Plusieurs sont debout à l'intersection, certains sont assis sur le trottoir. Désoeuvrés, ils attendent. «Ils attendent d'être appelés», explique le guide de l'excursion à laquelle nous nous sommes joints. Ils sont Pakistanais ou Indiens. Leur présence dans la rue du Sentier, à Paris, étonne un peu les flâneurs que nous sommes.

Ce sont des immigrants illégaux, poursuit notre guide, un vieux prof d'histoire qui fait découvrir des coins moins connus de Paris à des étrangers, mais aussi à des Français de la province et même à des Parisiens, comme c'était le cas ce jour-là.

 

Dans ce quartier où la légalité semble bien mince, leur spécialité, c'est d'exercer sur appel toutes les tâches, généralement du transport de rouleaux de tissu et de caisses de vêtements, que les entrepreneurs du secteur leur demandent. Ils doivent être disponibles de 15 à 18 heures par jour, selon un ordre qu'ils auront eux-mêmes établi.

Ils sont tout en bas de l'échelle sociale et économique. Ces tâches de commissionnaires, à Paris, c'est la spécialité des Indo-Pakistanais. Les patrons ici sont parfois juifs, mais surtout Chinois. Dans les ateliers clandestins installés aux étages, les ouvriers, qui sont surtout des ouvrières, sont aussi chinoises, immigrantes illégales comme les commissionnaires.

Bienvenue dans le Sentier, un quartier «au-delà de la légalité», comme le décrit notre guide. Le plus étonnant, c'est de croiser à plusieurs reprises des groupes de deux ou trois policiers qui patrouillent les rues du quartier, sans même accorder un regard à tous ces illégaux.

Un peu plus loin, rue Saint-Denis, au bout d'un passage public parsemé d'ateliers clandestins, des prostituées au look oriental offrent leurs services à une clientèle du même acabit. La rue est piétonne, et une énorme affiche en interdit l'accès aux automobiles et autres deux-roues; dans cet univers qui n'est pas normal, personne ne s'en soucie, et surtout pas les flics qui y patrouillent.

Suivez le city greeter

Ces petites excursions qui coûtent 10 euros par personne et durent de 60 à 90 minutes sont pleines d'intérêt pour qui veut voir autre chose à Paris que les monuments. Évidemment, le niveau de satisfaction est lié au guide sur qui on tombe: même s'ils sont fraternels, ils ne sont pas tous égaux... Mais chacun propose différents circuits, et ce sont presque tous des amoureux de Paris, de son histoire, de ses particularités, et de ses «villages». Ils ont une réputation bâtie avec le temps et sont presque «cotés» par les habitués, qui recherchent leurs noms dans les listes publiées dans Pariscope et L'Officiel des spectacles. Certains ont même leur site web.

Dans un registre plus récent, on peut aussi faire appel aux «city greeters» de Paris, une organisation de bénévoles qui s'offrent pour faire connaître leur Paris aux étrangers. Le rendez-vous se fait sur l'internet, mais cette balade est personnalisée: vous seul avec le guide. Dans le cadre de cette formule née à New York, les «greeters» sont tous des bénévoles et leur balade se fait gratuitement, sous le signe de l'amitié internationale.

CITY GREETERS: www.parisiendunjour.fr