Rarement deux athlètes ont-ils dominé leur discipline comme le font Mikaël Kingsbury et Alexandre Bilodeau cette saison en bosses. Chaque épreuve de la Coupe du monde de ski acrobatique est l'occasion d'un nouveau duel entre ces deux champions d'exception et ils seront les grandissimes favoris de la compétition olympique à Sotchi.

Même s'ils s'entraînent souvent ensemble, Mikaël Kingsbury et Alexandre Bilodeau ont des styles bien différents. Avec leurs entraîneurs, les coéquipiers et leurs familles, nous avons tracé leurs portraits... en superhéros!

Leurs personnages: Batman et Superman

Le panthéon des superhéros est riche en personnages plus grands que nature, mais nous en avons trouvé deux qui correspondent assez bien à nos deux champions. Plus âgé que ses équipiers, plus secret dans sa préparation, Bilodeau aime entretenir une part d'ombre et c'est à la manière de Batman qu'il impose sa supériorité. Il partage aussi avec Bruce Wayne une grande intelligence tactique, le sens des études et de l'argent. Le champion olympique cache un étudiant en finances qui aura sûrement une après-carrière chargée!

Au contraire, Kingsbury se mêle aux autres skieurs et reste toujours détendu... jusqu'au moment où il entre en piste! On découvre alors un Superman toujours en pleine maîtrise de la situation et capable de trouver les arguments pour s'imposer. Et comme Clark Kent, Mikaël affiche une désinvolture désarmante qui cache ses grandes ambitions et sa volonté de vaincre.

Leur technique: agressif et fluide

Sur le plan technique, Bilodeau-Batman a tendance à skier sur l'avant de ses skis, de façon très agressive, ce qui lui permet d'être toujours à la limite et d'aller très vite. L'inconvénient, c'est que ce style rend évidente la moindre erreur et qu'il perd parfois le bénéfice d'une excellente descente par la faute d'une petite bévue. Mais ce style aide aussi Alex à se démarquer de tous ses rivaux... sauf de Mikaël.

Très constant, Kingsbury-Superman skie davantage au centre de ses skis dans un style très fluide qui dissimule aisément les petites erreurs... qu'il ne commet pratiquement jamais! Les entraîneurs notent qu'il a beaucoup progressé sur le plan de la vitesse, au point d'être maintenant aussi rapide que les meilleurs quand il le juge nécessaire. Cette capacité d'adaptation est d'ailleurs l'une de ses grandes qualités.

Leurs sauts: chacun sa force

Comme chacun sait, Superman peut voler et c'est souvent sur les deux tremplins de saut que Kingsbury fait la différence; surtout sur celui du bas, en fait, où sa maîtrise technique lui permet habituellement de réussir à la perfection le très difficile «Cork 1080». Encore là, la faculté d'adaptation de Mikaël l'aide à conserver sa vitesse jusqu'au pied du tremplin sans sacrifier la qualité du saut.

C'est davantage sur le tremplin du haut que Bilodeau est parfaitement à l'aise avec un «Back double full» - un saut qu'il maîtrise depuis longtemps -, même si les juges ne lui ont pas toujours accordé cette saison les notes qu'il aurait méritées. Il travaille depuis le début de la saison à arriver plus rapidement sur le deuxième tremplin et espère y parvenir à Sotchi.

Leur «mental»: une affaire de pression

Il faudra toutes les qualités mentales d'un superhéros pour composer avec la pression terrible de la compétition olympique à Sotchi. Comme Batman, Bilodeau va mobiliser toute la rage de vaincre qui lui permet de se surpasser dans les grandes occasions. Pour lui, le défi sera surtout de bien canaliser sa force mentale et d'éviter d'être emporté par son enthousiasme.

Kingsbury, comme Superman, se comporte tel un extraterrestre, apparemment insensible à la pression. Les spécialistes restent incrédules devant son calme, l'un d'eux prétendant même qu'au contraire de la plupart de ses rivaux, Mikaël n'a guère besoin d'un psychologue sportif, «qui risquerait de lui mettre des doutes dans la tête»!

Le meilleur?

Aller savoir qui d'Alex ou de Mikaël va s'imposer à Sotchi. Chacun a les atouts pour bien faire aux Jeux, ce qui rend l'issue de leur duel particulièrement incertaine. On aurait simplement envie de «que le meilleur gagne», mais peut-on vraiment trancher entre Batman et Superman?

________________________________________________

Fiches techniques (avant Val Saint-Côme)

ALEXANDRE BILODEAU

> Né à Montréal le 8 septembre 1987 (26 ans)

> Champion olympique en bosses à Vancouver en 2010 (11e en 2006 à Turin)

> Trois fois champion du monde des bosses en parallèle (2009, 2011, 2013)

> Vainqueur de la Coupe du monde en 2009

> 17 victoires et 44 podiums en Coupe du monde

> Membre de l'équipe nationale depuis 2004

> Entraîneur: Michel Hamelin

* * *

MIKAËL KINGSBURY

> Né à Deux-Montagnes le 24 juillet 1992 (21 ans)

> Champion du monde en bosses en 2013

> Vainqueur du la Coupe du monde en 2012 et 2013

> 19 victoires et 34 podiums en Coupe du monde

> Membre de l'équipe nationale depuis 2009

> Entraîneurs: Rob Kober et Steve Omischl