Milos Raonic est devenu cette semaine aux Internationaux d'Australie le premier joueur canadien à atteindre le quatrième tour d'un tournoi du Grand Chelem depuis 1999. En remportant six victoires en une dizaine de jours, dont un gain face au 10e mondial, le Russe Mikhail Youzhny, au troisième tour, le joueur de 20 ans s'est imposé avec éclat. Même les Américains - qui sont en manque de jeunes joueurs de talent -  ont été charmés par ses gros services (94 as, dont le plus rapide du tournoi à 140 km/h) et ses allures de teen idol.

Battu lundi par le septième favori David Ferrer, non sans avoir enlevé la première manche d'un match conclu 4-6, 6-2, 6-3, 6-4 en faveur de l'Espagnol, Raonic était comblé par ses performances des derniers jours.

«J'ai appris beaucoup, aujourd'hui contre un joueur de ce calibre, mais aussi au cours des deux dernières semaines, a expliqué le Torontois en conférence de presse. Le plus important, c'est que je ne suis vraiment pas très loin de ce niveau d'une semaine à l'autre.

«Cela me procure une grande source de motivation, tout en confirmant la valeur de tout le travail que nous avons accompli au cours des dernières années. Je sais que je peux maintenant disputer les prochains tournois avec confiance, me préparer en conséquence et tenter d'y faire des "dégâts" et de continuer ma progression au classement.»

En plus d'une bourse de 93 000 $, sa performance en Australie lui permettra d'accéder au 97e rang mondial, une première percée dans le top 100 en carrière pour lui. Avant lui, seuls Daniel Nestor (Wimbledon 1999) et Martin Laurendeau (US Open 1988) s'étaient rendus aussi loin en tournois majeurs.

Pas juste un service

Le Québécois Frédéric Niemeyer, qui a entraîné Raonic l'an dernier et qui a lui-même déjà été 134e du classement WTA, ne doute pas des succès futurs de son protégé. «Cela fait longtemps qu'on voit qu'il a un gros potentiel, a-t-il souligné en entrevue. Tennis Canada a beaucoup investi en lui et ses performances des derniers jours confirment, si c'était nécessaire, que nous ne sommes pas des fous!

«Il ne faut pas oublier que cela fait déjà trois semaines qu'il est à Melbourne. Il a commencé son tournoi avant les favoris et a dû remporter trois matchs de qualifications pour accéder au tableau principal. Il a ensuite battu trois joueurs du top 100, dans le 24e et le 10e du classement. C'est une performance colossale.

La saison dernière, Niemeyer a beaucoup travaillé à diversifier le jeu de Raonic. «Tout le monde sait qu'il a un gros service, mais ce n'est pas tout. Son coup droit est excellent et il se débrouille bien au revers. Il peut aussi monter au filet et sait adapter sa stratégie quand c'est nécessaire. Bref, il a une grosse valise et sait bien utiliser tous ses atouts.»

Doué physiquement, Raonic est aussi fort dans la tête. «On parlera de son entrée dans le top 100, mais cela n'a jamais été un objectif pour lui; il se voit bien plus haut que cela! note Niemeyer. Il a une grande confiance en ses moyens et vise les premiers rangs du classement mondial, rien de moins.»

Désormais assuré d'accéder directement aux tableaux principaux des prochains tournois majeurs, Raonic devra faire la preuve qu'il peut briller sur toutes les surfaces. «Il sera très bon sur le gazon dans quelques saisons, estime Niemeyer. La saison sur gazon est très courte et Milos n'y a plus joué depuis un bon bout de temps.

«Mais son jeu convient très bien à cette surface et il y brillera quand il aura fait son apprentissage. Même Federer a dû apprendre pendant quelques années à Wimbledon. On voit où cela l'a mené...

«Quant à la terre battue, cela restera sans doute sa moins bonne surface. Mais son «pire» à lui restera toujours supérieur au «meilleur» de la plupart des joueurs», explique Niemeyer, qui a renoncé à entraîner Raonic pour éviter de rembarquer dans une vie loin de sa famille.

C'est maintenant l'Espagnol Galo Blanco, un proche du clan Nadal désormais au service de Tennis Canada, qui entraîne Raonic et il saura sûrement refiler quelques trucs à son joueur pour l'aider à tirer son épingle du jeu à Barcelone, à Monaco ou à... Paris.