De Brossard au Mozambique en passant par Porto, Marc Dos Santos a cumulé rapidement les expériences avant de devenir entraîneur-chef de l'Impact de Montréal à seulement 31 ans. Portrait d'un fonceur ambitieux.

Quand Marc Dos Santos grandissait à Brossard dans les années 80, son père écoutait les matchs du FC Porto à la radio. «C'était une vieille radio typique d'immigrant avec une antenne tordue, se souvient-il. Le son était mauvais, mais elle fonctionnait quand même. Mon père tenait à écouter ces matchs. Il vient de Porto, c'est son club préféré.»

 

Il est 16h50, vendredi. Marc Dos Santos est assis dans les gradins vides du Stade Saputo. Dans moins de trois heures, il dirigera son premier match comme entraîneur-chef de l'Impact (qui se terminera 0-0). S'il est nerveux, cela ne paraît pas. Habillé en survêtements, son veston dans la main, il répond patiemment à toutes nos questions. Le débit est lent, mais assuré. Seul sujet tabou: son prédécesseur John Limniatis, congédié jeudi dernier. «C'est un bon ami. Par respect pour lui, je ne veux rien dire.»

Retour au Portugal

Quand Marc avait 10 ans, son père a décidé de retourner à Porto pour y installer son entreprise de matériaux de construction. La famille le suit. «C'est là que j'ai véritablement découvert la culture du soccer, raconte-t-il. Je me souviens d'un dimanche incroyable, peu après notre arrivée. J'assistais au match de Porto contre Boavista. Si le club gagnait, il devenait champion du Portugal. Le stade était plein. Il devait y avoir 85 000 personnes. C'est là que j'ai dit à mon père: je veux travailler dans le soccer plus tard. Je ne sais pas si ce sera comme joueur ou comme porteur d'eau, mais je veux faire ma vie là-dedans.»

Ses amis rêvent de devenir le prochain Maradona. Lui est plus réaliste. Certes, il se débrouille bien - il se rendra jusqu'à la troisième division portugaise. Mais il comprend assez jeune qu'il ne pourra jamais enfiler le maillot d'un club comme le Real Madrid.

Il trouve une autre option: entraîneur, comme le fait son père en marge de son travail. À 16 ans déjà, il subit son premier test. «J'étais directeur de mon association étudiante de sport. À la dernière minute, le professeur d'éducation physique m'a offert de diriger l'équipe.»

Maintenait-il la discipline auprès des joueurs de son âge? «Oui», répond-il tranquillement, sans donner plus de détails, comme si c'était une évidence. Il revient à l'anecdote.

«On a joué dans le Snickers' Cup, poursuit-il. Le tournoi réunissait les meilleures équipes secondaires du Portugal. L'entraîneur de l'équipe nationale l'organisait pour découvrir des talents cachés. Notre école s'est classée quatrième sur environ 85 équipes.»

Environ 10 ans après l'arrivée des Dos Santos à Porto, le père obtient une autre offre. Cette fois, il déménage son entreprise au Mozambique, une ancienne colonie portugaise. Marc y rejoindra sa famille quelques mois plus tard. Il y restera jusqu'à 26 ans. «J'ai fini par me fatiguer de l'Afrique, explique-t-il. La corruption et l'injustice, ça commençait à peser trop lourd. Aussi, mes parents se sont séparés. Ma mère et ma soeur étaient retournées au Québec. C'était le temps de revenir.»

Gérer les cultures

Dos Santos parle quatre langues - portugais, français, anglais et espagnol. Il apprend présentement l'italien. «Plusieurs gens d'origine italienne sont dans l'Impact, alors ça devrait me servir. Et ça pourrait m'ouvrir d'autres portes pour la suite.»

Avoir habité sur trois différents continents devrait aussi l'aider dans ses nouvelles fonctions. «C'est énormément utile. Imagine, dans le vestiaire, tu peux avoir un Argentin, un Québécois et un Togolais. Leur culture explique souvent leur comportement. Par exemple, les joueurs africains sont parfois superstitieux. Moi, si un gars superstitieux arrive toujours une minute après les autres sur le terrain, je ne dirai rien. C'est facile à gérer. Il suffit de connaître ses joueurs.»

Un mot revient souvent quand on parle de Dos Santos: ambitieux. Ses objectifs sont clairs, et il semble bien parti. En 2007, il devient entraîneur-chef de l'Attak de Trois-Rivières. Sa fiche en saison régulière: 24-7-13. L'équipe a gagné la Canada Cup en 2007, et le championnat de la saison régulière en 2008. «Il était extrêmement déterminé, raconte Martin DesGroseillers, qui travaillait alors avec lui à l'Attak. Je me souviens de lui avoir montré nos budgets. Il y avait des sommes prévues pour la saison régulière, et d'autres entre parenthèses pour les séries. Il n'était pas content. Il voulait qu'on le budgète tout de suite. Il refusait qu'on admette que l'équipe puisse être éliminée.»

En juin 2008, l'Impact engage Dos Santos pour assister le nouvel entraîneur, John Limniatis. Une année plus tard, il le remplace déjà. Et il nourrit encore d'autres ambitions. Dos Santos devait se rendre à Dublin en juin pour compléter sa licence UEFA A - celle qui permet d'entraîner une équipe de la Ligue des champions. À cause de ses nouvelles fonctions, il devra probablement attendre l'hiver prochain. Il ne lui manquera plus que la UEFA Pro. «Je veux la faire, mais pas tout de suite. Peut-être durant une future année sabbatique. Pour l'instant, j'ai besoin de digérer tous les cours pris dans les cinq dernières années.»

Son emploi rêvé? «Diriger en Coupe du monde, idéalement le Portugal. Mais j'y vais étape par étape. Ce qui m'intéresse en ce moment, c'est de gagner le titre de la première division des USL avec l'Impact.»