Le frisson norvégien ne se limite pas au froid. Dans ce pays plus sombre qu'on ne pense, plusieurs endroits peuvent aussi donner la chair de poule. Visites à glacer le sang...

Vous tripez Halloween? La Norvège pourrait devenir votre destination fétiche. Dans ce pays scandinave, où le folklore est encore bien vivant, les revenants se cachent à tous les coins de rue et pas seulement le soir du 31 octobre. Le monde des ténèbres fait tellement partie de la culture que le ministère du Tourisme norvégien en fait carrément la promotion sur son site web, avec des suggestions d'itinéraires paranormaux!

Fantômes à Oslo

À Oslo, ville historique, sont proposées depuis 12 ans des «marches fantômes» où l'on visite des lieux hantés. Pour 150 couronnes (25$ - 10 pour les enfants), votre guide Kristin Amundsen vous mènera près de la forteresse Akershus, un bâtiment vieux de 700 ans où rôderaient pas moins de 15 esprits, le plus célèbre étant celui du chien noir Macalisten, aperçu à quelques reprises par les visiteurs.

Près de la cathédrale, au centre-ville, se trouve un restaurant au nom imprononçable (Stortorvet Jestgiveri) dans une ancienne maison de chambres où l'on assiste aussi à des phénomènes inexpliqués. Idem pour le First Hotel Grims Grenka, qui accueille d'étranges visiteurs. «Les ordinateurs s'éteignent et se rallument tout seuls, je n'ose même plus y entrer, explique Kristin. Je crois que ce bâtiment a été construit sur une ancienne fosse commune.»

Nous sommes allés vérifier. La réceptionniste n'a pas semblé surprise quand on lui dit que les lieux étaient hantés. «Il paraît qu'un bourreau a déjà vécu ici, c'est ce qu'on m'a dit.»

Et les ordinateurs? Z'avez remarqué quelque chose de bizarre? «Oui, en effet, maintenant que vous le dites...»

Marches fantômes: spøkelsesvandring.no/en

First Hotel Grims Grenka: www.firsthotels.no/Vare-Hotell/Hotell-i-Norge/Oslo/First-Hotel-GrimsGrenka/

Stortorvet Gjaestgiveri: www.stortorvets-gjestgiveri.no/en

Black métal à Bergen

Aller au fond de la Norvège ténébreuse, c'est aussi se rendre à Bergen, sur la côte Ouest. Il pleut ici 265 jours par année, dit-on, et le reste du temps, il neige. Pas étonnant que cette ancienne ville médiévale, où fut brûlée une sorcière célèbre (Ann Pedersdotter), soit le repaire du black métal norvégien, un mouvement musical qui a fait parler de lui pour les mauvaises raisons.

Au début des années 90, Varg Vikernes, du groupe satanique Burzum, avait assassiné le chanteur du groupe rival Mayhem, avant de brûler l'église de bois de Fantoft (banlieue de Bergen), un bâtiment médiéval aux formes sinistres évoquant le diable plutôt que le Christ.

L'église fut reconstruite à l'identique et bien qu'elle soit fermée pendant l'hiver, on peut en admirer les contours angoissants, moyennant un voyage en tramway d'une quinzaine de minutes en dehors de la ville. À ce qu'on dit, gothiques et métalleux du monde entier s'y rendent régulièrement en pèlerinage, après avoir assisté au festival black metal Inferno, qui se tient chaque printemps à Oslo. Le matin de notre visite, il n'y avait pas âme qui vive dans les bois environnants. Ce qui rendait l'expérience encore plus troublante.

Festival Inferno: www.infernofestival.net

Église de Fantoft: fantoftstavkirke.com

Le cri retentissant de Munch

Moins terrifiants sont les nombreux trolls et créatures des bois qui habitent les forêts surplombant Bergen. Héritage en ligne droite du folklore scandinave, ces monstres fantasmagoriques sont désormais surtout bien en vue dans les boutiques pour touristes.

Mais on ne peut pas en dire autant de la Huldra (femme mangeuse d'hommes) et autres monstres du lac (Konnen) qui continuent de hanter l'imaginaire norvégien.

Pour bien connaître ces créatures mystérieuses, une visite s'impose au Musée national d'Oslo. Une pièce sombre y a été consacrée à Théodor Kittelsen (1857-1914), peintre du magique et de l'étrange, dont plusieurs tableaux font référence aux légendes norvégiennes. Parmi celles-ci, l'oeuvre Konnen, créature du marais, datant du début du siècle, laisse une tenace impression de malaise, voire de danger.

Impossible par ailleurs de ne pas mentionner Edvard Munch (prononcez «Munk») dont le célèbre tableau Le cri est exposé en permanence au Musée national et au musée Munch. Témoin de l'angoisse absolue, cette oeuvre existe en quatre exemplaires. Trois se trouvent en Norvège. On ne connaît pas le propriétaire du quatrième...

Musée national d'Oslo: www.nasjonalmuseet.no/en/

Musée Munch: www.munchmuseet.no

Pas de visite en enfer...

Le temps a manqué pour voir Geiranger et son hôtel Union Øye, dont la fameuse chambre bleue abriterait le fantôme d'une femme noyée, que plusieurs locataires disent avoir entendu pendant la nuit. Ou encore Trondheim, pour sa cathédrale pleine de gargouilles. On aurait aussi aimé voir Hell, dont le nom veut dire «enfer» en anglais. Mais on a changé d'idée avant de se transformer en citrouille.

«Pas étonnant que la Norvège ait une grosse part sombre. Il y a des endroits ici où il fait noir la moitié de l'année, conclut Ian Ilseng, du Musée folk d'Oslo, qui organise chaque année une nuit au musée sur le thème de la Huldra. Ce n'est pas une mauvaise chose. Nous avons notre propre réponse à l'Halloween.»

Hotel Union Oye: www.unionoye.no

«Spooky Norway», par le ministère du Tourisme: www.visitnorway.com/uk/what-to-do/spooky-norway/