Le cyclisme australien s'est fait une place depuis une dizaine d'années dans le peloton mondial et nourrit des ambitions sur le Tour de France 2011 avec notamment Cadel Evans, candidat au podium, et Matthew Goss, prétendant à une victoire d'étape.

Nation dominante du cyclisme sur piste, l'Australie est passée à la route.

Il a suffi de quelques bons résultats de pionniers comme Phil Anderson, premier maillot jaune australien de l'histoire en 1981 puis 1982, Stuart O'Grady, porteur du maillot jaune sur le Tour et vainqueur de Paris-Roubaix (2007), et Robbie McEwen, victorieux de douze étapes sur le Tour et trois fois maillot vert (2002, 2004, 2006), pour amorcer le mouvement.

Les deuxièmes places de Cadel Evans sur la Grande Boucle (2007, 2008) et son titre de champion du monde (2009) ont entretenu la dynamique.

Les médias ont suivi, troquant les résumés d'étape pour des retransmissions d'étape en intégralité, qui réalisent de bonnes audiences malgré le décalage horaire.

«En voyant les images de vélo et de la France, ça a donné envie aux gens. Il y a eu un public qui a suivi, plutôt riche pour acheter tous les équipements. Le vélo, c'est le nouveau golf», explique Ruppert Guinness, journaliste au Sydney Morning Herald, qui couvre le Tour de France depuis 1987.

La pratique s'est étendue, en cyclotourisme plus qu'en compétition certes, pour toucher l'ensemble de la population, et le vélo est devenu un des moyens de promotion les plus populaires pour des opérations de charité.

La nouvelle frontière

Surfant sur ce «nouveau marché», l'Union cycliste internationale (UCI) a intégré le Tour Down Under au calendrier du WorldTour. L'épreuve d'ouverture de la saison amène aux Antipodes le meilleur du peloton international et bat des records d'affluence au bord des routes chaque année.

Une équipe professionnelle australienne, présentée en marge de la dernière édition du Tour Down Under, devrait voir le jour en 2012.

Baptisée GreenEdge, à financement australien, cette formation sera composée à «75% d'Australiens», a affirmé Shayne Bannan, qui dirige le projet. Elle devrait être entraînée par l'ancien coureur Neil Stephens.

Encore en constitution, elle devrait probablement inclure plusieurs valeurs montantes en fin de contrat, peut-être Matthew Goss, vainqueur de Milan-Sanremo cette année, Jack Bobridge et Cameron Meyer.

Comme leurs aînés O'Grady et McEwen, ces coureurs sont issus du prolifique vivier de la piste. Seul Evans fait figure d'exception. Son profil de grimpeur, qui le distingue de l'habituel rouleur/sprinteur australien, lui vient de sa formation de VTT.

L'objectif à atteindre sera clair pour cette formation: gagner pour la première fois un des trois Grands tours (France, Italie, Espagne).

«C'est la "nouvelle frontière" pour le cyclisme australien, explique Rupert Guinness. Si ça arrive, ce sera la fête nationale, un peu comme lorsque l'Australie a gagné pour la première fois la Coupe de l'America en 1983».