Le Québec compte 58 auberges de jeunesse. Petites ou grandes, au coeur des villes ou en plein bois, elles sont toutes fort différentes et changent avec le temps et la clientèle, mais restent d'abord des lieux de rencontres.

Situé à un jet de pierre de la gare de train de Charny, l'hôtel Central a été pendant des décennies le lieu de rendez-vous des travailleurs de l'industrie ferroviaire, qui venaient y prendre un verre après leur quart de travail. Lentement tombé en décrépitude, l'immeuble était devenu un lieu à ne pas fréquenter, qui n'avait d'hôtel que le nom.

André Champagne et sa conjointe Louise Ferland cherchaient depuis quelques semaines la «place parfaite» pour abriter leur nouveau projet: une auberge de jeunesse.

C'est en revenant d'un voyage en Équateur que le couple, qui frôle la cinquantaine, a eu l'idée d'ouvrir ici une auberge de jeunesse. Au fil de leurs voyages, tous deux ont fréquenté ce type d'établissement et ont trouvé l'expérience «tripante».

Ils revenaient d'une balade en voiture quand ils sont passés par hasard devant l'hôtel à vendre, sur la rive sud de Québec.

«Je ne suis pas un illuminé, mais j'ai eu une vision», dit André Champagne. Dans cet immeuble, «presque devenu une piquerie», leur rêve allait se concrétiser.

Depuis la mi-août, ce sont eux qui reçoivent les visiteurs dans leur «Auberge à Loulou».

Une nouvelle clientèle

Le portrait des auberges de jeunesse est vaste. Au Québec seulement, on en compte 58, dont 12 affiliées au réseau mondial Hostelling International.

Ces établissements ont beaucoup changé au cours des dernières années. Il suffit de les avoir fréquentées il y a une quinzaine d'années pour constater que tout comme l'industrie hôtelière traditionnelle, les auberges de jeunesse ont dû s'adapter à leur clientèle.

En plus de leur guide Lonely Planet, les voyageurs débarquent de plus en plus avec leur iPad. Pas étonnant, donc, que l'accès gratuit à l'internet sans fil soit implanté presque partout dans les auberges.

De même, les grands dortoirs font de plus en plus place aux chambres privées. Au cours des 20 dernières années, la proportion de chambres privées dans les auberges de jeunesse du réseau Hostelling International est en effet passée de 7% à 23% de toutes les chambres offertes. «Les attentes quant à la vie privée sont différentes, explique Joël Marier, directeur général pour Hostelling International au Canada. La taille des chambres partagées est beaucoup plus petite qu'avant, de quatre à six lits en moyenne.»

Voir du monde

Les chambres privées ont beau avoir la cote, la présence d'espaces communs demeure un incontournable de la vie en auberge. Sur la rive sud de Québec, la nouvelle auberge d'André Champagne et de Louise Ferland s'ouvre sur une grande salle commune.

«C'est l'endroit où il faut être pour être dans l'ambiance», explique André Champagne.

L'ambiance est d'ailleurs la raison pour laquelle sa conjointe et lui ont opté pour des auberges lors de leurs récents voyages. «C'est tellement mieux que d'aller s'enfermer dans une chambre d'hôtel», dit André Champagne.

Vie de groupe

Une vision que partage Martine Lepire, 40 ans, qui fréquente les auberges de jeunesse lorsqu'elle voyage. «Au lieu de m'enfermer dans une chambre d'hôtel toute seule le soir, je peux partager avec quelqu'un ce que j'ai vu et avoir des trucs sur le pays où je me trouve. Je suis déjà partie pendant un mois; s'il avait fallu que je dorme toute seule dans ma chambre, j'aurais viré folle!»

Hostelling International se veut rassurant: les auberges de jeunesse n'ont pas l'ambition de devenir des chambres d'hôtel.

«Les gens ne cherchent pas seulement une place pas chère pour coucher! Ils veulent rencontrer des gens, c'est LA motivation pour utiliser le réseau des auberges. Ils veulent aussi en apprendre sur la région visitée. Ils s'attendent à ce que les activités organisées par l'auberge facilitent cette expérience», Joël Marier.

Lise Bourdeau, 66 ans, fréquente depuis une trentaine d'années les auberges de jeunesse lorsqu'elle voyage.

«La raison principale, c'est le coût. Je n'ai pas toujours le goût de parler avec les gens, dit-elle. Même en chambre privée, les prix demeurent compétitifs. Dans un hôtel, ce n'est jamais en bas de 100$.»

Bien qu'elle ait passé le cap de la soixantaine, le terme «jeunesse» associé à cette catégorie d'hébergement ne la gêne pas. Elle tire même des avantages de son âge! «Les jeunes sont très respectueux! Si, dans un dortoir, on m'a assigné un lit situé en haut, les gens qui dorment avec moi vont souvent m'offrir le lit du bas», raconte-t-elle.

58: nombre d'auberges de jeunesse au Québec

Régions du Québec comptant le plus grand nombre d'auberges :

- Montréal (13)

- Gaspésie (12)

- Québec (6)

27 ans: âge moyen des gens qui fréquentent les auberges de jeunesse du réseau Hostelling International au Canada

124 600: nuitées passées dans les auberges québécoises du réseau Hostelling International l'an dernier. Une nuit sur cinq y a été passée par un Québécois.