Profitant d'une superbe vallée glaciaire, de magnifiques montagnes et d'un front de mer spectaculaire, la municipalité gaspésienne de Mont-Saint-Pierre veut se revitaliser en devenant une destination touristique haut de gamme quatre saisons. Le plan: intégrer ce village de 220 habitants au parc national de la Gaspésie, ce qui en ferait le premier village-parc du Québec.

Cet ambitieux projet de 40 millions, qui mijote depuis quelques années, a récemment franchi une nouvelle étape. Deux personnes ont été embauchées à la Corporation du tourisme de Mont-Saint-Pierre avec comme mission de le mettre en oeuvre. L'heure est donc venue de passer de la théorie à la pratique.

Selon Magella Émond, coordonnateur du projet, l'agrandissement du parc national de la Gaspésie vers la mer constitue la pierre angulaire du plan de relance. «Notre objectif est d'intégrer plusieurs îlots de territoire de la vallée de Mont-Saint-Pierre, ceux qui contiennent des caractéristiques environnementales intéressantes, au parc de la Gaspésie. La balance du territoire sera englobée dans un parc régional ou municipal, afin de permettre aux villageois de continuer leurs activités, comme la chasse et la balade en VTT», dit M. Émond.

L'addition de sentiers de randonnée dans l'arrière-pays, la mise en valeur et l'édification d'un abri ultramoderne (avec salle de conférence, casse-croûte, tour d'observation et centre d'interprétation) au sommet du mont Saint-Pierre, le réaménagement du front de mer, la construction d'un petit havre de plaisance (l'ancien a été emporté par la mer il y a plusieurs années) et la revitalisation des maisons font partie des éléments du plan.

Mais ce n'est pas tout. Le village-parc prévoit l'érection d'un complexe hôtelier quatre étoiles de 100 chambres et plus, comprenant de luxueux chalets, en contrebas du mont Saint-Pierre. «À partir de cet endroit, des percées visuelles spectaculaires s'ouvrent sur la vallée, la mer et les montagnes. Les couchers de soleil qu'on peut y admirer sont grandioses», soutient M. Émond.

Le défi, maintenant: convaincre des investisseurs de participer au projet. Selon Jean-Sébastien Cloutier, maire de Mont-Saint-Pierre depuis 2006, quelques entreprises ont déjà manifesté de l'intérêt. «Nos études de faisabilité démontrent que cet hôtel pourrait être rentable», affirme le maire. «Je crois que ça pourrait intéresser une chaîne hôtelière bien établie qui veut diversifier son offre», ajoute M. Émond.

Mais, pour le moment, on est très loin de la destination haut de gamme. Les cinq motels de Mont-Saint-Pierre nécessitent une cure de jouvence. Le maire l'avoue: ils ne répondent plus aux normes d'aujourd'hui. C'est pour cette raison que le projet de village-parc envisage des travaux de mises à niveau.

Panoplie d'activités

Mont-Saint-Pierre, destination quatre saisons? Oui, c'est possible. Ski hors-piste à la Vallée Taconique, station de ski récente qui compte maintenant trois versants accessibles en chenillette, motoneige en montagne, ski de fond, raquette (100 km de sentiers déjà terminés) et escalade de glace (une douzaine de parois accessibles) font partie des activités hivernales.

À cette liste, un nouvel attrait pourrait s'ajouter: l'observation des blanchons, activité jusque-là réservée aux Îles-de-la-Madeleine. «Pour la première fois, on en a vu l'an dernier, sur la plage de Mont-Saint-Pierre», raconte M. Cloutier. Un phénomène qui pourrait se répéter en raison des changements climatiques.

Pendant la saison estivale, le vol libre, la randonnée pédestre (dont l'ascension du mont Jacques-Cartier), les safaris nature en VTT, la navigation de plaisance, la pêche et le kayak de mer font partie des activités à découvrir.

Le village-parc prévoit également redémarrer l'agriculture dans la vallée, comme autrefois, et faire de la place à du «gigart», des fresques végétales monumentales. L'échéancier: on prévoit achever toutes les phases du projet d'ici cinq ans. Chose certaine, Mont-Saint-Pierre ne veut plus être une simple étape dans le tour de la Gaspésie, mais une destination en soi.