Il y aura deux Canadiens en simple, au cours de la deuxième semaine à Roland-Garros. Le fait est rarissime en tournoi du Grand Chelem, mais il pourrait bien de se reproduire souvent au cours des prochaines années en raison des succès que connaissent Eugenie Bouchard et Milos Raonic.

Les deux athlètes canadiens ont trimé dur, hier, afin d'atteindre les huitièmes de finale à Roland-Garros. Eugenie Bouchard, 18e tête de série, a vaincu la Suédoise Johanna Larsson, 99e au monde, en deux manches de 7-5 et 6-4. De son côté, Milos Raonic, 8e tête de série, a joué du tennis inspiré pour vaincre le favori local, le Français Gilles Simon (29e tête de série), sur le court central de Roland-Garros en cinq manches de 4-6, 6-3, 2-6, 6-2 et 7-5. Considéré comme l'un des meilleurs serveurs du circuit, Milos Raonic a dû servir pour le match à deux reprises avant d'éliminer Gilles Simon, dont le jeu tout en finesse est on ne peut plus différent du sien. «C'est malheureux que j'aie dû servir deux fois pour le match, dit Milos Raonic en souriant. Mais je vis et je meurs avec mon service. J'aime donc mieux servir pour le match que le contraire.»

Comme lors de son duel précédent, Eugenie Bouchard a éprouvé quelques difficultés en début de match, perdant son service d'entrée de jeu notamment en raison de deux doubles fautes. Menant 5-4, Johanna Larsson n'était plus qu'à trois points de remporter la première manche quand Eugenie Bouchard s'est ressaisie. «J'ai démarré un peu lentement, mais je n'étais pas du tout inquiète, dit-elle. J'essayais simplement de trouver mon rythme. Je ne savais même pas qu'elle était à [trois] points du set, je me concentrais sur le moment présent.»

Scénario contraire à la deuxième manche: après avoir pris une avance de 5-2, l'athlète de Montréal l'a finalement emporté 6-4 quand elle a forcé son adversaire à déposer sa volée dans le filet. En huitième de finale, Eugenie Bouchard affrontera demain l'Allemande Angelique Kerber, 8e tête de série, qui l'a éliminée en trois manches au US Open, l'an dernier.

Une victoire importante pour Raonic en Grand Chelem

Mené deux manches à une par le Français Gilles Simon devant ses partisans, Milos Raonic s'est accroché pour atteindre les huitièmes de finale de Roland-Garros. Au cours de sa jeune carrière - il n'a que 23 ans -, il s'agit de sa première victoire en cinq manches en tournoi du Grand Chelem contre une tête de série (il avait perdu ses deux premiers matchs dans des circonstances similaires).

«C'est l'une de mes victoires en Grand Chelem les plus satisfaisantes, probablement la plus satisfaisante depuis deux ans», a dit Raonic, qui avait surpris le monde du tennis en atteignant les huitièmes de finale à l'Open d'Australie en 2011.

S'il possède l'un des meilleurs services du circuit, le Canadien de 23 ans a renforcé son jeu en fond de terrain à l'approche de la saison de terre battue. «La plus grande différence, c'est que même durant les longs échanges, je sens que je suis soit à égalité, soit en avance sur mon adversaire. Auparavant, plus l'échange durait, plus je m'éloignais de la ligne de fond, moins j'avais de chances de gagner le point», dit Milos Raonic, qui affrontera demain en huitième de finale le vainqueur du match opposant l'Espagnol Marcel Granollers (39e au monde) au Slovaque Martin Klizan (59e), interrompu hier en raison de l'obscurité.

Ancien sixième joueur mondial en 2009, Gilles Simon, 29 ans, est déçu de plier bagage, d'autant qu'il s'agit de sa troisième éliminatoire consécutive en cinq manches à Roland-Garros. Il n'a toutefois pas à rougir de sa performance, eu égard à l'identité de ses tombeurs: Stanislas Wawrinka, Roger Federer et Raonic. «Quand j'étais sur une bonne dynamique, deux fois durant le match, je l'ai [Raonic] remis dedans bêtement», dit-il.

Un joueur «perturbant»

Ce dernier duel de la journée d'hier sur le court Philippe-Chatrier opposait l'un des plus gros cogneurs du circuit à l'un des fins tacticiens. «Les trois quarts [des points qu'il a gagnés], c'est un service avec un coup droit à finir derrière, a dit Simon à propos de son adversaire d'hier. On n'est pas dans le génie tennistique. [...] Il a ses schémas, il sait ce qu'il veut faire. [...] Sa grande force, c'est d'arriver à t'amener dans ce schéma et pas un autre. On ne peut pas non plus demander à un joueur comme Milos, avec sa taille, d'avoir, je ne sais pas, le toucher d'un joueur plus petit, dit-il. Chacun ses forces. Lui, sa force, c'est encore une fois son service. Il sert à 220 km/h pendant cinq heures.»

Simon a aussi loué la capacité de Raonic à jouer son meilleur tennis lors des points importants. «La plupart des joueurs sur le circuit sont capables de mettre un coup droit gagnant huit fois sur dix et vont forcément du coup le rater plus tard au moment important, dit-il. Milos, c'est l'inverse: il est en revers, il en met très peu, et tout d'un coup, il lâche un passing important en bout de course. C'est assez perturbant.»

Photo Michel Euler, AP

Milos Raonic