Catherine Lefebvre, Benoit Hardy-Chartrand et Richard sont tous accros de l'ailleurs. Témoignages.

Catherine Lefebvre, nutritionniste, auteure et communicatrice, carbure littéralement au voyage. Son statut de pigiste, s'il comporte quelques inconvénients (précarité, revenus irréguliers, etc.), lui permet aussi de travailler à distance et de partir quand bon lui semble, si bien qu'elle est en voyage environ 10 semaines par an. À 33 ans, elle a visité «seulement» (c'est elle qui le dit) 33 pays.

Êtes-vous une voyageuse compulsive?

Je dirais plutôt voyageuse chronique. Je planifie constamment mon prochain voyage à plus ou moins long terme. Je me sens bien quand j'ai un billet d'avion dans ma boîte de courriel. Je pars parfois à moins de deux semaines d'avis, mais je planifie généralement tous les voyages que je veux faire dans une année, comme un «vision board».

Quel a été votre premier voyage?

Fort Lauderdale, à 3 ans. Je me souviens encore de tous les détails! Sinon, j'ai fait mon premier voyage de «grande» à 21 ans: un mois au Mexique, sac au dos, avec trois copines. 

Diriez-vous que ç'a été une révélation?

Plutôt, oui. Après le Mexique, j'en voulais toujours plus!

Qu'est-ce qui vous pousse à repartir sans cesse? 

Le désir de bouger, d'aller voir le monde, de briser la routine, de changer de décor, d'assouvir ma curiosité. 

Que seriez-vous prête à sacrifier pour pouvoir continuer de voyager?

On m'offrirait un boulot à temps plein, à deux fois mon salaire avec avantages et tout, et je n'accepterais pas. J'ai quitté mon ex en partie parce qu'il trouvait que je partais trop souvent!

Quelle est la chose qui pourrait vous empêcher de voyager?

Une maladie grave, peut-être... Si c'est incurable, je pars jusqu'à la mort!

Benoit Hardy-Chartrand est chercheur en relations internationales. À 34 ans, il a visité environ 35 pays et territoires. Pendant 10 ans, il a passé environ 3 mois par année à écumer la planète. Dans la dernière année, en raison d'un nouveau poste à temps plein, il s'est contenté de six semaines... «Ce qui n'est quand même pas mal compte tenu de mon emploi», reconnaît-il. 

Êtes-vous un voyageur compulsif? 

Oui, dans la mesure où j'ai un besoin incontrôlable de voyager. Mais je maîtrise quand même cette compulsion, et comme j'arrive à voyager beaucoup, elle ne nuit pas à ma vie (quoiqu'elle nuise peut-être à mes relations).

Quel a été votre premier voyage? 

J'ai voyagé pas mal avec mes parents quand j'étais enfant. Mais mon premier voyage autonome, celui qui a tout changé, fut un voyage en France et en Italie quand j'avais 22 ans.

Diriez-vous que ç'a été une révélation? 

Absolument. Le plaisir que j'ai eu lors de ce voyage-là avec mes amis, la liberté de voir le monde, d'apprendre plein de choses et de rencontrer des gens fascinants m'a immédiatement donné envie de repartir.

Que seriez-vous prêt à sacrifier pour pouvoir continuer de voyager? 

Jusqu'à maintenant, même si je suis très satisfait professionnellement, c'est certain que j'ai fait quelques sacrifices au point de vue de la carrière.

Quelle est la chose qui pourrait vous empêcher de voyager?

Pas grand-chose. Même l'argent n'est pas un obstacle. Les gens s'imaginent souvent qu'il faut beaucoup d'argent pour voyager. En réalité, quand on se prépare, il est possible de faire des voyages extraordinaires avec peu de moyens.

Photo fournie par Benoit Hardy-Chartrand

Benoit Hardy-Chartrand devant le site archéologique de Pétra, en Jordanie.

Richard, professionnel dans le secteur de l'éducation, a 50 ans. Chaque été, sa compagne et lui profitent de leurs deux mois de vacances pour écumer le monde. Jusqu'ici, ils ont visité quelque 75 pays. La Bolivie est au programme pour l'été, et ils feront un saut à Paris et Lyon à l'automne.

Êtes-vous un voyageur compulsif? 

Je considère plutôt que j'ai fait du voyage un mode de vie, en alternance avec le travail. J'ai peu de divertissements et de loisirs ici, ces activités sont réalisées lors des voyages. 

Quel a été votre premier voyage? 

La France, en 1983, dans le cadre d'un programme de l'Office franco-québécois pour la jeunesse qui avait pour thème «La jeunesse en France». 

Diriez-vous que ç'a été une révélation? 

J'avais 18 ans, j'étais étudiant. Je partais à la rencontre de jeunes Français avec qui nous avons échangé sur nos réalités communes et sur nos difficultés. Ce voyage m'a fait prendre conscience de la richesse que procurent de tels échanges. C'est probablement ce voyage qui m'a donné l'assurance et le goût de découvrir les gens qui vivent ailleurs. 

Que seriez-vous prêt à sacrifier pour pouvoir continuer de voyager? 

Si mes revenus diminuaient, je préférerais vivre plus modestement au quotidien et continuer à voyager. De même, je serais prêt à diminuer mes revenus de retraite pour continuer à voyager maintenant, pendant que la santé me le permet. 

Quelle est la chose qui pourrait vous empêcher de voyager?

Une grave maladie ou des limitations physiques importantes. La maladie d'un proche.

Photo fournie par Richard et Brigitte

Richard et Brigitte ont visité ensemble quelque 75 pays. On les voit ici devant les volcans Bromo et Semeru, dans l'île de Java, en Indonésie.