68 000 habitants environ et autant de moutons: l'île d'Anglesey, bout de landes perdu dans l'extrême nord du pays de Galles, rêve de renommée internationale depuis qu'elle a été choisie comme nid d'amour par le prince William et Kate Middleton.

L'île n'avait jusqu'à présent à offrir aux touristes que ses bruyères sauvages battues par le vent glacial de la mer d'Irlande, ses 200 km de côtes ciselées et... le nom de village le plus long du Royaume-Uni: «LLanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch».

Mais une gloire subite a frappé «Ynis Môn» (son nom en gallois): l'île a été choisie par le prince William et Kate Middleton comme leur première résidence, après leur mariage le 29 avril.

Le prince, pilote de sauvetage en mer, est affecté sur une base de la Royal Air Force (RAF) de l'île depuis l'automne 2010, apportant sans son sillage un flot de journalistes et de touristes.

«C'est la folie»: David Robertson, propriétaire du Ye Olde Bulls Head Inn, à Beaumaris, ne compte plus les reporters qu'il a vu défiler dans son pub-hôtel, situé à l'entrée de l'île. «CNN, NBC, ABC, les Japonais, les Australiens...», énumère-t-il.

«Tous les regards sont tournés vers nous», confirme à l'AFP Jane Blakey, présidente de l'Anglesey Tourism Association (ATA). La venue du prince a fait bondir le nombre de touristes «de plus de 20%», évalue-t-elle.

James Stevenson, responsable d'Adventure Elements, spécialisé dans les sorties en kayaks de mer, a vu quant à lui le nombre de visites sur son site web bondir «de 30%». «Ca nous a mis sur la carte du tourisme mondial», se réjouit-il.

«Nous sommes maintenant une île royale», exulte Selwyn Williams, président du conseil local d'Anglesey, qui compte sur un coup de fouet pour le secteur touristique, «deuxième employeur de l'île».

Le juteux filon suscite les appétits et les discussions vont bon train autour d'une supposée «excursion royale» qui conduirait les hordes de Japonais, Australiens et autres Européens sur les sites que le couple est censé fréquenter. «C'est une bonne idée», estime Selwyn Williams.

Tout le monde n'est pas du même avis. «On n'exploite pas les gens, ici», répond Jane Blakey. «La venue du prince est un cadeau pour l'île.

On le lui rend en respectant sa vie privée».

Le prince William ne peut pas en être plus satisfait: «On nous laisse tranquilles. C'est bien», s'est-il félicité vendredi, avant d'accueillir sa grand-mère, la reine Elizabeth II, sur la base de la RAF de Valley.

La loi du silence semble en effet largement prévaloir sur l'île. «Pas de commentaire», répond ainsi Adrienne Owen, gérante du «White Eagle», quand on lui demande de confirmer que son pub compte William et Kate parmi ses habitués.

On est tout aussi peu disert dans le village du sud-est non loin de l'endroit où le prince William loue un «cottage» en bord de mer. «Je sais où il vit, mais je ne vous le dirai pas», répond une passante.

Sur le parcours des dizaines de journalistes qui se succèdent dans la traque du prince William, figure également la roulotte «The Flaming Grill», installée sur un stationnement à deux pas de la base du prince William. «Il est venu il y a un an», affirme fièrement la propriétaire Alison Williams, transpirant entre des grills à panini et des bacs d'eau chaude remplis de saucisses à hot dog.

Au sortir d'un de ses entraînements sur la base, le pilote princier «a pris une assiette d'oeufs et de jambon» à 2,20 livres, se souvient-elle, avant de couper court à la conversation, disant «en avoir assez des journalistes». «Je ne l'ai pas reconnu de toute façon», lâche-t-elle. «Je n'ai réalisé qu'après».