Pour la première fois depuis 2006, Rafael Nadal et Roger Federer ne sont pas les première et deuxième têtes de série d'un tournoi auquel ils prennent part tous les deux.

Derrière l'Espagnol, le Serbe Novak Djokovic a pris le deuxième rang du classement à la faveur d'une saison régulière (même s'il n'a remporté qu'un tournoi depuis le début de l'année) et du «déclin» de Federer.

C'est donc lui qui est deuxième favori cette semaine à Toronto. Il avait prévu revenir au jeu à Washington il y a deux semaines, mais il a finalement décidé d'attendre la Coupe Rogers.

«J'ai pris deux semaines de repos complet après Wimbledon et j'aurais bien aimé que ce soit plus long, a avoué ce bon vivant. J'ai rechargé mes batteries et je me sens beaucoup mieux. Je me suis entraîné intensivement depuis deux semaines et je crois être prêt pour de bons matchs cette semaine.

«Le ciment est ma surface préférée et j'ai toujours bien joué au Canada, surtout à Montréal. J'aime beaucoup ce tournoi et je crois en mes chances. J'ai vraiment hâte de reprendre la compétition.»

Djokovic sera en action dès ce soir, en double, avec Nadal. «Nous en parlions depuis longtemps et je suis heureux que nous ayons pu rendre cela possible ici cette semaine, a expliqué Djokovic. Ce sera sûrement intéressant pour les amateurs, surtout que nous jouerons tout de suite après les cérémonies d'ouverture, lundi (ce soir). J'espère que le public s'amusera parce que c'est certain que nous nous amuserons, Rafael et moi.»

C'est Andy Murray qui a remplacé Djokovic au pied levé à Washington et il a atteint la finale du tournoi. L'Anglais s'est approché tout près du premier rang l'an dernier quand il a notamment remporté la Coupe Rogers, mais il n'a encore gagné aucun tournoi cette saison. Il s'est d'ailleurs séparé récemment de son entraîneur Miles McLagan. «Faire la finale à Los Angeles m'a un peu rassuré, a raconté Murray en conférence de presse. J'ai progressé durant toute la semaine et j'ai joué un bon match contre Sam (Querrey) en finale. J'aimerais trouver un nouvel entraîneur le plus tôt possible, mais les candidats ne sont pas nombreux et je veux être certain de faire le bon choix.»

Les noms de Darren Cahill et de Paul Annacone ont été avancés par les médias britanniques, mais plusieurs experts, dont John McEnroe, croient que Murray n'a plus vraiment besoin d'un entraîneur qu'il ne semble de toute façon pas vraiment écouter. L'Anglais, un des joueurs les plus doués du circuit masculin, est en effet réputé pour n'en faire qu'à sa tête.

Des négligés en embuscade

En plus de Djokovic, de nombreux joueurs ont fait leur apparition parmi l'élite cette saison, à l'exemple du Suédois Robin Soderling, encore finaliste à Roland-Garros cette saison, ou du Tchèque Thomas Berdych, étonnant finaliste à Wimbledon après avoir éliminé Federer en quarts de finale.

Pas moins de 16 des 20 meilleurs joueurs mondiaux sont à Toronto cette semaine - il ne manque que Juan Martin Del Potro, Jo-Wilfried Tsonga et Ivan Ljubicic, blessés, ainsi que John Isner, épuisé après son marathon de Wimbledon et la cohue médiatique qui a suivi.

La plupart des favoris ont pris de longues pauses après Wimbledon et plusieurs reviennent au jeu cette semaine. Rafael Nadal n'a pas caché vendredi qu'il était «rouillé» et qu'il ne s'attendait pas à remporter le tournoi. C'est la même chose pour Federer ou Djokovic.

La porte est donc ouverte pour les outsiders.

Soderling, qui est maintenant cinquième joueur mondial, a fait d'importants progrès sur le ciment et entend bien démontrer qu'il peut répéter ses exploits de Roland-Garros sur d'autres surfaces que la terre battue.

Berdych, qui vient d'atteindre le septième rang du classement ATP, son meilleur en carrière, a fait les quarts de finale en simple et la finale en double à Washington ce week-end.

Le Croate Marin Cilic (11e favori), le Russe Mikhail Youzhny (12e), l'Autrichien Jurgen Melzer (13e) ou l'Américain Sam Querrey (16e) sont d'autres négligés qui ont connu du succès cette saison et qui seront prêts à profiter de la moindre défaillance des vedettes établies.

La liste des vainqueurs de la Coupe Rogers est impressionnante. Roddick (2003), Federer (2004, 2006), Nadal (2005, 2008), Djokovic (2007) et Murray (2009) se sont succédé au palmarès depuis sept ans.

Des joueurs peu connus comme Chris Woodruff, Thomas Johansson, Andrei Pavel ou Guillermo Canas s'étaient toutefois imposés au tournant des années 2000. Le tournoi de 2010 marquera-t-il un retour à cette tradition?