Après une décennie sur le circuit professionnel, Mardy Fish et Janko Tipsarevic n'ont pas l'habitude des foules d'un court central, des flashs à répétition et des conférences de presse qui n'en finissent plus.

Les deux joueurs, qui se disputent samedi après-midi une place en finale de la Coupe Rogers, ont chacun vécu leur carrière dans l'ombre d'un compatriote. Pour Janko Tisparevic, son partenaire de double Novak Djokovic. Pour Mardy Fish, son ami Andy Roddick.

À 29 ans, Mardy Fish devra rapidement apprendre à devenir le centre d'attention. Dans deux semaines, la huitième raquette mondiale sera l'Américain le mieux placé pour remporter le US Open, devant Roddick qui vient de sortir du top 10. Un changement de la garde qui rend Fish un peu inconfortable. « Peu importe le reste de ma carrière, elle ne sera jamais comparable à celle d'Andy, dit-il. Andy était le meilleur Américain depuis 10 ans, il a toujours composé avec toute cette pression, alors j'espère juste lui en enlever un peu cette année. »

Si Fish connaît les meilleurs moments de sa carrière à quelques mois de la trentaine, c'est qu'il a drastiquement changé ses habitudes de vie depuis une opération à un genou en 2009 qui l'a tenu à l'écart des courts durant six mois. Cet adepte de la pizza et de la restauration rapide s'est mis à la diète. « Quand vous avez cette discipline à propos de votre alimentation, vous voulez aussi gagner davantage sur le terrain », dit Fish, qui est passé de 203 à 175 livres depuis son opération.

Pour une deuxième année consécutive, l'été américain sourit à Mardy Fish, victorieux à Atlanta et finaliste à Los Angeles. À Montréal, où c'est sa première visite depuis 2003, il a atteint le carré d'as en défaisant le Suisse Stanislas Wawrinka, 14e tête de série, en trois manches de 6-3, 6-7(8) et 6-0.

Son prochain adversaire, Janko Tipsarevic, est aussi sur une belle lancée. Après un quart de finale à Washington la semaine dernière, le Serbe en sera aujourd'hui à son premier carré d'as en carrière dans un Masters. Gagne ou perd, il fera son entrée dans le top 20 mondial lundi. « J'avais deux objectifs en début d'année : finir dans le top 20 et gagner un tournoi ATP », dit celui qui a causé une surprise en éliminant en quarts de finale le Tchèque Tomas Berdych, 7e tête de série, en deux manches identiques de 6-4.

À 27 ans, Tipsarevic est plus déterminé que jamais. « Avant, je faisais juste jouer pour le plaisir, mais j'ai réalisé que vous ne pouvez pas devenir meilleur sans vous pousser et vous fixer des objectifs », dit-il.

Amateur de littérature et de philosophie - il a lu Kant, Hegel, Schopenhauer,  Nietzsche -, Tipsarevic a sa petite idée sur la cause de son manque d'engagement en début de carrière. « J'avais peur d'être rejeté si je donnais vraiment tout ce dont j'étais capable », dit-il.

L'ancien champion junior de l'Open d'Australie est aussi influencé par les succès de ses compatriotes serbes. « Si Novak est numéro un, peut-être que je peux être top 10, et ce désir vous fait devenir un meilleur joueur, dit-il. C'est de la « jalousie positive ». »