Les organisateurs de voyages et les autorités égyptiennes espèrent convaincre les voyageurs internationaux que l'Égypte est un pays assez sûr et stable pour accueillir un grand nombre de touristes, comme il le faisait avant le soulèvement populaire qui a mené au renversement du président Hosni Moubarak.

Une délégation de représentants de l'industrie touristique américaine s'est récemment rendue en Égypte et a rencontré des responsables du ministère égyptien du Tourisme et de l'ambassade des États-Unis afin de prendre compte de la situation dans le pays.

Malaka Hilton, présidente d'Admiral Travel International Inc., en Floride, a indiqué que 90% des voyages de son entreprise en Égypte avaient été annulés depuis le soulèvement populaire.

«Il y a toujours un certain niveau d'incertitude quant à ce qui va arriver avec le gouvernement», a-t-elle dit. «Les voyageurs affirment que quand les choses se seront stabilisées du côté du gouvernement, ils reviendront.»

Environ 14% des emplois en Égypte sont liés au tourisme, et la baisse marquée de visiteurs a empiré la situation économique déjà difficile qui a contribué à alimenter les manifestations anti-gouvernementales.

Aujourd'hui, il n'y a plus de files d'attente devant le musée du Caire, près de la désormais célèbre place Tahrir, ni dans les rues de Gizeh, où se trouvent les pyramides, à l'exception des résidants qui dépendent du tourisme pour assurer leur subsistance.

Ahmed Al Zawawy offre des promenades à cheval ou à dos de chameau aux touristes qui visitent les pyramides, mais depuis le début du soulèvement, le 25 janvier, il a vendu trois chameaux et six chevaux pour nourrir sa famille et le dernier cheval qu'il lui reste.

«C'est la fin pour moi. Après, je ne sais pas ce que je ferai», a dit M. Al Zawawy. «Je vis au jour le jour.»

Environ 211 000 touristes étrangers se sont rendus au Caire en février, soit à peine 20% des quelque 1,1 million de personnes qui ont visité la capitale égyptienne à la même période en 2010, selon le gouvernement égyptien. Le nombre de visiteurs s'est remis à augmenter en mars et en avril pour atteindre environ 50 pour cent du nombre de visiteurs de l'an dernier, selon l'Autorité égyptienne du tourisme.

La saison touristique égyptienne ralentit à partir de la fin du mois de mai, quand le temps devient très chaud, puis reprend de la vigueur à l'automne et en hiver. L'automne prochain, la reprise de la saison touristique coïncidera avec les premières élections de l'ère post-révolutionnaire en Égypte qui seront suivies d'une élection présidentielle.

Le gouvernement égyptien espère que le nombre de visiteurs étrangers reviendra à la normale, mais il pourrait être difficile de convaincre les touristes de s'y rendre lors d'une période électorale sans précédent, en particulier s'il y a d'autres manifestations en Égypte et ailleurs dans le monde arabe.

L'ancien président Moubarak, ses fils et plusieurs membres de son gouvernement sont présentement détenus en attendant d'être jugés, et une certaine incertitude plane sur la façon dont l'armée, qui dirige maintenant le pays, dirigera la transition vers un gouvernement démocratiquement élu.

Mais certains responsables égyptiens et organisateurs de voyages tentent prudemment de faire la promotion des élections comme une occasion unique pour les voyageurs.

«Je crois que les touristes pourront facilement faire leurs visites et bénéficieront d'une valeur ajoutée en étant présents en Égypte lors des premières élections démocratiques à avoir lieu en 50 ou 60 ans», a affirmé Amr El-Ezabi, de l'Autorité égyptienne du tourisme.