Températures douces, neige éparse: une fois de plus, les canons à neige vont sauver le Noël des skieurs dans les stations alpines. Comme à L'Alpe d'Huez en Isère, où il ne fait pas bon sortir des pistes.

À quelques jours des fêtes de fin d'année, la station prisée par les Néerlandais et les Britanniques affiche un visage printanier: quelques langues de neige artificielle et de grandes étendues de prairies inégalement blanchies.

«La neige n'est à l'évidence pas aussi bonne qu'elle pourrait l'être. Mais on peut quand même passer un bon moment en montant en altitude», sourit Lisa Harvey, vacancière anglaise qui a un chalet dans la région. «On n'a pas de neige en Angleterre, c'est déjà mieux ici», abonde Oliver Wyles, un surfer venu de Blackpool.

Une trentaine de pistes (sur 130) étaient skiables à L'Alpe d'Huez mi-décembre et accessibles grâce à un tarif légèrement réduit. La moitié du domaine, qui culmine à 3300 mètres d'altitude, devait ouvrir pour les vacances de Noël, au prix d'un travail intensif du service des pistes pour produire et damer la neige.

«La neige de culture sauve le début de la saison», reconnaît Christian Reverbel, directeur des pistes. Mais «il est fortement déconseillé de skier hors piste» où les rochers sont apparents, met en garde François Badjily, directeur de l'office du tourisme.

La situation est similaire dans le reste des Alpes, où l'enneigement naturel est «faible» à «extrêmement faible» pour la saison, selon Météo France. Le déficit de neige atteint même 80% dans les Alpes du Sud, où plusieurs stations ont dû reporter l'ouverture de leurs pistes.

«Ça ne préjuge pas du reste »

Celles de moyenne montagne sont d'ailleurs condamnées à les garder fermées en ce début de vacances, à l'image de Saint-Pierre-de-Chartreuse, en Isère. La station ne dispose pas de canons à neige et la production de neige artificielle est de toute façon impossible à basse altitude en raison de la douceur des températures.

« Ça peut changer assez vite à cette période de l'année, ça ne préjuge pas du reste de l'hiver », nuance Cécile Coléou, ingénieure chez Météo France.

Cette météo défavorable s'ajoute à une baisse des réservations de l'ordre de 15% par rapport à l'an dernier pour les vacances de Noël, selon l'Observatoire des stations de montagne. Les taux d'occupation prévisionnels fluctuent ainsi de 44 à 52% pour la semaine de Noël et de 63 à 81% pour celle du Nouvel An. L'an dernier, ils dépassaient 70% sur la période.

« Il y a un phénomène de morosité globale dans le tourisme depuis les attentats du 13 novembre », remarque Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France (DSF). « Au contraire, les gens ont plutôt envie de fuir les grandes villes et de penser à autre chose (que les attentats, NDLR). C'est plutôt positif pour la montagne française, malheureusement », estime M. Badjily.

Le directeur de l'office du tourisme fait état de bonnes réservations pour le reste de la saison à L'Alpe d'Huez, qui compte pas moins de 32 000 lits touristiques. Une tendance observée aussi dans les autres stations, où le « niveau de réservation est encourageant pour l'ensemble de la saison », selon le délégué général de DSF.

Mais tout dépendra des éventuelles chutes de neige. « On guette chaque prévision », assure Pierre Lestas, directeur des remontées mécaniques de La Clusaz (Haute-Savoie), qui décrit une « situation extrêmement frustrante » où il neige partout dans le monde, sauf dans les Alpes.

L'an dernier, les stations françaises avaient enregistré 53,9 millions de journées-skieurs, soit 2,7% de moins que durant l'hiver précédent. La France était néanmoins redevenue la première destination mondiale pour le ski, devant les États-Unis et l'Autriche.