Le 6 septembre dernier, l'île de Saint-Martin a été ravagée par l'une des pires tempêtes - sinon la pire - de son histoire, qui a détruit près de 80 % des infrastructures et paralysé au passage la plus importante source de revenus : l'industrie touristique. Six mois plus tard, on commence enfin à se préparer pour le retour des touristes, même s'il reste encore beaucoup, beaucoup de travail à abattre.

« Nous avons passé les premiers mois à nous occuper de nous, a résumé Alex Pierre, conseiller territorial de Saint-Martin, en entrevue avec La Presse. Il a d'abord fallu s'assurer que les habitants étaient en sécurité - l'électricité et l'eau potable ont été rétablies pour 98 % de la population dans les 45 jours suivant la tempête - et tout nettoyer pour éviter la propagation des maladies. Maintenant, sans dire qu'on est prêts à accueillir les touristes comme avant, on peut commencer à penser à une réouverture de l'île. »

Au total, quelque 10 millions d'euros (quelque 15 millions CAN) ont été investis pour débarrasser l'île de ses débris, avec une attention toute particulière pour les plages, lesquelles sont ainsi devenues, ironiquement, « encore plus belles qu'avant », affirme Alex Pierre.

EN RECONSTRUCTION

L'île n'a toutefois pas encore retrouvé sa superbe, loin de là, alors que près de 1300 des 1600 chambres d'hôtel ont été détruites et que l'immense chantier de la reconstruction commence à peine.

« Nous n'avons pas du tout la prétention d'être ce qu'on était, mais nous voulons inviter ceux qui vont comprendre que nous sommes encore en reconstruction à venir. »

- Kate Richardson, Office de tourisme de Saint-Martin

Si les services de base sont assurés, l'internet fonctionne encore de manière erratique.

Le territoire d'outre-mer français espère une reprise du tourisme de façon plus soutenue à l'automne, alors qu'une dizaine d'hôtels doivent rouvrir en novembre ; le seul hôtel cinq étoiles que comptait Saint-Martin doit reprendre ses activités le 1er décembre. WestJet relancera la liaison directe entre Toronto et l'aéroport Princess Juliana (du côté hollandais de l'île) en avril, à raison de deux vols par semaine. Air Transat étudie toujours la possibilité de reprendre les vols vers l'île antillaise.

L'économie de Saint-Martin dépend largement de l'industrie touristique, responsable de 85 % du produit intérieur brut national, et essentiellement du tourisme nord-américain : 78 % des visiteurs viennent du Mexique, des États-Unis ou du Canada (57 000 Canadiens s'y sont rendus en 2016, en hausse marquée par rapport à 2015, avec 42 000 Canadiens).

Le Saint-Martin que les touristes verront en 2018 ne sera plus tout à fait le même qu'avant le passage de l'ouragan Irma. Les normes de construction ont été révisées : les hôtels ne pourront plus aménager de chambres au rez-de-chaussée et devront adopter des plans d'évacuation d'urgence. Les nouvelles résidences privées devront quant à elles être dotées d'une pièce de repli sécurisée en cas de tempête violente.