La majorité des femmes boivent peu, boivent peu souvent et généralement en association avec un repas. Et elles ne boivent pas aux mêmes occasions que les hommes.

En fait, pour 70 % des femmes, boire est lié à la consommation d'un repas. Or, c'est le cas de seulement 37 % des hommes.

Ces constatations ressortent d'une étude réalisée par le groupe Éduc'alcool, qui a fait la recension de différentes recherches portant sur la consommation d'alcool et les femmes, à l'occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars.

«En règle générale, les Québécoises boivent beaucoup mieux que les Québécois, ça, c'est le premier constat. Deuxièmement, en règle générale, indépendamment de certains épisodes de consommation excessive occasionnels, leur relation à l'alcool est généralement saine», a résumé en entrevue le directeur général d'Éduc'alcool, Hubert Sacy.

Tout n'est toutefois pas parfait. «Sur un plan occasionnel, quand vous regardez de temps en temps, à un moment ou à un autre - dans un tout-inclus dans le Sud ou un vendredi soir ou un samedi soir dans un bar - vous allez avoir encore trop d'épisodes de consommation excessive», a-t-il relevé.

Ainsi, bien que la majorité des femmes boivent peu, la fréquence à laquelle les femmes rapportent des épisodes de consommation abusive d'alcool serait toutefois en hausse, particulièrement dans certaines catégories d'âge, soit les 25 à 34 ans et les 45 à 54 ans.

Par exemple, en 2008, 18 % des femmes de 25 à 34 ans buvaient quatre verres ou plus au cours d'une même occasion, au moins une fois par mois. En 2012, c'était le cas de 25 %.

De même, en 2008, 6 % des femmes de 25 à 34 ans buvaient quatre verres ou plus au cours d'une même occasion, au moins une fois par semaine. En 2012, elles étaient 11 % à agir ainsi.

La constatation est similaire chez les femmes de 45 à 54 ans.

À l'inverse, chez les plus jeunes, la tendance était à la baisse. Ainsi, chez les filles de 15 à 17 ans, la proportion de celles qui avaient consommé abusivement de l'alcool au moins une fois par mois était passée de 23 % à 5 % entre 2008 et 2012.

Interrogé au sujet de ce nouveau phénomène chez les très jeunes femmes, M. Sacy a avancé différentes hypothèses. «Les campagnes d'éducation et tout ça, ça commence à porter fruit, c'est sûr.»

La deuxième explication qu'il avance est celle «qu'à partir du moment où elles prennent davantage de temps devant leur ordinateur, pour leurs réseaux sociaux, elles font davantage de relations et d'interconnexions à travers le Web, en restant ainsi chez elles, au lieu de sortir davantage et de socialiser» en buvant de l'alcool. C'est une explication possible, mais il avoue n'avoir aucune certitude à ce sujet.

M. Sacy rappelle que les femmes et les hommes ne sont pas égaux devant l'alcool, même à quantités égales. D'abord, la stature des femmes étant en général plus petite, elles ont besoin d'en consommer une moins grande quantité que les hommes pour en ressentir les effets. De plus, leur foie est de plus petite taille.

M. Sacy déplore la stratégie de certains bars et discothèques d'offrir les consommations gratuitement ou à moindre coût aux femmes. «Lorsqu'un bar offre des «Lady's night» en disant que c'est gratuit pour les filles, il y a des queues à la porte de l'établissement. Et il n'y a personne qui trouve que c'est dégueulasse d'utiliser les filles pour attirer les gars. Donc, on a du chemin à faire encore. Mais, honnêtement, on ne peut pas dire que notre société est malade de l'alcool», a conclu M. Sacy.