La Belgique francophone mise sur deux de ses créateurs les plus célèbres du XXe siècle pour attirer les touristes en Wallonie et à Bruxelles, cette année: Hergé, père de Tintin, et le peintre René Magritte, figure de proue du surréalisme. C'est d'ailleurs pour souligner l'inauguration du musée Hergé, prévue le 22 mai, que l'Office de promotion du tourisme Wallonie/Bruxelles (OPT) a décidé d'orchestrer ses campagnes de mise en marché autour du thème de la bande dessinée.

«Le neuvième art fait partie du patrimoine de Bruxelles et la Wallonie est le berceau de la bande dessinée européenne moderne», dit Nadine Droulans, représentante de l'OPT au Québec. «Les éditions Dupuis, qui publiaient le journal Spirou, avec notamment les aventures des Schtroumphs, de Lucky Luke et de Gaston Lagaffe, étaient installées à Marcinelle, près de Charleroi. Les éditions du Lombard, qui publiaient Tintin, ont pignon sur rue à Bruxelles.»

 

Les plans du Musée Hergé, qui ouvrira ses portes à Louvain-la-Neuve, en Wallonie, ont été conçus par le Français Christian de Portzampac, prix Pritzker (le Nobel de l'architecture). Édifié à l'orée d'une forêt, le bâtiment est un immense prisme allongé qui semble sortir du bois. Outre la collection permanente qui sera constituée d'un grand nombre d'originaux, on y tiendra, chaque année, trois expositions temporaires illustrant un volet de l'oeuvre de George Rémy, qui signait ses dessins sous le pseudonyme de Hergé.

Chaque année, l'OPT développe des thèmes accrocheurs afin de susciter l'intérêt pour la destination: les châteaux de Wallonie, la mode, les saveurs, les parcs et jardins... Cette année, le tourisme en Belgique francophone sera placé sous le thème de la bande dessinée. «Avec l'inauguration du musée Hergé, l'occasion était trop belle, d'autant plus que 2009 coïncide avec le 40e anniversaire de la fondation de la première école européenne de BD, à l'Institut Saint-Luc, et avec le 20e anniversaire du Centre belge de la BD, deux institutions situées à Bruxelles.»

Musée Magritte

Le 2 juin, ce sera au tour du nouveau musée Magritte d'ouvrir ses portes, place Royale, dans une annexe du Musée des beaux-arts de Bruxelles. Quelque 200 oeuvres y seront exposées sur trois étages, ce qui constituera la plus grande collection mondiale d'oeuvres de ce peintre surréaliste mort en 1967. On y retrouvera plusieurs tableaux majeurs, notamment l'Empire des lumières et Le Retour. Le musée devrait accueillir 650 000 visiteurs par année.

Longtemps méconnue, la Belgique francophone attire de plus en plus de Québécois. «En 2007, nous avons accueilli 112 000 Canadiens, dont 50 000 Québécois», indique Nadine Droulans. «Ce qui signifie que nous sommes revenus - et que nous avons même dépassé - au niveau de l'an 2000, alors que SABENA assurait encore quatre ou cinq liaisons par semaine entre Montréal et Bruxelles.» En 2001, les effets conjugués de la faillite du transporteur belge SABENA et ceux du 11 septembre ont été durement ressentis en Belgique. Les arrivées de Québécois ont chuté à 13 000, en 2003.

Le trou creusé par la disparition de SABENA a été partiellement comblé par la mise en service de vols d'Air Transat sur la route Montréal/Bruxelles. Cet été, le transporteur québécois assurera quatre liaisons hebdomadaires. Air France commercialisera également Bruxelles, en assurant des correspondances avec le TGV, au départ de Charles-de-Gaulle.

Les Canadiens ont longtemps boudé la Belgique francophone, préférant aller musarder en pays flamand, du côté de ces villes d'art que sont Bruges, Gand et Anvers. C'est que, contrairement à Bruxelles, la Wallonie est peu connue chez nous. «Pourtant, les Québécois ont beaucoup d'atomes crochus avec les Belges francophones», croit Nadine Droulans. «Nous parlons la même langue et il y a, en Wallonie, une authenticité qui plaît beaucoup aux Québécois, sans compter un amour partagé pour le bien boire et le bien manger. La Wallonie est un petit territoire, guère plus grand qu'une région française. Jadis, les touristes passaient au pas de course en s'y arrêtant, peut-être, une journée. Mais aujourd'hui, les gens ciblent une région et l'explorent à fond.»