Plusieurs randonneurs l'ignorent. Le plus haut sommet du Québec - si on exclut les monts lointains du Nord- du-Québec ou de la Gaspésie - se cache au creux des Appalaches estriennes, presque à cheval sur la frontière américaine.

Le mont Gosford, qui culmine à 1193 m, éclipse toute comparaison possible avec les autres montagnes du sud du Québec. Aucun sommet de cette envergure ouvert aux randonneurs n'est aussi près de Montréal (à l'exception peut-être du mont Mégantic, situé tout près et coiffé d'un observatoire astronomique...). Et bien peu de montagnes offrent un panorama aussi impressionnant depuis leur sommet.

Pourtant, le mont Gosford reste encore peu fréquenté. Même par une belle journée, il peut arriver qu'on ne rencontre quasiment aucun marcheur - à deux ou quatre pattes - sur les sentiers.

Car, oui, les chiens sont les bienvenus ici. Ils sont même admis dans les chalets et les refuges offerts en location. C'est pourquoi Marianne et Béatrice Laroche ont décidé de randonner en compagnie de Filou, un golden retriever que la famille a recueilli il y a deux ans.

Depuis le pavillon Rose-Délima, lieu de départ de la randonnée, le sentier numéro 1 monte avec une belle régularité, sans qu'on ait l'impression de grimper un mur. Après trois kilomètres de sentier, la végétation change. La température aussi. Les arbres sont de plus en plus rabougris et le mercure chute de quelques degrés. Au sommet, le vent souffle sans discontinuer. Les oreilles du chien battent comme des hélices d'hélicoptère. Pour le lunch, il faudra s'abriter...

Mais auparavant, arrêt obligé à la tour d'observation qui coiffe le mont Gosford. D'ici, la vue à 360 degrés est saisissante. D'un côté, le lac Mégantic et le massif du mont Mégantic. De l'autre, les montagnes du Maine et du New Hampshire: Bigelow, Snow, Saddleback. Par temps clair, on peut même apercevoir le sommet du mont Washington. Autour, ce n'est que montagnes, à perte de vue...

Allonger le trajet

Le retour pourrait se faire par le même sentier, mais les jambes étant encore fraîches, le groupe opte pour un détour: une descente par le versant nord de la montagne, avec une finale le long de la rivière Arnold. La randonnée passera donc de 8,4 à près de 13 km.

Autre versant, autre qualité de sentier. De ce côté, le sol est boueux et les pieds s'enfoncent parfois jusqu'aux chevilles. Pour éviter les bourbiers, les randonneurs ont tracé tout un réseau de petits sentiers parallèles, qui se sont eux aussi transformés en sillons de boue. Certains passages sont périlleux. Les roches couvertes de mousse et les nombreux troncs en décomposition ralentissent la progression.

Alors qu'ailleurs pousseraient des passerelles, des ponts, des escaliers, on trouve ici la forêt dans son état le plus pur, à peine aménagée. Alfred Beaudin, gardien et assistant à la protection de la faune de la ZEC Louise-Gosford, explique: «Nous sommes une ZEC [zone écologique contrôlée], pas un parc national. Nous tenons à garder le mont Gosford le plus rustique, le plus sauvage possible. C'est ce que recherchent les randonneurs qui viennent ici.»

Le mont Gosford est en effet inclus dans le territoire de la ZEC, où se pratiquent la chasse et la pêche. Les sentiers sont donc fermés aux randonneurs pendant la période de la chasse à l'orignal, soit du 4 au 10 octobre et du 18 au 26 octobre, cette année. «Du 20 septembre au 26 novembre, la chasse au petit gibier et au cerf est aussi permise. On conseille donc aux randonneurs qui viennent marcher de porter un dossard ou un manteau fluorescent. S'ils n'en ont pas, on peut leur en fournir un à l'accueil», dit M. Beaudin.

Autrement, les sentiers appartiennent aux seuls randonneurs. Et à leurs compagnons canins.

Fiche descriptive

Distance: 13 km

Dénivelé: 543 m

Durée: 6 h

Niveau de difficulté: intermédiaire

Chiens admis: oui

Droits d'accès: 2,50 $ par personne, 9 $ par véhicule.

Accueil: 901, rang Tout-de-Joie, Saint-Augustin-de-Woburn

Services offerts: toilettes publiques, aire de pique-nique, point d'eau potable, vente de cartes et de boissons

RANDONNÉE CANINE: CONSEILS ET ACCESSOIRES

Tous les propriétaires de toutous le savent: un chien fatigué est un chien calme. Et heureux. Raison de plus pour l'emmener en randonnée, le faire marcher à satiété et lui permettre d'explorer de la truffe de nouveaux endroits où les odeurs abondent.

