Devant les caméras de la télé américaine et 2853 spectateurs au Centre Bell, Adonis Stevenson a livré vendredi soir une performance sans faille. Il a pris moins de cinq minutes pour anéantir l'Uruguayen Noe Gonzalez et signer une victoire par K.-O. technique au deuxième round.

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Stevenson (18-1, 15 K.-O.) s'est rué sur Gonzalez (28-2, 20 K.-O.) dès la deuxième reprise. Il a réussi à acculer son adversaire dans un coin du ring pour le pilonner: des droites, mais surtout des gauches, sa main forte, qui ont labouré l'une après l'autre Gonzalez.

«J'ai vu que je lui avais fait mal avec un crochet alors j'ai foncé», a raconté le Montréalais.

Gonzalez est demeuré debout, mais chancelant. Son regard perdu et sa garde ouverte ont convaincu l'arbitre Michael Griffin de mettre fin au combat à 1:40 du deuxième round. Des spectateurs ont hué la décision, trop rapide à leur goût.

Mais le gérant de l'Uruguayen l'estimait juste. «C'est certain que Noe était encore sur ses pieds, mais la priorité, c'est sa santé, et l'arbitre a pris la bonne décision», a déclaré Sergio Marquez après le combat.

Cette victoire - une cinquième avant la limite - vient placer Stevenson tout proche d'un combat de championnat du monde. Le boxeur de 34 ans pourrait devenir l'aspirant obligatoire du champion super-moyen (168 livres) du WBC, Andre Ward, ou de celui de l'IBF, un certain Lucian Bute.

En conférence de presse après l'affrontement, Stevenson les a d'ailleurs mis au défi de se mesurer à lui. «J'aimerais affronter Andre Ward ou Lucian Bute, mais entre les deux, je préférerais Lucian Bute, à Montréal, a lancé le gaucher. Ce serait un pas mal bon combat!»

Son prochain adversaire devrait plutôt être l'Américain Anthony Dirrell (24-0, 21 K.-O.). Le promoteur Yvon Michel a rappelé qu'Andre Ward songe à refuser une défense obligatoire de son titre contre Dirrell et il devrait donc l'abandonner. Stevenson, qui grâce à sa victoire sera classé juste derrière l'aspirant obligatoire, pourrait l'affronter pour la ceinture WBC. Une perspective lointaine, mais réaliste, selon Yvon Michel.

Le promoteur fonde d'ailleurs beaucoup d'espoir en Stevenson. Le gaucher de 34 ans n'est plus jeune, mais il semble invulnérable depuis qu'il a changé d'entraîneur l'hiver dernier. Son association avec Emanuel Steward et le Kronk Gym de Detroit l'a «complètement transformé», selon ses propres mots.

L'entraîneur, membre du Temple de la renommée de la boxe, qui encadre aussi le champion poids lourd Vladimir Klitschko, a multiplié les éloges pour son boxeur après la victoire.

«Je pense qu'Adonis peut battre tous les 168 livres et même Lucian Bute. Il peut battre les meilleurs, a dit Steward. Il est tellement précis avec ses coups, il a des instincts naturels qu'on ne peut pas enseigner. Il est le genre de boxeur qu'on voit une fois par génération.»

Personne ne peut nier qu'Adonis Stevenson est désormais - avec Jean Pascal, qui pourrait se battre cet été pour une ceinture - le Montréalais le plus susceptible de devenir champion du monde dans un avenir rapproché.

Eleider Alvarez presque parfait

Si Adonis Stevenson est une machine à K.-O., Eleider Alvarez (8-0, 5 K.-O.) en est une à jabs. Il l'a démontré encore une fois lors du combat de soutien principal. Le Colombien expatrié à Montréal s'est servi de cette arme passe-partout de la boxe, qu'il maîtrise à merveille, pour neutraliser Rayco Saunders (22-16-2, 9 K.-O.).

Alvarez a remporté les huit rounds et une décision unanime des juges. Peut-être aurait-il pu prendre plus de risques, d'autant que son combat était lui aussi diffusé sur al chaîne ESPN2. Il pourra se reprendre le 8 juin, lors d'un gala présenté par GYM au Centre Bell, en plein week-end du Grand Prix. Le Colombien devrait alors assurer la finale.

Les combats d'Adonis Stevenson et d'Eleider Alvarez ont tous deux été présentés par ESPN2. La série Friday Night Fights du réseau américain attire en moyenne de 600 000 téléspectateurs.