Un musée retraçant l'histoire des SS d'Adolf Hitler a ouvert ses portes en Allemagne au sein d'un mystérieux château qui devait leur servir de foyer spirituel après la victoire nazie.

Le musée, le premier au monde consacré uniquement aux SS (Schutzstaffel -- escadron de protection), retrace la montée en puissance de cette garde d'élite d'Hitler qui finit par compter plus d'un million de membres, responsables des plus abominables exactions commises pendant la seconde guerre mondiale.

Parmi les objets exposés figurent l'agenda du chef des SS Heinrich Himmler, des uniformes noirs, ainsi que des anneaux en argent, attribués par Himmler à de officiers supérieurs, avec croix gammée, tête de mort, et runes stylisées du sigle des SS.

Selon Moritz Pfeiffer, un historien de 27 ans qui a aidé à mettre sur pied le musée, les objets sont exposés avec des rappels historiques des crimes nazis afin d'éviter toute accusation de tentative de glorification des SS.

«L'idéologie raciste ne doit pas être représentée sans prendre en compte le contexte des crimes auxquels elle a mené», selon M. Pfeiffer.

Pour le ministre de la Culture Bernd Neumann, présent à l'inauguration, le musée doit être «un endroit qui rappelle les victimes comme les coupables».

Le château triangulaire, construit au 17e siècle sur une colline du centre de l'Allemagne, non loin d'Hanovre, et qui abrite également une auberge de jeunesse, a lui même joué un rôle de premier plan dans l'histoire des SS.

Himmler en avait pris le contrôle en 1934, juste après la venue des nazis au pouvoir, pour en faire une école d'élite pour officiers SS.

Par la suite, il commença à transformer le château pour en faire un centre spirituel nazi au sein duquel une flamme éternelle devait brûler dans une crypte circulaire.

Au dessus de la crypte, une autre salle circulaire, baptisée «salle des leaders suprêmes SS», devait, selon la légende, permettre à Himmler de se réunir autour d'une table ronde avec ses 12 principaux généraux.

Le château attire toujours des néo-nazis et les autorités cherchent à éviter qu'il ne devienne un lieu de «pèlerinage».

«Il y avait des gens qui venaient au château et qui faisaient le salut hitlérien», selon Heinz Köhler, un responsable local.

«On ne peut changer cette façon de penser qu'en montrant à quoi elle mène», ajoute-t-il.

«Le musée a un règlement. Les visiteurs n'ont pas de droit de dire certaines choses, de faire certains signes ou de porter certains vêtements», selon M. Pfeiffer faisant allusion aux slogans et salut hitlérien, interdits en Allemagne, et aux vêtements affectionnées par les néo-nazis.

«Nous nous réservons le droit de mettre des visiteurs à la porte et nous l'avons déjà fait par le passé», ajoute M. Pfeiffer.

Selon la directrice adjointe du musée, Kirsten John-Stucke, le musée à pour but de démolir les mythes attachés aux SS et au château.

«Il y a un manque d'information sur ce qui s'est vraiment passé au château, et les gens ont donc inventé leurs propres histoires, qui sont fausses à 99%», ajoute-t-elle.