C'est devenu en quelques mois l'une des tables les plus courues de Paris. Mais ne cherchez pas son numéro de téléphone, et encore moins son adresse. Gros plan sur le Paris Popup, le restaurant «ambulant» derrière lequel se cachent deux Québécoises et un Britannique.

Dimanche matin, au restaurant Bones, dans le 11e arrondissement de Paris. Une faune bigarrée - bobos, hipsters, jeunes familles - se prépare à entamer un repas préparé par l'un des meilleurs chefs en ville. Tout ce beau monde a réservé sa place depuis longtemps, mais c'est seulement la veille qu'on leur a dévoilé l'adresse exacte de l'événement.

Comme à chaque reprise du Paris Popup, une aura de mystère aura flotté jusqu'à la toute dernière minute. C'est là l'essence même du concept lancé à Paris par le Britannique Harry Cummins et la Québécoise Laura Vidal en décembre 2012. Un concept déjà populaire à Londres et ailleurs dans le monde, mais jusque-là peu connu dans la capitale française.

Tous deux travaillent au très couru restaurant Frenchie - lui comme sous-chef et elle comme sommelière -, ce qui n'a certainement pas nui au buzz entourant leur événement. Ce n'est toutefois pas pour la gloire, et certainement pas pour l'argent, que le couple s'est lancé dans l'aventure des popup. Plutôt pour le «plaisir» de créer chaque fois une expérience unique, dit Laura Vidal.

«Pour nous, le popup, c'est une liberté qui permet de faire plaisir et de se faire plaisir, sans avoir les attaches et toutes les dettes qui viennent avec le fait de posséder son propre restaurant», souligne la jeune femme installée depuis quelques années à Paris.

Le Paris Popup repose sur la collaboration entre des artisans aux horizons complètement divers, note Laura Vidal. Au brunch auquel nous avons assisté, en mai, les jus frais provenaient du Bob's Cold Press - qui possède la seule machine à presser à froid à Paris -, le café, de Ten Belles, la bière Agent Provocateur du brasseur Craig Allan, les vins, d'une série de petits producteurs...

Au menu: entrée de langoustines et artichauts, anguille fumée, oeufs et petits pois, poulet fermier, fruits de saison. Et des vins conseillés avec doigté par Caroline Loiseleux - elle aussi Québécoise, et sommelière au Frenchie.

Caroline Loiseleux participe activement à l'élaboration des popup avec Vidal et Cummins, au rythme d'environ un événement par six semaines. Les repas se déroulent dans des restaurants de Paris «prêtés» par leurs propriétaires, toujours un samedi ou un dimanche. L'adresse est dévoilée la veille aux invités par Facebook ou par Twitter.

Jusqu'à maintenant, la demande a toujours dépassé le nombre de places disponibles. Le prochain popup, prévu le 23 juin, sera un «déjeuner italien du dimanche» avec des vins de Bourgogne de Philippe Pacalet, Vincent Dauvissat, Pierre Morey et Armand Rousseau.

«Tranquillement, il y a une construction qui évolue, il y a une ampleur qui s'est développée avec les popup, ça devient plus précis, souligne Caroline Loiseleux. C'est comme un essai et erreur: on apprend chaque fois.»

Info: www.theparispopup.com

Laura Vidal et Harry Cummins quitteront Paris et le Frenchie en décembre prochain. Dès mars, le duo fera un stage de six mois au Celler de Can Roca, en Catalogne, nommé meilleure table du monde par le magazine britannique Restaurant. Mais entre-temps, Cummins et Vidal feront un ou deux événements popup à Montréal. Au moins un événement est confirmé en janvier dans un resto du Quartier chinois. Mais, pour rester fidèle au concept, le lieu sera dévoilé à la toute dernière minute...