Jo-Wilfried Tsonga devra relever le défi ultime, battre Roger Federer dans un de ses tournois préférés, le Masters, s'il veut vivre le plus grand jour de sa carrière sportive dimanche à Londres.

Les deux adversaires se sont qualifiés facilement samedi en écartant le Tchèque Tomas Berdych en deux sets 6-3, 7-5 dans le cas du Français et l'Espagnol David Ferrer sur un score quasi identique, 7-5, 6-3, dans celui du Suisse.

Il s'agira du match le plus important de la carrière de Tsonga depuis sa finale de l'Open d'Australie, perdue en 2008 contre Novak Djokovic. Ce pourrait être aussi un grand moment pour le tennis français, qui n'a jamais eu de vainqueur du Masters, Sébastien Grosjean ayant été le plus près de l'exploit lors de sa finale en 2001 contre Lleyton Hewitt.

En cas de victoire, ce match aura aussi une place à part dans le fabuleux parcours de Federer. Le champion helvétique deviendrait l'unique détenteur du record des titres au Masters avec six trophées et doublerait une nouvelle fois son grand rival devant l'histoire, Pete Sampras, comme au nombre de succès en Grand Chelem (16).

S'ils s'étaient assez peu fréquentés depuis l'éclosion du Français au plus haut niveau en 2008, Federer et Tsonga ont pu apprendre à se connaître cette saison: la finale sera leur huitième affrontement de l'année, et leur troisième en trois semaines.

Federer aura les faveurs du pronostic. Non seulement il mène 7 à 3 au total et 5 à 2 cette année, mais les deux derniers duels ont très récemment tourné à son avantage, nettement en finale du tournoi de Paris-Bercy (6-1, 7-6), et plus difficilement dimanche dernier en ouverture du Masters (6-2, 2-6, 6-4).

De bons souvenirs

Mais le Français peut tout de même s'appuyer sur de bons souvenirs pour espérer renverser la tendance. On pense bien sûr au match d'anthologie remporté par Tsonga en juillet dernier en quart de finale de Wimbledon, où il avait remonté un déficit de 2 manches à 0, mais aussi à sa victoire sur dur à Montréal le mois suivant.

Contre Berdych, le N.6 mondial a confirmé la belle impression donnée depuis le début de la semaine, notamment lors de sa victoire sur Rafael Nadal.

Solide au service (7 as), il a été très sobre en fond de court (13 fautes) et efficace lors de ses quelques montées au filet (10 points sur 14) pour remporter un beau succès, même si Berdych, sorti vainqueur de leur seul affrontement précédent, en octobre à Pékin, y a mis du sien en commettant de trop nombreuses erreurs directes (30 au total).

Dans la première manche, le Manceau n'a connu qu'une petite alerte au cinquième jeu, lorsqu'il a dû écarter deux balles de break. Mais il s'est détaché au jeu suivant en prenant l'engagement adverse pour mener 4 à 2.

Dans la deuxième, il a cru faire l'essentiel en prenant le service du Tchèque pour mener 4-3, mais ce dernier est revenu immédiatement et le break décisif n'a eu lieu qu'à 5-5.

Federer, d'ores et déjà assuré de reprendre la troisième place mondiale à Andy Murray, n'a eu aucun mal à battre l'Espagnol David Ferrer 7-5, 6-3 pour la douzième fois en douze matches, dont un en finale du Masters en 2007.

Mais il n'a pas joué un tennis aussi éblouissant que lors de sa victoire éclair sur Rafael Nadal mardi (6-3, 6-0) et a commis beaucoup de fautes directes, surtout dans la première manche. Même s'il s'est aisément tiré d'affaire grâce à sa solidité au service et à son adresse à la volée, le manque de tranchant de ses frappes, s'il se reproduisait dimanche, laisserait un espoir certain à Tsonga.