Sur une patinoire synthétique miniature, un hockeyeur exécute des tirs au but. Patins aux pieds, il manie la rondelle devant l'oeil attentif des chercheurs. Grâce à des caméras 3D et à des dizaines de capteurs disposés sur son corps et son bâton, le moindre de ses mouvements est décortiqué avant d'être analysé. L'objectif? Connaître la recette du lancer du poignet parfait.

Au laboratoire du Groupe de recherche sur le hockey sur glace de l'Université McGill, leader mondial dans le domaine, les sujets d'étude ne manquent pas. La science du hockey est plutôt jeune et peu explorée. Ici, une douzaine d'étudiants et de chercheurs s'intéressent à toutes les facettes de notre sport national: du patinage de puissance (power skating) à la sécurité des casques protecteurs en passant par la position des patins lors d'un lancer frappé et la visibilité à travers une grille protectrice.

 

«Actuellement, les hockeyeurs utilisent l'équipement sans trop comprendre comment il fonctionne. On fait du power skating sans savoir quelle technique est la plus efficace. Nos chercheurs tentent de la trouver, note le professeur David Pearsall, directeur du laboratoire. Nos recherches en hockey pourront éventuellement servir à optimiser les programmes d'entraînement, à prévenir les blessures et à améliorer l'équipement.»

Quel est le secret d'un bon lancer du poignet? «Il reste plusieurs paramètres à déterminer, mais on commence à s'en faire une bonne idée», indique le chercheur Yannick Paquette, qui a étudié la question. La précision du lancer du poignet dépend, d'une part, de la vélocité. Plus le tir est rapide, plus la trajectoire de la rondelle est droite. Le mouvement des coudes, des poignets et des jointures ainsi que les angles du bâton entrent aussi en jeu, a démontré le chercheur.

«À quatre mètres du filet, si la trajectoire dévie de deux degrés, on manque la cible (de 30 cm x 40 cm). Plus on s'éloigne, plus la marge d'erreur est mince», explique-t-il. Les lanceurs les plus prolifiques ont aussi une meilleure stabilité sur la glace. «Pour contrebalancer le mouvement de force vers l'avant, leurs jambes se tournent dans la direction opposée. Ils ont un mouvement plus fluide.»

Qui sait, les exploits de Raymond Bourque, réputé pour son tir du poignet foudroyant, seront peut-être un jour monnaie courante.