Si vous aviez l'intention d'encourager la sélection canadienne à la prochaine Coupe du monde de soccer, il faudrait peut-être mieux ébaucher de nouveaux plans pour meubler les belles journées de votre été 2010.

La perspective de voir les «Canucks» débarquer en terre sud-africaine pour le début du Mondial prévu dans exactement 610 jours nous paraît sombre après les résultats catastrophiques des dernières semaines en qualifications dans la zone CONCACAF.

 

Un seul petit point après trois matchs dans le groupe 2 - dont deux à la maison - laisse croire que le Canada aura bien besoin d'un petit miracle au cours de la prochaine semaine pour au moins se rendre jusqu'en ronde finale qualificative.

Actuellement troisième de son groupe, derrière le Mexique (neuf points) et le Honduras (six points), mais devant la Jamaïque grâce à une meilleure différence de buts, le Canada doit se hisser parmi les deux premiers pour survivre à une autre élimination hâtive, malgré des attentes élevées en début de parcours.

Ne disait-on pas après tout que notre équipe nationale tablait sur l'un des meilleurs effectifs de son histoire pour espérer retrouver la grand-messe du football après son unique participation en 1986?

Les premières bases d'un retournement complet de situation devront être jetées samedi à San Pedro Sula, au Honduras, alors qu'une défaite des joueurs du sélectionneur Dale Mitchell confirmera leur élimination.

Puis, à peine quatre jours plus tard, les Canadiens accueilleront à Edmonton le Mexique, puissance par excellence de la zone continentale, dans une autre représentation de cette mission où le moindre faux-pas sera interdit, à la condition d'être encore en vie avant le coup d'envoi.

Des gaffes

Et des gaffes impardonnables, il y en a eu dans chaque match ou presque au mois d'août. D'abord quand le gardien Pat Onstad a maladroitement dévié dans son filet un coup de pied de coin jamaïcain pour finalement concéder un match nul - et voir deux points au classement s'envoler- sur la surface artificielle du BMO Field de Toronto.

Ce fut ensuite une deuxième mi-temps marquée par le relâchement et le faible soutien des supporteurs qui n'a pas favorisé la cause canadienne dans un stade Saputo qu'on aurait cru déménagé à Tegucigalpa tellement le contingent hondurien dans les tribunes était important. Et nul besoin d'insister sur le manque d'inspiration de certains joueurs au Mexique, déjà abattus par les statistiques avant même d'avoir mis les crampons au stade Victor Manuel Reyna.

Un modeste budget

Comme quoi l'Association canadienne de soccer (ACS) ne devrait peut-être pas porter tout le blâme pour les insuccès de l'équipe nationale. Il est vrai qu'avec son modeste budget annuel de 13 millions pour l'ensemble de ses programmes, l'ACS ne peut offrir ni le traitement, ni les conditions d'entraînements, ni les matchs préparatoires que souhaiteraient les Julian de Guzman et Dwayne De Rosario.

Mais aurait-il été préférable de saboter les programmes de jeunes déjà négligés et mettre en péril le développement à long terme au profit d'une équipe senior coupable de péchés sportifs? Certainement pas.

La tentation de montrer du doigt le sélectionneur Mitchell ne manque pas non plus, tant par ses choix tactiques que par son palmarès peu impressionnant.

De nombreux supporteurs préféreraient voir à sa place un entraîneur étranger aux méthodes éprouvées, mais évidemment plus coûteuses, comme Rene Simoes, pisté l'an dernier par l'ex-président de l'ACS Colin Linford.

Le tacticien brésilien, aux exigences salariales trop élevées pour l'enveloppe budgétaire canadienne, avait choisi de diriger la Jamaïque avant d'être viré le mois dernier pour ses résultats décevants.

Mais avant de se lancer dans une tirade concernant le manque d'investissements dans le soccer canadien, le peu de collaboration avec les clubs professionnels ou quelue autre pépin, laissons aux Canadiens la chance de nous montrer enfin du beau jeu au Honduras.

Pour garder artificiellement vivants les espoirs de 2010 ou plus probablement pour repousser une élimination presque inévitable.