La candidature du patron de la Confédération asiatique (AFC) Mohamed Bin Hammam à la présidence de la Fifa, annoncée vendredi, constitue une menace sérieuse pour Joseph Blatter, chef incontesté de la Fédération internationale depuis 1998 et qui postule à un 4e mandat.

Le scrutin prévu le 1er juin lors du Congrès de la Fifa à Zurich ne sera pas une formalité pour le dirigeant suisse, âgé de 75 ans. Car avec le Qatariote Bin Hammam, M. Blatter, réélu en 2007 sans adversaire et par acclamation, se voit opposer un challenger coriace qui peut s'appuyer sur la puissante AFC, forte de 46 membres, pour porter sa voix.

Les révélations sur des cas de corruption touchant le Comité exécutif (CE) de la Fifa ont fragilisé le tout puissant Blatter alors que la cote de Bin Hammam est au plus haut depuis l'attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar.

Soutien du Suisse lors des derniers scrutins, le Qatariote, sentant le contexte nettement plus favorable, a donc cette fois décidé de jouer sa carte personnelle après avoir pris le pouls des différentes Confédérations.

«Transparence»

D'ores et déjà, M. Bin Hammam, 61 ans, a porté le débat là où ça fait le plus mal, égratignant la longévité de Sepp Blatter à la tête de l'institution mondiale.

«Blatter est une personne d'expérience, sa contribution a été essentielle pour le développement du football à travers le monde mais je crois qu'il y a une limite à tout. Le temps est venu pour un nouveau visage», a-t-il déclaré vendredi à Kuala Lumpur, siège de l'AFC, en dévoilant sa candidature.

L'un de ses chevaux de bataille est ainsi la limitation du nombre de mandats du président de la Fifa.

M. Bin Hammam est allé plus loin vendredi, proposant de remplacer un CE décrédibilisé par les affaires de corruption par un «Board» de 41 membres. Un «Bureau exécutif» restreint, composé des présidents des six Confédérations, serait aussi créé.

Autre projet: réduire le poids de l'administration de la Fifa et transférer certains domaines de compétence (affaires juridiques et statutaires, transferts) aux Confédérations.

Mais M. Bin Hammam, patron de l'AFC depuis 2002, doit lui-même faire face à des critiques sur son autoritarisme qui ont failli lui coûter son fauteuil au CE de la Fifa. D'où les gages et les promesses formulées vendredi avec un maître mot, «transparence».