  1. Apporter l'essentiel

    Paul Goodship, copropriétaire de la boutique Pawse dans Pointe-Saint-Charles, ne partirait jamais en randonnée avec son chien Arrow sans ces trois articles: de l'eau, du chasse-moustiques et de l'antihistaminique en cas de réaction allergique (après une piqûre de guêpe, par exemple). «Je peux oublier le reste, mais pas ça, car mon chien pourrait souffrir.»

  2. Concocter ses remèdes

    Les moustiques peuvent rendre la randonnée infernale pour un chien, mais ce n'est pas pour autant une raison de l'asperger de produits toxiques, dit Zuzanna Kubica, spécialiste du comportement canin qui a multiplié les randonnées et les excursions de canot-camping avec son chien Zorro. «Il existe plusieurs recettes maison pour éloigner les moustiques, en particulier les mouches noires. La mienne: couper une gousse d'ail en deux et frotter, aux deux heures, les oreilles et le ventre du chien, là où le poil est moins épais.»

  3. Commencer mollo

    «Comme pour les humains, il faut y aller graduellement avec un chien qui commence la randonnée. On choisit des parcours pas trop exigeants, surtout si on a un jeune chien encore en croissance, car il faut protéger ses articulations. « Il faut aussi s'arrêter souvent, sans attendre que le chien le fasse de lui-même», dit Mme Kubica.

  4. Garder la laisse tout près

    Rares sont les sites de randonnée qui acceptent les chiens non tenus en laisse. Lorsque c'est le cas, il faut tout de même songer à la sécurité du chien. «Il vaut mieux le garder en laisse s'il y a des falaises, par exemple. Ou des porcs-épics.» Lorsqu'on croise des gens ou d'autres chiens, un rappel s'impose, ajoute la spécialiste en comportement canin. «Et lorsque la laisse est obligatoire, on garde le chien attaché. Il y a tellement peu d'endroits où on peut marcher avec un chien; il ne faut pas perdre ces rares privilèges.»

  5. Choisir la bonne laisse

    Si on laisse son chien attaché, il faut lui donner assez de latitude pour qu'il puisse explorer un peu le terrain et profiter de la nature. Selon le type de terrain (et le caractère du chien), Paul Goodship recommande une laisse d'au moins 1,8 m et de 3,6 m maximum.

  6. Laisser tomber le dressage

    Une randonnée, ce n'est pas du tout un bon moment pour apprendre quoi que ce soit de nouveau à son chien. Marcher au pied, par exemple. «Il y a trop d'odeurs pour qu'il soit concentré», dit Zuzanna Kubica. On garde ce travail pour la maison.

  7. Préparer le chien au sac à dos

    Si on souhaite qu'un chien porte un sac à dos en randonnée, il faut l'y habituer bien à l'avance, avec plusieurs petits essais à la maison. «On peut commencer par l'habituer à porter le sac vide puis ajouter un peu de poids, graduellement, en prenant soin de bien équilibrer les charges.» À savoir: un chien ne devrait jamais porter plus de 25 % de son poids. Et attention: les sacs à dos sont à proscrire pour les races de chien à dos long, comme les teckels, ou les chiots en croissance.

  8. Prévoir une lampe

    Parce qu'il arrive que les randonnées se prolongent au-delà du coucher du soleil, les humains doivent toujours partir en randonnée avec une lampe de poche. Et les chiens, avec une lumière bien attachée au collier. «C'est très pratique pour retrouver son chien à la noirceur», lance Paul Goodship.

  9. Respecter la routine

    C'est surtout vrai en camping, selon Mme Kubica. «Pour réconforter le chien, il faut respecter sa routine de nuit et, au minimum, prendre avec soi sa couverture ou son coussin, imprégné de l'odeur de la maison. Et on ne laisse pas le chien dehors pour la nuit. Ce sera trop stressant pour lui et il y a bien des dangers en camping. Les mouffettes, notamment.»

  10. Faire une inspection en règle

    Après la randonnée, il importe de vérifier minutieusement le pelage du chien pour s'assurer qu'il n'a pas été piqué par des tiques (pour les enlever correctement, il faut dévisser la tête des tiques, pour réduire les risques d'infection). On veille aussi à retirer les chardons et on vérifie que les pattes du chien n'ont pas été blessées par de petites roches ou des branches pointues. Et on assèche bien le pelage et les oreilles s'il y a eu baignade.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE