La FIFA et le syndicat international des joueurs (FIFPro) ont conseillé vendredi à l'Uruguayen Luis Suarez de se faire soigner, après sa lourde sanction pour morsure en récidive.

Invité à adresser un message à Suarez, via le point presse quotidien du Mondial 2014, Jérôme Valcke, le numéro deux de la FIFA, a pris le temps de se redresser et d'ajuster sa veste pour bien peser ses mots.

«Est-ce que j'ai un message personnel pour Luis Suarez? C'est difficile de dire quelque chose sans être critiqué, mais il doit trouver le moyen d'arrêter, il doit suivre un traitement pour ne plus le refaire, ce qu'il a fait est définitivement mal», a-t-il lâché.

«Quand vous êtes joueur d'une des 32 équipes à la Coupe vous devez montrer le meilleur du meilleur, ce qu'il a fait est inacceptable, c'est au-delà d'une question de fair-play, ce n'est pas la première fois qu'il le fait; une fois c'est un incident, plus d'une fois, ce n'est plus un incident», a poursuivi le Français.

Ce message fait écho à celui de la FIFPro. Selon le syndicat international des joueurs, Suarez «doit avoir toute l'aide dont il a besoin pour gérer toutes les questions en dehors du terrain auxquelles il pourrait être confrontées en ce moment. Ce qui veut dire avant tout une réhabilitation (de son image) et un traitement conséquent du joueur».

«La FIFPro croit que le traitement doit faire partie de la sanction», souligne le syndicat, qui demande entre les lignes une réduction de suspension en appel et que le traitement fasse partie de la sanction.

«Il a besoin d'une aide psychologique. Quand il voit qu'il ne peut pas gagner ou que quelque chose lui résiste, il réagit parfois comme cela», a également abondé Frank De Boer, qui fut l'entraîneur de Suarez avec l'Ajax d'Amsterdam.

Chiellini trouve la sanction «excessive»

Tous ces appels à une prise en charge psychologique interviennent au lendemain de la sanction de la Commission de discipline indépendante de la FIFA, qui a suspendu Suarez pour neuf matchs, le privant également pour quatre mois de toute activité liée au soccer.

Paradoxalement, Suarez a trouvé un avocat: cette sanction a été jugée «excessive» par sa victime, l'Italien Giorgio Chiellini, dont l'épaule gauche avait été attaquée par ses dents rageuses, mardi lors du succès de l'Uruguay (1-0).

«Je n'ai en moi aucun sentiment de joie, de revanche ou colère contre Suarez pour un incident qui s'est produit sur le terrain et s'est achevé là. Il n'y a que la colère et la déception pour la partie perdue», a indiqué Chiellini sur sa page Facebook.

«En ce moment mes pensées vont vers Luis et sa famille car ils affronteront une période très difficile», poursuit le défenseur italien, mordu à l'épaule gauche lors du match gagné 1-0 par l'Uruguay, ainsi qualifié pour les huitièmes de finale au détriment de la Nazionale.

La morsure de Suarez, effectuée dans le dos de l'arbitre, avait été relevée par les caméras de télévision, provoquant immédiatement une vague d'indignation et de caricatures dans le monde, notamment via les réseaux sociaux.

Sans vouloir remettre en question «les interventions disciplinaires des organes compétents» de la FIFA, Chiellini estime que «la formule proposée», une suspension de neuf matchs et quatre mois d'interdiction de soccer, «est excessive».

Drôle de volte-face pour Chiellini, qui disait après avoir été mordu que la FIFA ne sanctionnerait sans doute pas Suarez pour garder une star dans son Mondial...

Dans le cadre de son interdiction de toute activité liée au soccer, Suarez a été contraint de quitter la délégation uruguayenne. Au lendemain de sa suspension, il est rentré vendredi matin en Uruguay, accueilli à l'aéroport de Montevideo par des centaines de supporteurs portant des banderoles avec des slogans tels que «Luis, tout l'Uruguay est avec toi».

«Un des pires moments de l'histoire du soccer»

Le président uruguayen José Mujica, soutien indéfectible du joueur, a qualifié sa sanction d'un des «pires moments de l'histoire du soccer». Le chef de l'État uruguayen a confié avoir reçu le joueur à son retour en Uruguay, vendredi à l'aube, pour lui donner «une humble accolade».

À son arrivée au pays, Suarez a appris que le site de paris en ligne 888poker avait mis un terme à son partenariat avec lui. Jeudi, Adidas avait suspendu son activité de marketing avec le joueur pendant le Mondial.

Son retour en Uruguay clôt un chapitre controversé du Mondial 2014, qui s'est offert une journée de répit vendredi avant de basculer sur les matchs à élimination directe.

Son absence pourrait constituer un sérieux handicap pour le huitième de finale samedi de l'Uruguay face à la Colombie à Rio. Paradoxalement, elle offre un beau levier au sélectionneur Oscar Tabarez, qui pourra invoquer au choix «l'indignation» ou la thèse du complot pour motiver ses joueurs.

L'autre huitième de finale de samedi opposera le Brésil au Chili à Belo Horizonte.