Quand un boxeur prédira qu'il s'attend à perdre un combat, ce sera la première fois. Mais à l'aube de la troisième défense de son titre de champion du monde des mi-lourds de la WBC, Adonis Stevenson ne semble pas inquiet du tout. Pas le moindrement.

C'est samedi soir au Centre Bell que Stevenson affrontera le Polonais Andrzej Fonfara qui, sans surprise, est persuadé de l'emporter, lui aussi. Mais certainement pas autant que son redoutable adversaire.

«Je vais gagner par K.-O., samedi. Vous allez voir un beau spectacle. Je lui donne moins de 6 rounds», a prédit Stevenson, hier, au terme d'un bref entraînement ouvert au public.

«Je m'en vais faire un travail. Je veux donner un bon spectacle et je veux gagner par K.-O.», a poursuivi le champion, qui estime que Fonfara ne sait pas ce qui l'attend.

«Tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas monté dans le ring avec moi, il ne peut pas s'imaginer combien ça peut faire mal. C'est normal. Il n'a jamais boxé contre un gars aussi puissant que moi.»

Il serait assez difficile pour Fonfara d'avoir affronté un boxeur aussi puissant que Stevenson. Du moins, selon Yvon Michel, qui estime que son poulain est le cogneur par excellence du monde de la boxe.

«Adonis est un athlète exceptionnel et un cogneur d'exception. Il est réellement le meilleur au monde à ce niveau. Il a déjà cette reconnaissance aux États-Unis et ça s'en vient ici, j'en suis convaincu», a dit le promoteur.

Michel est également d'avis que c'est précisément en raison de la force de frappe de Stevenson que la popularité du boxeur québécois ne cesse d'augmenter aux États-Unis.

«C'est la première fois de l'histoire que les revenus de la télé internationale et de la télé américaine vont dépasser ceux du Canada [pour un combat au Québec]. Adonis est déjà une grande vedette au niveau international et aux États-Unis, encore plus qu'il ne l'est au Québec. Mais ça va venir. Ça a pris un bon bout de temps avant que Georges St-Pierre soit aussi reconnu ici qu'aux États-Unis», a rappelé le chef du groupe GYM.

Michel prévoit que l'assistance au Centre Bell se situera entre 7000 et 8000 personnes, samedi soir. «On est satisfaits, étant donné qu'on n'a pas eu beaucoup de place dans les médias en raison des succès en séries du Canadien», a-t-il souligné.

Superman

Le clan Fonfara a fait sourire bien des gens au cours des derniers jours en soutenant que le chemin le plus court pour remporter un championnat du monde passait par Stevenson, plutôt que par Bernard Hopkins ou encore Sergey Kovalev.

«Les autres combats n'auraient pas été payants, alors c'est normal qu'ils disent ça! C'est moi qui ai les réseaux de télévision et qui suis la grosse vedette. Il va se faire "knocker", mais au moins il aura une bonne paie!», a lancé Stevenson, hier.

Et même si Fonfara était actuellement au sommet de sa forme après avoir mené ce qui serait le meilleur camp d'entraînement de sa carrière, on le répète, Stevenson ne semble pas trop craindre le boxeur de Chicago.

«Même s'il s'était entraîné sur la planète Mars, ça m'importe peu. De toute façon, je suis Superman et je suis d'une autre planète moi aussi!

«Tous les boxeurs qui m'affrontent ont eu leur meilleur camp d'entraînement à vie et c'est la même chose pour lui. Mais contre Superman, ça ne change rien.»

Un choc Stevenson-Pascal?

On a pu prendre des nouvelles de Jean Pascal, qui a assisté à l'entraînement de Stevenson, hier. Pascal a présenté son premier gala en tant que promoteur, le 16 mai, dans l'État du Connecticut. Il a aussi repris l'entraînement et prévoit remonter sur le ring en septembre. Doit-on s'attendre à un combat revanche entre lui et Lucian Bute, qu'il a facilement vaincu en janvier dernier?

«Sincèrement, ça n'apporterait rien à ma carrière de me rebattre contre Lucian Bute, mais si les fans veulent voir un deuxième combat... Je suis un homme de parole et je crois que tout le monde a le droit d'obtenir une deuxième chance», a dit Pascal, qui est plus sollicité qu'auparavant depuis sa victoire contre Bute.

«Ma popularité a haussé d'un cran. Lorsque je marche dans la rue, il y a même des gens qui s'arrêtent en voiture afin de venir se faire photographier avec moi. C'est plaisant, car ça démontre que les gens reconnaissent ce que je fais et qu'ils l'apprécient. Ça fait taire les mauvaises langues qui disaient que Jean Pascal n'était pas aimé au Québec.»

Par ailleurs, les chances de voir un choc Stevenson-Pascal au cours de la prochaine année sont très minces, mais Michel et Pascal n'ont pas fermé la porte à un éventuel combat entre les deux Québécois. «Si les deux le désirent, ça va se faire, mais pas à court terme», a précisé Michel.

«En tant que promoteur, je commence à mieux comprendre Yvon. C'est sûr qu'il préférerait avoir deux poulains qui sont champions du monde et deux entrées d'argent plutôt qu'une», a souligné Pascal, qui a vaincu Stevenson à deux reprises dans les rangs amateurs.

«Contrairement à ce que disent certaines personnes, les combats n'étaient pas serrés. Adonis s'est amélioré depuis ce temps, mais moi aussi. Je ne sais pas si le chemin pour redevenir champion du monde passera par Adonis ou par Kovalev, mais c'est mon but ultime», a indiqué Pascal qui, comme une majorité de gens, ne donne pas cher de la peau de Fonfara contre Stevenson.

«Ça va être intéressant, mais je pense que Stevenson est trop gros et trop fort. On sait tous qu'il ne veut jamais veiller tard lorsqu'il embarque sur le ring. Il sait qu'il n'est pas payé à l'heure. Alors je pense que ce sera un combat court et que Stevenson va gagner par knock-out au quatrième ou au cinquième round.»