Si le mois d'août tire à sa fin, cela ne veut pas dire que tous les plaisirs de l'été disparaissent. Jusqu'à tard dans la saison, il est agréable de naviguer en kayak sur les plans d'eau. Lac, fleuve, golfe, voici trois expériences automnales à vivre au fil de l'eau.

Lac Taureau

Qui pourrait croire que le lac Taureau recèle de trésors naturels insolites comme une île flottante et des plantes carnivores ? Même la plupart des plaisanciers les plus habitués l'ignorent.

Ce sont quelques-uns des secrets que nous dévoile Yves St-Amour, guide de kayak passionné par l'histoire et la biodiversité des plans d'eau de Lanaudière. Sa compagnie, Nerrivik Aventures, est la seule à proposer des sorties d'interprétation dans le parc régional du Lac Taureau, paradis nautique pour les kayakistes. Au départ de la pointe Fine, l'exploration débute dans la baie Ignace, très longtemps exploitée par les draveurs et les compagnies forestières. Après seulement 10 minutes au rythme des pagaies, le lac prend des allures de mer intérieure. On se dirige vers le nord du réservoir en direction de l'île du Village et de l'île de France. Au milieu de la baie, des îlots de verdure passent inaperçus avant que l'on comprenne qu'ils reposent en réalité sur un amoncellement de racines. Ces îles, qui n'en sont pas vraiment, sont constituées de terre, de mousses et de petits arbustes qui flottent littéralement sur l'eau ! Et lorsque l'on pagaie pour s'approcher de plus près, le guide nous dévoile, entremêlée dans les racines, une plante carnivore qui emprisonne les insectes dans ses feuilles empoisonnées.

Cette sortie guidée est une belle expérience de kayak et d'interprétation des lieux qui nous entourent. Rares sont les excursions d'une telle qualité et diversité. La pause du midi se fait sur une belle plage de sable, déserte malgré l'affluence dans les autres secteurs du lac. Le retour à la case départ en après-midi s'avère plus coriace que la promenade de santé de la matinée puisque le vent nous est défavorable. C'est donc à contre-courant de vagues assez impressionnantes que nous progressons mètre par mètre. Nous mettons finalement pied à terre après une bonne vingtaine de kilomètres à sillonner le lac Taureau. Une sortie originale et sportive.

Info: parcsregionaux.org et www.nerrivikaventures.com

Parc national du Bic

Le Saint-Laurent est magnifique depuis les falaises du parc national du Bic. Mais il est encore plus sublime d'admirer ces mêmes falaises depuis le fleuve ! Peuplé d'un archipel de petites et de grandes îles coniques, le Havre du Bic est un superbe lieu de mise à l'eau pour une randonnée en kayak. La compagnie Aventures Archipel, en partenariat avec la SEPAQ, propose des sorties de quelques heures dans les eaux bleu-vert du Bas-Saint-Laurent.

À contre-courant des vagues, on dépasse l'île du massacre, tragiquement connue pour la destruction d'un village amérindien par une autre tribu il y a 300 ans. L'intérêt de cette sortie est avant tout l'observation à partir des kayaks de la faune marine et ailée de la région. Avec sa diversité de baies, de caps et d'anses, le parc du Bic est un refuge hors pair pour les oiseaux marins, mais aussi les phoques communs. Dépendant de leur humeur du jour et surtout de la météo, ces animaux réputés pour être très joueurs s'approchent (ou pas) des groupes de randonneurs sur l'eau.

À coup sûr, on les voit au moins de loin se prélasser sur les rivages. Le site de cette anse tranquille est idéal pour la pratique du kayak, car elle est protégée de la fureur du vent qui balaye le Saint-Laurent. Déjà, à l'époque de Samuel de Champlain, le Bic servait de refuge aux navires qui y jetaient l'ancre en cas de tempête. Au fil de l'eau, on contourne nombre d'îles et d'îlots témoins du passage des grands navigateurs ou, plus tard, des contrebandiers d'alcool. Poser pied à terre devant le chalet Lyman, le temps d'une halte repas, permet de terminer l'excursion en beauté, les pieds dans l'eau ou dans le sable...

Info: www.sepaq.com/pq/bic et www.aventuresarchipel.com

Vieux-Port de Montréal

Difficile d'imaginer se retrouver un jour à contempler l'animation des quais du vieux Montréal depuis la surface de l'eau, au beau milieu du Saint-Laurent.

Après quelques coups de pagaie, on s'enfonce dans les eaux du port pour se retrouver au pied de ses cargos, mastodontes d'acier ayant jeté à l'eau une ancre deux fois plus grosse que notre frêle embarcation. Tous les paysages prennent une dimension totalement différente lorsque l'on entreprend de naviguer autour de l'île de Montréal. La Route Bleue, inaugurée l'an dernier dans son intégralité, réserve parmi ses tronçons les plus spectaculaires de beaux moments de découverte.

La compagnie montréalaise Enviro-Kayak y propose des sorties de nuit, à la journée et sur plusieurs jours aux randonneurs nautiques. Entre campagne et gratte-ciel, le choix est large pour trouver l'expérience qui convient, selon celle du participant et le site de mise à l'eau souhaitée. Pour une excursion au sud de l'île, le départ est à Verdun, pour ensuite contourner la champêtre île des Soeurs. Passage sous les ponts Champlain et Victoria pour arriver à la vague stationnaire devant Habitat 67.

Le pique-nique se déguste tranquillement sur la pelouse, en face du spa Bota Bota. Puis, on navigue en contrebas du quai de l'Horloge où les badauds nous regardent passer avec envie. Un détour par la marina puis ce sont les derniers kilomètres, mais non les moindres, vers le quartier industriel du port commercial et en face des îles de Boucherville, au milieu du fleuve. Un superbe périple de 23 km à bout de bras.

Cette excursion est réservée aux bons pagayeurs, car certains segments, à la hauteur du courant Sainte-Marie par exemple, demandent de bonnes connaissances de la navigation en kayak. L'accompagnement par un guide est vivement recommandé pour profiter pleinement de ce dépaysement urbain autour de l'île de Montréal.

Info: www.routebleue.com ou www.envirokayak.com