La Jordanie s'apprête à recevoir avec faste le pape Benoît XVI, dont la venue constitue une «manne venue du ciel» susceptible de sauver une saison touristique affectée par la crise économique mondiale.

«Dix mille touristes et pèlerins, en particulier de Syrie et du Liban, sont attendus en Jordanie lors du pèlerinage du pape», explique le porte-parole de l'église catholique de Jordanie, Refaat Badr.La ministre du Tourisme Maha Khatib s'attend pour sa part à un «taux d'occupation des hôtels de la capitale de 100 % grâce» à la venue de Benoît XVI, du 8 au 11 mai, à l'occasion de la première étape de son voyage en Terre Sainte.

La Jordanie, où le tourisme représente 14% du produit national brut, compte plus de 500 hôtels représentant 21 000 chambres.

En 2008, plus de trois millions de touristes ont visité le royaume et les revenus du tourisme se sont élevés à 3 milliards de dollars mais l'année 2009 se présente sous de plus sombres auspices.

Si le ministère du Tourisme affirme ne pas avoir de chiffres pour les premiers mois de 2009, l'Association des hôtels de Jordanie assure que le secteur a pris des coups en raison de la crise économique mondiale.

«Les réservations ont reculé de 40% au cours des cinq derniers mois», dit un hôtelier d'Amman. «C'était presque inespéré, dans cette ambiance morose de crise économique, le pape est venu sauver la situation. Sa visite encouragera les touristes religieux à venir en Jordanie. Une vraie manne venue du ciel... ou du Vatican», se réjouit-il.

Le ministre de l'Information Nabil Sharif espère aussi que la visite papale «permettra de développer le tourisme religieux en Jordanie».

Même son de cloche chez la ministre du Tourisme, qui relève que le tourisme religieux est en essor.

«Le site du baptême a été visité par 10 000 touristes en l'an 2000, ce chiffre est passé à 250 000 en 2008», déclare Mme Khatib à l'AFP. «Nous oeuvrons pour que la visite du pape constitue un investissement pour le tourisme religieux en fonction des sites que visitera le pape», poursuit-elle.

Benoît XVI se rendra dans la basilique du Mont Nébo, où, selon la Bible, Dieu a montré la terre promise à Moïse et dans le «site du baptême» à Wadi Kharrar, la Béthanie biblique où le cousin de Jésus, Jean Le Baptiste, a vécu et baptisé les premiers chrétiens.

Ces deux sites constituent une destination privilégiée pour les touristes chrétiens. A Wadi Kharrar, de grands bassins baptismaux ont été mis au jour et plusieurs églises, catholiques et orthodoxes, sont en construction. Le pape y posera d'ailleurs la première pierre d'une église gréco-melkite.

Des agences de voyage interrogées par l'AFP affirment avoir reçu des demandes de réservations pour les mois à venir, toutes motivées par la visite papale.

En outre, près de 600 journalistes sont attendus en Jordanie pour couvrir la visite papale, selon les autorités.

Mais la Jordanie, pays musulman où moins de 4% de la population (5,8 millions d'habitants) sont chrétiens, est également intéressée par la possibilité d'offrir une image de modération et de tolérance.

«La Jordanie est un exemple de coexistence et de tolérance et la visite du pape en est la preuve», assure le ministre de l'Information.

Pourtant la venue du pape Benoît XVI a suscité des grincements de dents à Amman où les islamistes n'ont pas oublié des «propos contre l'islam» tenus en 2006 par le souverain pontife et exigent de nouvelles excuses.