Avec déjà quelque 400 000 adeptes en Europe, notamment en Autriche, en Allemagne et aux Pays-Bas, le vélo électrique à louer débarque sur les pistes françaises avec le premier réseau de location et de recharge, en Alsace.

«Je ne pensais pas être capable de monter des côtes comme celles-là» s'étonne encore Bruno Mirgon après 20 kilomètres de montée dans la Vallée de la Bruche, aux confins des Vosges et de l'Alsace.

«Je n'avais pas fait de vélo depuis 15 ans et la seule raison qui m'a poussé à remonter sur une selle, c'est l'assistance électrique! J'ai 58 ans et à mon âge, je préfère me fatiguer autour d'une bonne table plutôt que sur un vélo», avoue ce sportif du dimanche, originaire de la région parisienne.

Avec une allure de pointe à 25 km/h pour une puissance de 250 Watt et trois vitesses, les vélos à assistance électrique (VAE) sont équipés d'un moteur électrique, de batteries rechargeables, ainsi que de capteurs placés sur les pédales afin de mesurer l'intensité de l'effort produit et amplifier le mouvement du pédalier.

«Ça reste un effort physique : si on ne pédale pas, il ne se passe rien !» rappelle toutefois Anne-Catherine Ostertag, directrice de l'office de tourisme de la Vallée de la Bruche (Bas-Rhin), l'une des 25 stations de location de vélos électriques du réseau Movélo en Alsace.

Le concept Movélo est allemand, les vélos sont suisses : les voisins européens de la France ont quelques coups de pédale d'avance en matière de cyclotourisme électrique. On compte déjà 1 500 stations Movélo en Allemagne, en Suisse, en Autriche, aux Pays-Bas et en Belgique, quelque 500 stations d'échanges de batteries et 5 000 vélos disponibles à la location, contre une cinquantaine de vélos disponibles en Alsace et 25 stations ouvertes en mai.

«On peut imaginer un tourisme à vélo électrique transfrontalier: le réseau Movélo permet aujourd'hui à un touriste autrichien qui aurait envie de visiter la France de faire le trajet à vélo sans difficulté en rechargeant ses batteries tout au long de son parcours», explique Anne-Catherine Ostertag.

Un frein : le prix

«À 20 euros la journée, c'est pas donné. Un jour, ça va, mais pour une semaine, en famille, ça peut vite revenir cher. À ce tarif-là, on peut louer une voiture auprès d'un particulier sur internet», compare Bruno Mirgon.

Il faut en effet compter 13 euros la demi-journée et 20 euros la journée pour la location d'un e-vélo, les mêmes prix étant pratiqués Outre-Rhin. Les «forfaits vacances» comprenant deux nuits à l'hôtel, le dîner et la location d'un vélo électrique sont eux facturés entre 224 et 340 euros par personne.

«On ne s'adresse pas particulièrement aux baroudeurs», reconnaît Anne-Catherine Ostertag, «on vise plutôt un public entre 30 et 60 ans, qui veut prendre son temps, et aime allier activité sportive et visites culturelles, tout en cherchant un certain confort».

À la vente, les e-vélos représentent aussi un investissement : entre 700 à 3 000 euros pour le haut de gamme, le prix moyen s'établit à 1 700 euros.

«De plus en plus de gens sont prêts à payer!», observe cependant Wilfried Cakuelard, responsable du magasin de vélo Well'Bike à Rothau (Bas-Rhin), qui a vu ses ventes plus que doubler en un an.

«Mais c'est un autre mode de consommation : les clients n'achètent pas un vélo électrique comme ils achètent un vélo classique destiné à une activité de loisirs. Le vélo électrique remplace une voiture chez des clients qui font le choix d'un véhicule utilitaire moins cher à l'achat, et qui ne représente aucune dépense en carburant», explique Wilfried Cakuelard.

En 2012, 46 000 vélos à assistance électrique ont été vendus en France, soit une hausse de 15 % par rapport à l'année précédente, selon le Conseil national des professions du cycle (CNPC), alors que les ventes globales de vélos ont baissé de 9 %.