Un vieux de 45 ans peut-il vraiment redevenir champion du monde? Bernard Hopkins tentera de répondre à cette question par un gros oui, le 18 décembre au Colisée de Québec.

Ce soir-là, le boxeur originaire de Philadelphie fera face à un rival beaucoup plus jeune en Jean Pascal. En fait, Pascal n'avait que 6 ans quand Hopkins a livré son premier combat de boxe chez les pros!

Mais ce léger détail ne semble pas importuner Bernard Hopkins, qui s'est présenté aux médias québécois, hier, en affichant de la confiance. Beaucoup de confiance. Hopkins a parlé, parlé, parlé, en enfilant un mélange d'anecdotes et de blagues pour bien se mettre en évidence... et voler le spectacle.

S'il est inquiet, il ne le montre surtout pas.

«Je suis le professeur, et je vais donner une leçon à l'élève, a-t-il répété. Quand je suis prêt à relever un défi, rien ne m'arrête. J'ai battu Kelly Pavlik il y a deux ans, il avait 25 ou 26 ans. En 2001 à New York, j'avais 35 ans et j'étais considéré comme trop vieux quand j'ai battu Felix Trinidad, qui était le favori devant ses fans. Pour moi, il n'y a rien de mieux que de prouver aux gens qu'ils ont tort.»

Hopkins (51-5-1, 32 K.-O.) a tenu à rappeler que Jean Pascal (26-1, 16 K.-O.) n'est pas le premier jeune champion qu'il ait affronté. «J'ai l'habitude de ruiner des carrières», a-t-il expliqué en souriant.

Pendant que Hopkins parlait sans arrêt - et quand il ne parlait pas, il pianotait sur le clavier de son portable sans arrêt -, le clan Pascal était plus tranquille. «S'il boxe autant qu'il parle, on va peut-être avoir un bon combat le 18 décembre», a ironisé Marc Ramsay, entraîneur de Jean Pascal.

Pour la première fois de sa carrière, Jean Pascal, en effet, se retrouve devant un rival qui est plus fort en gueule que lui. «Il s'agit du combat le plus important de ma carrière, a estimé le Québécois. Hopkins est comme un bon porto, meilleur avec l'âge. J'ai beaucoup de respect pour lui, mais le respect va s'arrêter sur le ring.»

On a beaucoup parlé de la portée historique de ce combat hier, le promoteur Yvon Michel affirmant que ce choc au Colisée de Québec en décembre se classe déjà comme l'un des quatre combats les plus importants jamais présentés au pays.

Dans le monde de la boxe, les avis sont partagés; certains voient en Hopkins un boxeur qui s'accroche depuis trop longtemps, d'autres voient plutôt en lui un dangereux vétéran qui connaît tous les trucs du métier.

D'ailleurs, le boxeur américain Omar Sheika, qui a annoncé sa retraite après sa défaite contre Adrian Diaconu vendredi soir au Centre Bell, a confié il y a quelques jours qu'il ne comprenait pas pourquoi Pascal avait dit oui à Hopkins. «Parce que Bernard est salaud et il peut faire mal paraître n'importe qui», a soutenu Sheika.

Ce qui est certain, c'est que Hopkins revient d'une performance décevante face à Roy Jones Jr, qu'il a battu par décision unanime en avril à Las Vegas. «J'ai été frappé derrière la tête et, à un certain moment, je voyais deux ou trois Roy Jones, a expliqué le vétéran hier. Je n'ai jamais pensé à tout abandonner après ce combat-là. Pourquoi je le ferais? J'ai la chance de redevenir champion du monde à 45 ans. Vous pensez que durant toute ma carrière, je n'ai jamais vu des types comme Jean Pascal? Regardez ma fiche.»

Lors de son illustre carrière, Hopkins n'a été battu que par Jones, Clinton Mitchell, Jermain Taylor et Joe Calzaghe. La défaite contre Calzaghe, par décision partagée en 2008, est d'ailleurs sa dernière, Hopkins ayant remporté ses trois combats depuis, y compris une victoire qui avait surpris bien des gens face au monarque des 160 livres, Kelly Pavlik, en octobre 2008.

En 22 ans de carrière chez les pros, Hopkins n'a jamais subi la défaite par K.-O. Il s'agira seulement de son troisième combat à l'extérieur des États-Unis.

Pascal, lui, en sera à la quatrième défense de son titre des mi-lourds (175 livres) du WBC, après avoir repoussé Chad Dawson, Adrian Diaconu et Silvio Branco. Il détient sa ceinture de championnat depuis sa première victoire sur Diaconu, survenue en juin 2009.

«C'est le début d'une nouvelle ère», a dit Pascal en regardant Hopkins, hier.

On peut dire que la table est mise.