Le Colombien Nairo Quintana a remporté en solitaire, samedi, au sommet du Semnoz, la 20e et avant-dernière étape d'un Tour de France promis au Britannique Chris Froome.

Sur la ligne, installée au-dessus d'Annecy, Quintana a précédé l'Espagnol Joaquim Rodriguez d'une quinzaine de secondes au bout des 125 kilomètres, pour la dernière arrivée au sommet de l'épreuve.

Froome, qui a fléchi dans le dernier kilomètre, a lâché une trentaine de secondes à Quintana, sans conséquence pour sa position en tête du classement.

Quintana, qui porte le maillot blanc de meilleur jeune, s'est emparé aussi du maillot à pois de meilleur grimpeur.

Le coureur de l'équipe Movistar a signé la 14e victoire colombienne de l'histoire, la première depuis 2007.

Le jeune Colombien, qui est âgé de 23 ans, s'est hissé à la deuxième place du classement général, le meilleur rang jamais obtenu par un coureur de son pays dans le Tour. Jusque-là, la meilleure place avait été obtenue par Fabio Parra, troisième en 1988.

Contador victime du jour

L'Espagnol Alberto Contador, principale victime du jour, a perdu près de deux minutes et demie. Le double vainqueur du Tour (2007 et 2009) a reculé de la deuxième à la quatrième place du classement général derrière «Purito» Rodriguez.

Dans cette ultime journée de montagne, le Français Pierre Rolland, intéressé par la prise du maillot à pois de meilleur grimpeur, a lancé l'échappée sans attendre. Mais le groupe d'attaquants (Rolland, Burghardt, Voigt, Flecha puis Gautier, Riblon, Brutt, Astarloza, Clarke, Anton) n'a pu creuser un écart conséquent à cause de la poursuite menée en tête du peloton par l'équipe Movistar.

Dans le Revard, cinquième des six ascensions, le doyen du peloton, l'Allemand Jens Voigt (41 ans), a pris les devants. Il a basculé au sommet, à 46,5 kilomètres de l'arrivée, avec 38 sec d'avance sur l'Espagnol Igor Anton et plus de 2 minutes sur ses anciens compagnons, renforcés par le champion du monde, le Belge Philippe Gilbert, et l'Américain Tejay Van Garderen. Le peloton, pointé à 3 min 40 sec au sommet du Revard, s'est rapproché à une minute au pied du Semnoz (10,7 km à 8,5 %). Voigt a été rejoint à 8,5 kilomètres du sommet, juste avant que Froome contre, en sprintant, une accélération de Rodriguez et Quintana.

Le trio, le plus souvent mené par Rodriguez, est resté groupé jusqu'à l'approche du dernier kilomètre. Froome a tenté sa chance mais Quintana s'est dégagé irrésistiblement aux 900 mètres pour enlever, sous le soleil, son premier succès d'étape dans le Tour.

Jour de fête en Colombie

«C'est une journée incroyable !», s'est exclamé Quintana, néophyte de la Grande boucle.

«Un beau final, tous les principaux coureurs étaient présents. C'est un beau symbole pour le jour de la fête nationale dans mon pays», a ajouté le jeune coureur au profil amérindien, qui a dédié sa victoire à sa famille.

Révélé par sa victoire au Tour de l'Avenir 2010, Quintana a gagné en avril dernier le Tour du Pays basque.

Originaire de la province de Boyaca qui avait accueilli les Mondiaux sur route 1995, le grimpeur au gabarit poids léger (1,67 m pour 59 kg) court pour une formation européenne, l'Espagnole Movistar, depuis 2012.

Au classement général provisoire, Froome précède Quintana de 5 min 03 sec et Rodriguez de 5 min 47 sec, avant la dernière étape, une formalité de 133,5 kilomètres entre Versailles et Paris.

«Je crois que c'est fait», a déclaré Froome, tout sourire. «Aux 2 kilomètres, j'ai réalisé pour la première fois que c'est... presque gagné. Demain, c'est pour les sprinteurs».

Du château de Versailles aux Champs-Elysées, la 21e et dernière étape (133,5 km) relie deux des sites les plus visités du pays, dimanche, pour une arrivée inédite en soirée avant la tombée de la nuit.

Dix tours du circuit final de 6,5 kilomètres, qui effectue pour la première fois le tour de l'Arc de Triomphe, sont prévus. La ligne est installée au bout d'une ligne droite de 400 mètres, à faible distance de l'Élysée.

La dernière étape du Tour arrive sur les «Champs» depuis 1975 et se conclut généralement par un sprint, gagné par Mark Cavendish lors des quatre dernières arrivées.

Départ de Versailles à 17 h 45 (lancé à 18 h 15, 16 h 15 GMT), arrivée à Paris Champs-Elysées vers 21 h 45 (19 h 45 GMT, prévision à 38 km/h de moyenne).

Trente ans d'exploits colombiens

La Colombie a multiplié les coups d'éclat depuis ses débuts en 1983 dans le Tour de France jusqu'au succès de Nairo Quintana samedi au Semnoz et à sa deuxième place au classement général.

Les grimpeurs colombiens se sont souvent illustrés en montagne, principalement Lucho Herrera (surnommé «le petit jardinier») qui a gagné pour la première fois une étape en 1984 à L'Alpe-d'Huez.

Au classement général, le meilleur résultat a été obtenu jusqu'à présent par Fabio Parra, troisième de l'édition 1988 (sous les couleurs de l'équipe espagnole Kelme) à 9 min 58 sec de l'Espagnol Pedro Delgado.

Les coureurs colombiens ont dû le plus souvent s'exiler dans des formations étrangères pour courir le Tour, faute de compter sur une équipe disposant d'un budget suffisamment important pour appartenir à la première division du peloton.

Au bilan, la Colombie compte quatorze succès d'étape dans le Tour de France.

Le Giro a jusqu'à présent échappé à un coureur colombien, bien que Rigoberto Uran ait pris, en mai dernier, la deuxième place de la dernière édition. En revanche, la Vuelta a déjà été remportée par un représentant du cyclisme le plus performant d'Amérique du Sud (Lucho Herrera en 1987).

Les victoires d'étape colombiennes dans le Tour (hors contre-la-montre par équipes):

1984: Lucho Herrera (L'Alpe-d'Huez)

1985: Lucho Herrera (Avoriaz, Saint-Etienne)

Fabio Parra (Lans-en-Vercors)

1988: Fabio Parra (Morzine)

1993: Oliverio Rincon (Andorre)

1994: «Cacaito» Rodriguez (Val-Thorens)

1996: «Chepe» Gonzalez (Valence)

2000: Santiago Botero (Briançon)

2001: Félix Cardenas (Ax-les-Thermes)

2002: Santiago Botero (Lorient contre-la-montre, Les Deux-Alpes)

2007: Maurizio Soler (Briançon)

2013: Nairo Quintana (Annecy-Semnoz)