Quarante-huit heures après avoir repris la place de numéro 1 mondiale, Maria Sharapova peut devenir la dixième joueuse de l'histoire à remporter les quatre tournois du Grand Chelem avec une victoire sur l'Italienne Sara Errani en finale samedi.

Même si elle en rêvait secrètement depuis quatre ans et une opération à l'épaule droite qui a failli fusiller sa carrière, il ne faut pas compter sur la Russe pour se contenter de ce retour au sommet.

Samedi, la jeune fille de Sibérie, révélée au monde à 17 ans avec une victoire surprise à Wimbledon en 2004, jouera de nouveau sa vie sur le court, avec son orgueil et sa soif inépuisable de victoire.

L'enjeu est énorme. Après avoir gagné sur le gazon de Wimbledon et les courts en dur de l'US Open, en 2006, l'Open d'Australie, en 2008, elle peut devenir la dixième joueuse de l'histoire à réussir le Grand Chelem en carrière.

Depuis le début de l'ère Open, en 1968, elles ne sont que cinq à avoir réalisé l'exploit et ce sont toutes d'immenses championnes: Margaret Court, Chris Evert, Martina Navratilova, Steffi Graf et Serena Williams. Pouvoir rejoindre cette liste représente un honneur et aussi une sacrée pression.

«Maria a beaucoup à gagner mais aussi beaucoup à perdre. Ce sera sa première finale à Roland-Garros. Ceci dit je ne pense pas que ce sera sa dernière occasion. Elle n'a que 25 ans», soulignait vendredi Martina Navratilova qui estime que «sur le papier il ne fait aucun doute que Maria gagnera».

Âgée elle aussi de 25 ans, Errani jouera sa première finale du Grand Chelem. Si elle gagne, elle créera l'une des plus grandes surprises de l'histoire du tennis, elle qui n'avait encore jamais battu une Top 10 avant le tournoi.

Joueuse tout-terrain

Elle n'aura rien à perdre. Mais elle devra déjà montrer qu'elle arrive à respirer dans l'air appauvri des finales du Grand Chelem, où l'oxygène est rare et la pression maximale, et que Sharapova a déjà expérimenté à six reprises.

«Il y a aussi le fait que Maria joue un tennis incroyable, note Navratilova. Elle remporte 80 % des jeux de service de son adversaire, c'est ridicule. Ce sera la clé de la finale. Errani a beau jouer un tennis très courageux, je ne vois pas comment elle peut résister au retour de service de Maria, sa meilleure arme, alors que son service à elle est son plus mauvais coup».

Au-delà de son retour, Sharapova, réputée pour son service avant son opération à l'épaule, est devenue une vraie joueuse tout-terrain.

Née en Sibérie mais élevée sur les courts en dur de l'Académie Bollettieri en Floride, qu'Errani a également fréquentée pendant un an, la Russe a longtemps entretenu une relation contrariée avec la terre battue. «Comme une vache sur de la glace», a-t-elle un jour résumé son déplacement sur ocre.

Ce temps-là est révolu. Au point que quatre de ses cinq derniers titres ont été conquis sur terre battue, surface sur laquelle elle n'a perdu qu'un seul de ses dix-neuf derniers matches, sur le bleu de Madrid.

À Roland-Garros, elle n'a perdu qu'un set jusque-là, contre Klara Zakopalova en huitièmes de finale. On a bien l'impression très forte qu'un destin est en marche à Paris. Errani aura-t-elle la force de l'arrêter?

Victoire en double

Sara Errani et Roberta Vinci ont remporté vendredi leur premier titre en double en Grand Chelem, défaisant les Russes Maria Kirilenko et Nadia Petrova 4-6, 6-4, 6-2.

Errani est devenue la première joueuse depuis Kim Clijsters en 2003 à atteindre les finales en simple et en double à Roland-Garros.

Les deux Italiennes demeurent invaincues cette saison sur terre battue, ayant gagné 23 matchs et obtenu les titres à Acapulco, Barcelone, Madrid et Rome.