Près de 33 ans après la naissance du premier bébé-éprouvette et malgré des progrès techniques dans le domaine de la procréation médicalement assistée, les scientifiques peinent encore à améliorer les chances de grossesse des couples infertiles.Malgré l'apparition de nouvelles techniques depuis quelques années, la fécondation in vitro reste une procédure coûteuse et difficile à vivre, avec environ 25 pour cent seulement de succès dans la plupart des cas.

Lors d'une conférence cette semaine de la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie à Stockholm, les chercheurs ont évoqué les dernières études concernant le développement des ovocytes et des embryons, ainsi que les moyens de prévenir les fausses couches chez les femmes stériles. Mais ces connaissances ont peu de chances d'améliorer les chances de la plupart des couples d'avoir un bébé.«La FIV n'est pas une technologie parfaite, commente le docteur James Grifo, directeur du centre de stérilité NYU à New York, qui n'a pas participé aux études présentées à Stockholm. Nous restons limités par la nature, et la plupart des embryons dans la nature ne font pas des bébés».

Il explique que le taux de réussite a progressé d'environ 10 pour cent depuis une quinzaine d'années, pour atteindre environ 25 pour cent. Pour les femmes en bonne santé et de moins de 40 ans, le taux peut même atteindre les 50 pour cent. «Pour de nombreux parents, cette technique fait la différence entre avoir un bébé et ne pas avoir de bébé, souligne-t-il. Je suis très optimiste pour l'avenir, mais elle ne convient pas à tout le monde. Tout le monde n'a pas l'argent et les tripes pour ça».Au cours d'une fécondation in vitro, la femme doit se soumettre pendant plusieurs jours à des injections d'hormones afin de stimuler sa production ovarienne, avec des dosages hormonaux et des échographies régulières.

Lorsque les ovocytes arrivent à maturité, l'ovulation est déclenchée et une ponction permet de récupérer les ovules. Après fécondation avec le sperme du conjoint, les embryons seront implantés dans l'utérus ou congelés pour une utilisation ultérieure.De nombreux couples effectuent plus d'une tentative, dont le coût moyen dépasse les 12 000 $ US aux États-Unis, pas toujours pris en charge par les assureurs. Dans la plupart des pays européens, au moins un cycle est remboursé par l'assurance-maladie.

Les progrès de la science, et notamment le diagnostic pré-implantatoire (DPI) qui permet de choisir les meilleurs embryons, n'ont pas modifié le taux de réussite. Au contraire avec le DPI, les médecins se sont rendus que les femmes dont les embryons avaient été analysés avaient moins de chances de tomber enceintes. Probablement parce que les scientifiques ne peuvent toujours pas prédire avec précision les embryons qui auront le plus de chances de faire leur nid dans l'utérus.Une étude présentée cette semaine, et qui n'en est qu'à ses prémices, suggère que des embryons semblant de mauvaise qualité trois jours après la fécondation, peuvent être de meilleure qualité au cinquième jour.

Dans la plupart des tentatives, les embryons sont implantés au troisième jour, bien que les médecins tentent de plus en plus d'attendre le cinquième jour.«L'étude suggère qu'on peut avoir des cellules anormales dans un embryon, mais que cela ne condamne pas nécessairement son développement, observe le docteur Stuart Lavery, spécialiste des FIV à l'hôpital londonien de Hammersmith et porte-parole de la Société britannique de fertilité. Il prévient que la science est loin d'avoir mis au point des tests précis qui amélioreront les taux de naissance. «Ne croyez pas que tous ces tests génétiques ultra-modernes fonctionnent réellement. Nous cherchons encore le meilleur moyen de choisir le meilleur embryon», confie-t-il.Les médecins ont pourtant fait des progrès, en réduisant le nombre d'embryons transférés à un ou deux, amenuisant du fait même les risques de grossesse multiples. Désormais, le nombre de femmes enceintes de jumeaux ou de triplés après une FIV est d'environ 2 pour cent, similaire à celui de la population générale, contre jusqu'à 25 pour cent auparavant.Pour Clare Lewis-Jones, qui a connu trois échecs en FIV avant d'adopter deux enfants, tout ce qui permettra d'améliorer les chances de succès fera une grande différence.«Les FIV sont physiquement épuisantes et stressantes, parce que cela dure des semaines et vous savez qu'à un moment, cela pourrait mal se passer, confie-t-elle. Nos ovaires pourraient ne pas produire assez d'ovocytes, et si vous en avez, vont-ils être fécondés par un spermatozoïde, les embryons vont-ils se développer?»

Après ses FIV, Clare Lewis-Jones est devenue directrice exécutive de l'organisation caritative Infertility Network UK. «Lorsque les gens arrivent en FIV, ils ont déjà connu beaucoup d'échecs. C'est très rassurant pour les patients de savoir que les recherches continuent pour améliorer les taux de réussite. Ce n'est pas le genre de traitement que l'on souhaite subir plus d'une fois».