date des années 20, est entouré d'églantiers en fleurs. Il abrite aujourd'hui un salon de thé où on s'arrête pour une infusion signée Camellia Sinensis ou un jus d'églantier préparé à Kamouraska (aussi offert en «Mr. Freeze» artisanal, ultra-rafraîchissant et juste assez acidulé).

C'est tout de suite après le chalet que s'arrête le sentier balisé et que commence la randonnée sportive. Le décor ne trompe pas. Une aiguille rocheuse, pointue comme un croc, fait obstacle dès les premiers mètres. Sur quelques kilomètres, il faut alterner entre marche - parfois à flanc de falaise - et escalade pour progresser. Ici, ce n'est pas le coeur (ou le souffle) qui est sollicité, mais l'équilibre. Et la solidité des chevilles.

Il faut aussi se méfier du schiste, cette roche à texture feuilletée coupante comme une lame de rasoir et qui écorche les mains. Un conseil: apporter des gants pour franchir les passages les plus abrupts. Deuxième conseil: laisser les sandales dans la voiture (même celles qui sont conçues pour la marche). Ici, il faut de bonnes chaussures fermées. Quitte à les enlever une fois sur la plage de l'anse à Mouille-Cul ou sur les caps rocheux qui ponctuent le sentier.

La progression est certes lente, mais c'est là tout l'intérêt d'un départ matinal. Il est possible de s'attarder, sans s'inquiéter, pour voir un phoque se nourrir, gueule grande ouverte, ou un goéland fracasser un oursin sur les rochers.

Après la fourche à Louison, le sentier Scoggan quitte le littoral pour s'enfoncer en forêt. On grimpe entre les pins pour accéder à des belvédères haut perchés avant de redescendre, doucement et à regret, vers l'anse à Damase, puis la ferme Rioux, la voiture et le bitume.

La randonnée en bref

• Distance: 8,7 km

• Dénivelé: 200 m

• Chiens admis: non

• Droits d'accès: 7,50$, 3,25$ pour les 6 à 17 ans

• Stationnement: inclus dans les droits d'entrée

• Lieu de départ: Centre de découverte et de services de la ferme Rioux (entrée par le secteur du Cap-à-l'Orignal)

• Services offerts: boutique, comptoir alimentaire, aire de pique-nique, toilettes, point d'eau

• Site internet: sepaq.com/pq/bic

Bonnes adresses

On trouve autour du parc national du Bic plusieurs possibilités pour se poser, notamment au village du Bic (aujourd'hui fusionné à Rimouski). Suggestions.

Folles Farines

Cette boulangerie artisanale est ouverte depuis 18 ans déjà. La quinzaine de pains offerts, faits de farine biologique, va du classique (baguette et miche blanche ou de blé complet, d'épeautre et de kamut) au très gourmand, comme ce pain au chocolat noir et aux agrumes ou cet autre aux abricots séchés, raisins, noisettes et sirop d'érable. Les pizzas fines et les viennoiseries (au beurre seulement!), toutes préparées sur place, sont aussi fort populaires.

113, rue de Sainte-Cécile-du-Bic, Le Bic

follesfarines.com

Domaine Floravie

Depuis l'an dernier, cinq petits chalets colorés ont poussé dans un immense champ fleuri au bord du Saint-Laurent. Montés sur des roues (pour être déplacés avant les grandes marées d'automne), les chalets offrent tout ce qu'il faut d'intimité les voisins sont loin et de commodité : douche, toilettes au compost, chauffage et cuisinière au propane, réfrigérateur, électricité par panneaux solaires, table à pique-nique et brasero pour prolonger les soirées. Pourvus d'un lit en mezzanine (claustrophobes s'abstenir) et d'un canapé-lit, ils peuvent accueillir deux adultes et deux enfants. On s'y endort au bruit des vagues, le luxe suprême... À partir de 135$ la nuit, minimum de deux nuits.

100, route Santerre, Rimouski

domainefloravie.com

Auberge du Mange-Grenouille

À la fois auberge, restaurant gastronomique et buvette (ou piano-bar, selon les interprétations), cette adresse est incontournable dans le Bas-Saint-Laurent depuis 24 ans. Le décor de la salle à manger, foisonnant et éclectique, sert d'écrin fantaisiste au nouveau chef, Jean-Philippe St-Denis, et à son menu qui fait la part belle aux produits locaux et de saison. De la gesse maritime fraîchement cueillie pour rehausser le potage jusqu'à la carte des vins (qui comprend plusieurs produits d'importation), le repas enchaîne bonheurs et découvertes. À s'offrir, selon l'occasion, à petites ou grandes doses, en version tapas sur la terrasse, table d'hôte ou menu dégustation six services.

148, rue Sainte-Cécile, Le Bic

aubergedumangegrenouille.qc.ca

C'est la faute des biquettes

Tout a commencé avec deux biquettes achetées il y a 12 ans par François Gagnon et Annie Roussy. Aujourd'hui, le couple est producteur de viande d'agneau, et la ménagerie s'est agrandie: des ânes, des chevaux, une autruche, un boeuf, des chèvres, des cochons, trois gentils chiens et deux oies maussades qui jouent les chiens de garde. On s'arrête ici pour acheter saucisses (coup de coeur pour celles au porto et champignons), terrines, côtelettes ou autres découpes d'agneau. Autre possibilité: la visite (très) animée de la ferme, avec présentation de ses colorés pensionnaires. La maison abrite aussi un gîte de quatre chambres.

1781, chemin du Troisième-Rang-du-Bic, Rimouski

lafautedesbiquettes.com