Les touristes qui avaient l'habitude de venir au Québec pour profiter des joies de la motoneige pourraient déserter les sentiers de la province en raison d'un projet-pilote du ministère des Transports. L'ambiguïté entourant ce projet sème l'inquiétude du côté des regroupements de motoneigistes.

« Des gens du Nouveau-Brunswick nous appellent pour savoir s'ils peuvent se faire rembourser la carte qu'ils ont payée pour avoir accès à nos sentiers, explique Marc Larouche, président de l'Association des motoneigistes du Québec (ADMDQ). Ils veulent aller ailleurs. »

Le problème ? Un projet-pilote mis en place le 1er janvier par le ministère des Transports du Québec qui interdit dorénavant l'utilisation de certains crampons, ceux communément appelés « vis à glace », lorsque vient le temps de traverser les voies publiques. Ces crampons endommageraient la chaussée. Les groupes de motoneigistes et les représentants de l'industrie touristique n'auraient pourtant jamais eu vent du projet avant son lancement. Or, ceux qui osent défier la règle sont passibles d'une amende allant de 60 $ à 300 $.

En raison des hauts cris des gens de l'industrie qui ont notamment fait circuler une pétition demandant la suspension du projet de loi, le ministre des Transports, Robert Poëti, est finalement sorti de son mutisme jeudi, affirmant n'avoir jamais eu « l'intention d'interdire les antidérapants pour les motoneiges ».

Selon le projet-pilote, les motoneiges peuvent en effet toujours être munies de crampons à clous insérés dans les chenilles. Mais les crampons de type « vis à glace », eux, seraient bel et bien interdits. Beaucoup de motoneigistes venus d'ailleurs ont installé ce genre de crampons, réputés plus sécuritaires parce qu'ils assurent une meilleure stabilité du véhicule, notamment quand les sentiers sont glacés.

Dans son communiqué, le ministre ne dit pas qu'il va revenir sur sa décision concernant les « vis à glace ». Voilà pourquoi, malgré l'intervention du ministre, l'ADMDQ reste préoccupée. « M. Poëti n'a pas précisé quel type de crampons il ne souhaite pas interdire et il n'a pas modifié le règlement », souligne M. Larouche.

Impact chez les hôteliers

La grande majorité des Américains et des Canadiens qui envahissent les pistes de motoneige de la Belle Province conduisent des véhicules cramponnés avec des vis à glace, ajoute M. Larouche. « Ce n'est pas intéressant pour eux de venir ici », ajoute-t-il. Résultat : ces touristes d'hiver risquent de bouder le Québec, privant l'industrie touristique de revenus importants, notamment pour les hôteliers et les restaurateurs.

« Il y a beaucoup d'hôteliers ici qui ciblent ce type de clientèle », souligne pour sa part Denis Brochu, directeur général de Tourisme Lanaudière, région reconnue pour ses sentiers de motoneige. Il ajoute du même souffle que cette activité hivernale engendre environ 940 millions en retombées directes pour le Québec. Un motoneigiste américain dépenserait ici en moyenne 421,37 $ par jour.

Il a toutefois été impossible de connaître le nombre de visiteurs étrangers qui circulent chaque année sur les pistes enneigées de la province.

L'industrie touristique souhaite discuter avec le Ministère afin d'obtenir une dérogation pour la saison en cours. De son côté, Robert Poëti assure que des précisions seront apportées sous peu au libellé du projet-pilote « pour éviter toute confusion ».