Netflix a annoncé mercredi le plus important gain trimestriel d'abonnés jamais enregistré depuis le lancement de son service de vidéo en ligne en streaming il y a dix ans, propulsant son action vers de nouveaux records.

La société américaine revendiquait 93,80 millions d'utilisateurs à la fin décembre, soit une augmentation de 7,05 millions en trois mois dépassant largement sa prévision interne de +5,20 millions, affichée courant octobre.

«C'était le plus gros trimestre en termes d'additions nettes de notre histoire, et cela a été soutenu par des gains solides à la fois aux États-Unis et à l'international», s'est félicitée la direction de l'entreprise dans sa lettre trimestrielle aux actionnaires.

Netflix a séduit au quatrième trimestre 1,93 million d'abonnés supplémentaires aux États-Unis, et 5,12 millions à l'international où il a redoublé d'efforts l'an passé et où se trouvent désormais 47% de ses utilisateurs.

Et il espère encore augmenter son audience de 5,20 millions de personnes, dont 3,70 millions à l'international, sur le premier trimestre 2017.

Dans les échanges électroniques suivant la clôture de Wall Street, l'action Netflix grimpait de plus de 8%. Si cet envol se confirme jeudi en séance officielle, le titre touchera un nouveau pic historique. 

Garder son avance

Sur l'année écoulée, Netflix enregistre «une croissance régulière» en Amérique latine, tandis que «l'élan pour nous est en train d'accélérer en Europe dans son ensemble, et en Asie nous ne faisons que commencer», a indiqué le directeur général, Reed Hastings, lors d'une téléconférence avec des actionnaires.

Il peut d'autant plus se féliciter des performances du dernier trimestre qu'Amazon est devenu au même moment un rival frontal à l'échelle planétaire, en annonçant mi-décembre l'extension de son propre service de vidéo en ligne à 200 pays dont la France.

Netflix prend note dans sa lettre aux actionnaires du durcissement de la concurrence. Outre Amazon qui «s'est étendu récemment pour égaler notre empreinte géographique», il évoque YouTube, qui «reste bien plus grand que chacun de nous en termes de minutes de vidéos regardées dans le monde», ou encore la croissance de la consommation de vidéos sur Facebook et des rumeurs de projets d'Apple.

Pour lui, c'est surtout le signe que «la vidéo sur internet est un phénomène mondial», ce qui «présente à la fois des défis et des opportunités pour Netflix».

D'après Neil Saunders, à la tête de la société de recherche Conlumino, le fait que le nombre d'abonnés continue d'augmenter, en particulier aux États-Unis en dépit d'augmentations de prix, «indique que l'entreprise est maintenant fermement en pole position sur la scène du streaming».

«Dans un marché qui devient de plus en plus saturé de contenus et de fournisseurs, garder son avance est vital car les téléspectateurs vont de plus en plus faire des choix sur les services qu'ils conservent et ceux qu'ils abandonnent», souligne l'analyste.

Pour lui, comme pour les dirigeants de Netflix, l'intérêt croissant pour le service s'explique par ses contenus, notamment originaux.

Depuis les débuts en 2013 de la série politique House of Cards, avec laquelle Netflix avait commencé à afficher ses grandes ambitions dans la production originale, son catalogue s'est beaucoup élargi.

Le groupe prévoit encore 6 milliards de dollars d'investissements dans les contenus cette année, après 5 milliards en 2016, et produit désormais des films, des documentaires ou même des émissions de divertissement en plus de séries toujours remarquées comme Stranger Things ou Narcos.

Sur le plan financier, l'entreprise a vu son chiffre d'affaires progresser de 36% à 2,48 milliards de dollars au quatrième trimestre, et de 30% à 8,83 milliards sur l'ensemble de l'année 2016.

Le bénéfice net est pour sa part en hausse de 55% à 67 millions de dollars au dernier trimestre, et de 52% à 123 millions sur toute l'année.

Netflix a néanmoins encore perdu 67 millions de dollars à l'international. Et s'il dit s'attendre à un léger bénéfice au premier trimestre, il ne cache pas que ses investissements feront revenir ses activités à l'étranger dans le rouge sur le reste de l'année. Mais il promet une réduction «importante» de la perte comparée à 2016.