Après avoir surmonté une sévère dépression, Jelena Dokic, ancienne N.4 mondiale mais surtout connue pour les frasques de son père, revient en pleine lumière à l'Open d'Australie.

«Je suis descendue aux enfers et j'en suis revenue», décrit l'Australienne d'origine serbe qui n'y va pas par quatre chemins pour décrire la route tourmentée qu'elle a empruntée ces dernières années.

«J'ai souffert d'une sévère dépression nerveuse, vous ne pouvez pas imaginer ce que ça représente pour moi, c'est un miracle», a-t-elle éclaté en sanglots après sa victoire au premier tour face à Tamira Paszek lundi.

Deux jours plus tard, elle a battu avec Anna Chakvetadze, 18e mondiale, sa première fille du Top 20 depuis octobre... 2003, signant à 25 ans un retour «proprement inimaginable il y a encore six mois».

C'est peu dire que Dokic, qui affrontera Carolina Wozniacki vendredi en soirée, revient de loin. Arrivée en Australie à l'âge de onze ans avec son père, Damir, un Serbe fuyant la Croatie en pleine guerre, elle a suscité d'énormes espoirs dans son pays d'adoption en se hissant jusqu'en demi-finales de Wimbledon en 2000. À seulement 17 ans.

Mais rapidement, elle a surtout fait parler d'elle par le biais des dérapages de son père. Coups de poings à des photographes, insultes envers les adversaires de sa fille, Damir collectionnait les scandales.

À l'US Open en 2000, il s'est fait exclure du stade pour s'en être pris au personnel à cause du prix d'un sandwich au saumon. L'année suivante, il a assuré que le tirage au sort de l'Open d'Australie avait été truqué.

«C'était dur à vivre pour moi. J'étais si jeune, je ne me rendais pas vraiment compte, a dit Jelena. Mais à 19 ans j'ai craqué.»

«Je ne parle plus à mon père»

Son père a fini lui par se faire exclure définitivement du circuit WTÀ et rapatria alors toute sa famille à Belgrade. Jelena n'allait pas tarder à s'écrouler. Fin 2005, elle n'occupait plus que la 370e place mondiale.

La jeune femme décida alors de se donner une seconde chance en revenant s'établir en Australie, loin de son géniteur. Celui-ci, furieux, menace alors de la kidnapper et hurle sa haine dans les colonnes d'un journal serbe.

«J'ai pensé lancer une bombe atomique sur Sydney depuis que Jelena a perdu au premier tour cette semaine, une défaite dont l'Australie est responsable, fulmina-t-il en 2006. J'ai même pensé tuer un Australien pour me venger, mais cela ne m'apporterait rien.»

Jelena, elle, continuait à plonger pour pointer au 617e rang mondial en novembre 2006. «J'étais au fond du trou, en 2007 je n'ai pas touché une raquette pendant sept mois. Je ne savais pas si j'allais m'en sortir.»

Avec l'aide de son petit ami - «il a toujours été là» - elle a doucement remonté la pente. «Je me suis accrochée et un jour ça a fait clic.» Elle a joué 45 matches en 2008 dans des tournois de seconde zone, et en a gagné trente.

Mais elle a perdu beaucoup de choses en route. Sa famille surtout. «J'ai parlé avec personne pendant des années, c'était très dur. J'essaye aujourd'hui de recoller les morceaux avec ma mère et mon jeune frère. Ce n'est pas évident du tout. Mais je ne parle plus à mon père depuis des années.»

«J'ai connu tellement de bas dans ma vie. Les difficultés que je peux rencontrer sur un terrain de tennis ne sont rien à côté. Ce que je vis ici est peut-être une récompense après tous ces malheurs.»