Connue pour ses palaces parmi les plus chers du monde et son déficit d'hôtels à prix abordables, Moscou a mis le cap sur les auberges de jeunesse en plein boom, attirant une nouvelle clientèle qui peut se loger au coeur de la capitale russe pour environ 15 euros la nuit.

«C'est très bien situé et c'est pas cher, aussi», déclare à l'AFP une étudiante mexicaine de 22 ans, Carolina Felton, résumant son choix de loger dans une auberge de jeunesse, où elle partage salle de bain et toilettes et dort dans une chambre mixte à plusieurs.

«Un hôtel, c'est bien au-dessus de mes moyens», renchérit l'étudiant britannique Mike Loader, surtout à Moscou, qui est une ville «haut de gamme et chère», ajoute-t-il.

L'auberge qu'ils ont choisie est située près de la rue piétonne Arbat, en plein centre, dans un des quartiers les plus chics de la capitale. Elle peut accueillir une trentaine de personnes dans des dortoirs comptant jusqu'à douze places, à partir de 550 roubles la nuit (14 euros).

Son propriétaire, Daniil Michine, est, à 18 ans, l'un des pionniers dans la construction d'auberges à Moscou.

Aujourd'hui, il possède six établissements, dont deux dans la capitale. Mais le jeune homme compte bien continuer à surfer sur la vague du succès des auberges en Russie. Il a inauguré début août un nouvel établissement dans la capitale.

La plus grande auberge de Moscou, avec 153 lits, doit ouvrir ses portes d'ici à la fin de l'année dans l'une des rues les plus huppées de la ville.

«Tout a changé, le marché est devenu fou»

En six ans, depuis l'apparition des premières auberges, la capitale a vu une hausse fulgurante de ce type de logement. La ville compte désormais 57 auberges, selon le Comité du tourisme de la capitale, dont 14 qui ont ouvert en 2010.

«Ces dernières années, tout a changé, le marché est devenu fou», constate M. Michine.

Il y a un an, la clientèle se résumait en deux mots: «Jeune et étranger», dit-il. Aujourd'hui, son auberge accueille «des gens de différents âges, de différentes professions, de cercles complètement différents», et même des Russes, souligne-t-il.

«Ça fait à peu près un an que les Russes ont commencé à venir dans les auberges. Avant, personne ne savait ce que c'était, mais depuis un an, les Russes ont commencé à comprendre ce que c'est très confortable, qu'ils sont dans le centre, payent 500 roubles et vivent dans de bonnes conditions», explique-t-il.

Et la municipalité de Moscou compte bien profiter de cet essor dans une ville où les chambres d'hôtel comptent parmi les plus chers au monde, en moyenne 149 euros la nuit en 2010, selon le HPI (Hotel Price Index), un indice des prix d'hôtels réalisé dans les principales destinations du monde.

Les auberges vont permettre de renforcer le tourisme «surtout en ce qui concerne le tourisme individuel», souvent des jeunes et des étudiants, estime Gourgen Mkrttchian, du Comité du tourisme.

Mais les auberges ne sont encore qu'au «début de leur développement», car elles ne permettent de loger qu'un nombre restreint de personnes (environ 2600 lits), dit-il.

«Déficit des hôtels bon marché»

Par ailleurs, malgré le développement des auberges, l'offre dans le centre de Moscou reste très limitée, avec une large prépondérance des hôtels quatre ou cinq étoiles.

«Il y a un déficit des hôtels bon marché», lié notamment au prix du terrain, explique Anton Melnikov du cabinet spécialisé dans l'immobilier Knight Frank.

«Il va y avoir un développement, mais pas dans le centre (...). Les touristes vont devoir s'installer à la périphérie, prendre le métro, et aller dans le centre», ajoute-t-il.

«À Amsterdam, à Bruxelles, à Londres, on peut toujours trouver un hôtel bon marché au centre-ville (...), mais à Moscou, vous ne trouverez pas ça», conclut-il.