Le fondateur du site Megaupload.com, arrêté en Nouvelle-Zélande à la demande du FBI qui l'accuse de piratage massif, restera en prison jusqu'à l'examen de la demande d'extradition des États-Unis le 22 février, a tranché mercredi la justice néo-zélandaise.

Un juge néo-zélandais a rejeté mercredi la demande de libération sous caution de Kim Schmitz, alias «Kim Dotcom», un Allemand de 38 ans, interpellé vendredi dans sa somptueuse propriété d'Auckland, avec trois autres responsables de Megaupload.

«Grâce à la détermination et les ressources financières (de Schmitz), il existe un risque avéré de fuite», a déclaré le juge David McNaughton dans un jugement écrit.

Rien qu'en 2010, Kim Schmitz aurait touché 42 millions de dollars (32 millions d'euros) grâce à ses activités sur internet, selon les autorités américaines.

L'imposant homme d'affaires allemand est apparu en grande forme à la sortie du tribunal, saluant ses supporteurs massés à l'extérieur, selon des journalistes de l'AFP.

Le parquet néo-zélandais s'opposait à sa remise en liberté, faisant valoir que la police avait retrouvé à son domicile des passeports et des cartes de crédit établis à des noms différents.

Il a également rappelé qu'il avait dans le passé fui en Thaïlande pour échapper à la justice allemande, qui le recherchait à l'époque dans une autre affaire. Or l'Allemagne n'extrade pas ses ressortissants aux États-Unis.

La défense a plaidé que Kim Schmitz n'avait pas l'intention de se dérober et qu'il désirait rester en Nouvelle-Zélande auprès de sa femme enceinte.

«Tous ses avoirs ont été gelés, toutes ses ressources saisies. Il vit ici avec sa femme et sa famille. Il n'a aucune intention de quitter la Nouvelle-Zélande», a déclaré son avocat, Paul Davison, en annonçant qu'il ferait appel.

La justice américaine dispose de 45 jours pour déposer sa demande d'extradition pour Schmitz et ses trois associés arrêtés avec lui mais la procédure pourrait prendre des mois, le temps que la justice néo-zélandaise se prononce sur le caractère criminel ou non de Megaupload.

Trois autres personnes sont visées dans l'acte d'accusation dressé aux États-Unis.

Les autorités néerlandaises ont annoncé mardi l'arrestation d'un Estonien en lien avec l'affaire, sans confirmer qu'il s'agissait d'Andrus Nomm, un programmeur responsable notamment de la maintenance du site, et visé par l'acte d'accusation américain.

Installé à Hong Kong, Megaupload, qui affirmait rassembler chaque jour 50 millions d'utilisateurs et représenter 4% du web, a été fermé la semaine dernière par la justice américaine.

La justice américaine a saisi 50 millions de dollars d'actifs et accuse les responsables de Megaupload d'avoir tiré de leur activité quelque 175 millions de dollars de profits, causant un préjudice de 500 millions de dollars aux détenteurs des droits.

À la tête de ce flot d'argent, l'imposant «Kim Dotcom» vivait dans le plus pur style «bling-bling», avec son immense propriété «Dotcom mansion» (manoir Dotcom) près d'Auckland, où la police a saisi entre autres une Cadillac rose de 1959 et une Rolls Royce Phantom, ainsi que des oeuvres d'art.

La fermeture de Megaupload, qui a secoué la planète internet, avait aussitôt été suivie de représailles du collectif de pirates Anonymous, qui a mis hors service pendant plusieurs heures les sites du FBI et du ministère de la Justice américain, ainsi que de la présidence française, qui avait salué l'initiative américaine.

Kim Schmitz encourt une peine de 20 ans de prison.