Pour en finir avec Tokyo, et avant d'attaquer Kyoto pour une ultime chronique nippone, voici un survol insolite de la grande ville, en vrac... Sayonara et arigato!

La quasi-totalité des restaurants présentent leurs plats en vitrine, avec des copies en plastique plus vraies que nature. C'est à s'y méprendre! Et vous serez heureux d'apprendre, amateurs de kitsch, que j'ai enfin découvert où l'on vend ces véritables petits chefs-d'oeuvre postmodernes : dans la rue Kappabashi, au coeur du quartier Asakusa. Un délice! Au menu : des plateaux de sushis, du riz frit, des fruits frais, des bières dégoulinantes, du fromage fondant, de la crème glacée, du poulet grillé, du spaghetti aux crevettes, du poisson rôti, et j'en oublie... On peut même commander un plat personnel, à partir de photos! N'avez-vous pas envie d'immortaliser votre fameux rosbif, Mme Groleau?

«Un sans-abri te demande de l'argent... Combien tu leur donnes là-bas, 10$?» m'a demandé José, un lecteur pince-sans-rire. Tokyo est réputé cher, c'est bien connu. Mais, en mangeant des (bons) plats de dépanneur et en couchant dans une capsule ou un dortoir, vous pouvez vous en tirer à moins de 40$ par jour. Et j'en connais qui font mieux, en dormant dans les cafés internet ou en utilisant Couch Surfer (couchsurfing.org). Pour ce qui est du sans-abri, s'il vous plaît, versez votre argent à une association caritative. Et ça vaut pour le reste du monde, OK? Que j'en vois un donner de l'argent ou des bonbons à un enfant!

Entre voyageurs, après un certain temps, la discussion se tourne inévitablement vers le sujet des selles. Après d'où tu viens, et où vas-tu, c'est l'inévitable comment ça va...

« Moi, ça va, j'ai seulement été malade deux jours. Du mou jaune.

- Tu bois l'eau?

- Non, mais ça doit être dans les tomates. Ou la salade.

- Moi, c'est le poulet d'hier...

- Pas assez cuit?

- Non. Trop épicé.

- Ah! The ring of fire...»

Alors, quoi de mieux pour exorciser ses démons qu'une réconfortante visite au musée des vers intestinaux! Officiellement appelé le Musée de la parasitologie, un lieu unique en son genre fondé par un médecin ne sachant quoi faire de ses nombreux spécimens, c'est ici que vous pourrez admirer gratuitement un ver plat de 8 m, recueilli chez un patient très patient, ma foi, et toutes sortes d'autres parasites qui attaquent le monde humain et animal. Pour plus d'effet, à visiter juste avant le petit-déjeuner. Et pour les fans, il y a même une boutique de souvenirs, au deuxième étage! Porte-clés, affiches, aimants de frigidaire et t-shirts...

Affichez vos couleurs.

Le secteur Shinjuku, la nuit, est le coin le plus coloré. Pachinko, cabarets roses, quartier gai, vous pourrez vous éclater à votre goût, et personne ne vous jugera, ici. Signe évident? Sur le toit d'un grand immeuble, en face de la station de métro, on a placé une affiche géante de Tiger Woods... Preuve qu'ici, on a la mémoire courte... ou beaucoup de tolérance! Quoi qu'il en soit, profitez-en, et amusez-vous.

Les transports en commun à Tokyosont extraordinairement efficace et sécuritaires. Même que dans le métro, aux heures de pointe, pour éviter les attouchements dans les wagons trop bondés, un wagon est réservé aux femmes : c'est le wagon de queue.

La découverte que j'aurais préféré ne pas découvrir: le sushi aux intestins salés de pieuvre.

Le quartier Asakusa est probablement l'endroit où je poserai mon sac la prochaine fois. L'ancien « red-light » de Tokyo est cool. Je dis ça de même.

Mon endroit favori pour profiter des 5 à 7? Dans un tachinomi (littéralement «boire debout») : ce sont des bistros exigus et bruyants, en grand nombre dans les quartiers populaires, où l'on déguste une Asahi pression bien froide debout, en grignotant des petits plats cuisinés au beau milieu de la place. C'est bon marché, l'ambiance est pittoresque (tous ceux qui sont soûls veulent pratiquer leur anglais avec vous!), et quand on sort de là, à minuit, repus, on pue la friture, la cigarette et le fond de tonne. Mais on s'est fait quelques bons copains...

Qui ne s'en souviendront plus le lendemain!

Les musées sont légion à Tokyo. Et après les bains publics, ce sont les meilleurs endroits pour se détendre. Déjà qu'ils sont discrets dans la rue, les gentils Japonais, alors imaginez-les dans un musée... Personne ne parle, tous avancent à pas feutrés, en suivant le sens indiqué, et les gardiens, je vous le jure, marchent sur la pointe des pieds... On se croirait dans un film muet au ralenti. Mes coups de coeur : le classique Musée national de Tokyo, au parc d'Ueno; le Centre d'art national de Roppongi, pour son architecture flyée et l'expo de Man Ray; et le NTT Intercommunication Center au Tokyo Opera City de Shinjuku, pour ses brillantes installations et sa chambre parfaitement insonorisée, sans écho, dans laquelle on peut s'enfermer pour répondre à la question : le silence existe-t-il?

Maintenant, temples, gei-shas et jardins zen... Rendez-vous à Kyoto!

Photo Bruno Blanchet, collaboration spéciale

Des bières en plastique,  rue Kappabashi : la vraie bière tablette...

Photo Bruno Blanchet, collaboration spéciale

Des bières en plastique, rue Kappabashi: la vraie bière tablette...