Invité à prédire l'identité du vainqueur du simple masculin des Internationaux d'Australie, Rafael Nadal prend une grande respiration, soulève ses épaules et insiste pour dire que ça ne sera pas lui.

Le lauréat de 14 titres du Grand Chelem est de retour sous les plus puissants réflecteurs du tennis mondial, après que des blessures et autres problèmes de santé l'eurent tenu à l'écart de la compétition pendant plusieurs mois. Mais retrouver toute sa confiance demeure une besogne sur laquelle il s'attarde encore.

«Je ne me vois pas comme l'un des favoris ici, a lancé l'Espagnol, classé troisième à Melbourne, lors d'une conférence de presse prétournoi samedi.

«Je vous mentirais si je disais que je me sens prêt à gagner», a ajouté Nadal, qui affrontera le Russe Mikhail Youzhny, 47e au monde, lors du premier tour lundi.

Nadal a toujours sa place au sein du fameux «Big Four», que complètent le favori du tournoi, le Serbe Novak Djokovic, le Suisse Roger Federer, deuxième tête de série, et l'Écossais Andy Murray, qui a toutefois glissé au sixième rang de l'échiquier mondial. Nadal croit que l'un de ces trois joueurs est en meilleure posture que lui pour remporter le premier des quatre tournois du Grand Chelem de la saison.

«Si l'on veut parler de favoris, les autres joueurs le sont plus que moi en ce moment, a-t-il affirmé pendant la conférence de presse, écrasé dans sa chaise et les yeux continuellement tournés vers le bas pendant qu'il parlait.

Une blessure au poignet droit suivie d'une opération à l'appendice ont tenu Nadal loin des courts pendant la majeure partie des six derniers mois de 2014, une année au cours de laquelle il a quand même connu des moments d'allégresse. Lors de la première moitié de 2014, il a remporté quatre tournois, dont les Internationaux de France pour la neuvième fois de sa carrière. Et malgré la longue absence qui a suivi, Nadal a trouvé le moyen de terminer parmi les trois premiers au classement pour la neuvième fois en dix ans.

Toutefois, sa défaite aux mains d'un joueur issu des qualifications lors du premier tour de l'Omnium du Qatar, il y a une dizaine de jours, n'a pas aidé à lui remonter le moral. Et il est le premier à admettre qu'il ne se sent pas au meilleur de ses capacités.

Questionné sur les aspects de son jeu qui le satisfaisaient, Nadal a répondu qu'il n'y en avait aucun. Il a enchaîné avec un sourire, mais il a clairement fait savoir qu'il ne blaguait pas.

«Mes services ne sont pas mauvais, mais ça va plus ou moins bien. Je me dois d'être plus dynamique sur le court.»

Au fil des ans, la durabilité de Nadal s'est souvent retrouvée au coeur des discussions, en raison de son style très combatif. L'Espagnol de 28 ans n'a pas participé aux Internationaux des États-Unis de 2012 en raison d'une blessure au genou gauche. Un an plus tard, il a triomphé à Flushing Meadows, mais n'a pas défendu son titre en 2014 à cause de sa blessure au poignet droit.

C'était la deuxième fois que Nadal choisissait de ne pas s'attaquer à la défense d'un titre d'un tournoi du Grand Chelem. En 2009, un an après son premier de deux triomphes à Wimbledon, il a raté le rendez-vous britannique en raison d'une tendinite à un genou.

Alors que s'amorce la saison 2015, Nadal hésite à dire qu'il est en forme, sachant que chaque match peut être dangereux.

Est-ce que son poignet va mieux? «Je ne sais pas. Je ne sais pas, a-t-il répondu. Je n'en suis pas encore entièrement certain.»

Et les genoux? «Ça va au niveau des genoux car ils réagissent bien», a-t-il confié.

Son dos représente aussi un point d'interrogation. En novembre, peu de temps après son opération à l'appendice, Nadal s'est soumis à un traitement par cellules souches pour réparer des cartilages.

«Pour l'instant, je dois m'occuper de cela, a déclaré Nadal, en parlant de son dos. J'espère que tout ira bien.»

Nadal sait très bien ce qu'il doit faire pour retrouver toute sa confiance: il doit gagner.

«Chaque fois que vous revenez au jeu, vous avez des doutes, vous avez la sensation que vous êtes loin d'être à votre meilleur. La seule chose que je peux dire, c'est que je dois mieux jouer. Mais la meilleure façon de mieux jouer, c'est en gagnant des matchs.»