Vous vous rappelez quand vous aviez une sortie scolaire au secondaire pour aller au théâtre ? Une entorse à la routine qui énergisait et allumait – peut-être même trop, parfois, aux yeux et aux oreilles des acteurs. C’est une atmosphère de ce genre qui régnait au Centre Nutrilait, jeudi après-midi, lors de la cérémonie de remise des trophées du CF Montréal.

Sans peut-être le vouloir, le vétéran Victor Wanyama a joué à l’inévitable petit tannant au sein du groupe de joueurs.

Les journalistes étaient rassemblés au dernier rang des sièges dans le petit amphithéâtre. La famille de Jason Di Tullio était assise juste devant. Elle avait été invitée pour la toute première édition de la remise du trophée qui porte le nom de l’ancien joueur et entraîneur adjoint du club.

L’alignement complet du CFM, ainsi que son personnel technique, remplissait les autres sièges.

On commence par nommer les finalistes pour le prix du meilleur joueur défensif du club. Ce prix, comme celui du joueur par excellence, est déterminé à 50 % par les titres de joueur du match durant la saison et à 50 % par le personnel technique du club.

Et lorsque Wanyama entend son nom, il se lève. Comme s’il avait remporté le titre.

Ce qui sème l’hilarité dans la salle. Wilfried Nancy, dans la première rangée, se retourne et porte une main à sa bouche, les yeux grands ouverts, comme pour dire « oups ! » en riant.

Suivent les noms d’Alistair Johnston, qui fait mine à son tour de se lever pour imiter son capitaine, et de Joel Waterman. La sélection finale est décidée par un vote des partisans. Et c’est Johnston qui l’emporte.

Le défenseur prononce un discours succinct sur scène. « Pas mal ! », lui lance Kamal Miller en montrant son téléphone : il a chronométré sa prise de parole à 10,5 secondes. C’est que Johnston est reconnu comme un garçon très bavard.

Romell Quioto remporte ensuite le titre de joueur par excellence. Victor Wanyama – encore lui – et Djordje Mihailovic étaient les autres finalistes. Le Hondurien a été l’auteur d’une saison de 15 buts et 6 passes décisives. Il s’agit d’un deuxième trophée Giuseppe-Saputo pour lui depuis son arrivée à Montréal, après celui de 2020.

La remise du trophée Jason-Di Tullio au joueur Tomas Giraldo, qui soigne des blessures depuis deux ans, a été plus sobre, et plus émotive.

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Le « progrès » de Johnston

On vous disait qu’Alistair Johnston était bavard. Ce ne sont pas les journalistes qui vont s’en plaindre.

« C’est bien de savoir que les gens ont voté pour moi, commence-t-il par dire devant les médias. Mais en même temps, n’importe qui sur notre ligne défensive aurait pu le gagner. Que ce soit Victor ou Sam Piette. C’est un prix qui va au collectif. »

L’adaptation du défenseur à son arrivée à Montréal a d’abord été ardue. Mais le voilà avec le titre de meilleur joueur aux tâches défensives. Quand même.

Ça prouve que si tu t’attelles à la tâche, de bonnes choses vont arriver.

Alistair Johnston

« Le personnel d’entraîneurs a été très clair avec moi : j’allais devoir, en quelque sorte, oublier la façon dont j’avais appris à jouer. En tant que défenseur, je devais penser instantanément à la rapidité avec laquelle je pouvais déplacer le ballon. Ici, j’ai dû apprendre à attendre jusqu’à ce qu’un attaquant me marche sur l’orteil avant de passer. […] Ça a pris du temps, mais je remercie le personnel d’avoir cru en moi. »

Romell Quioto a connu la meilleure saison de sa carrière professionnelle en 2022. Qu’est-ce qui a si bien fonctionné ?

« Le dispositif de l’entraîneur m’a beaucoup aidé et m’a mis en valeur, répond l’attaquant par le truchement d’un interprète. J’ai amené de l’eau au moulin avec mon état d’esprit, ma mentalité. »

« Symbolique »

Pour le président du CF Montréal, Gabriel Gervais, il était « symbolique » de remettre les prix à la fin de la saison, pour marquer un trait avant le début des éliminatoires.

« On a décidé en équipe d’y aller avec cette formule, explique-t-il devant les micros. On voulait le faire avant les séries pour vraiment souligner le travail dans la saison régulière. »

Et justement. Le premier match éliminatoire depuis 2016 aura lieu dimanche soir, à 20 h, au stade Saputo. Le président indique que « c’est pas mal salle comble », déjà.

« Ça va être difficile contre Orlando, juge Gervais, prudent. On y va un match à la fois. »

Des trophées en MLS aussi

Il n’y a pas que le CF Montréal qui marquait la fin de sa saison, jeudi. La MLS a révélé la liste des finalistes pour ses différents trophées.

Wilfried Nancy est un des trois nommés pour le titre d’entraîneur-chef de l’année, aux côtés de Jim Curtin (Union de Philadelphie) et de Steve Cherundolo (LAFC).

L’attaquant Kei Kamara est quant à lui en lice pour deux honneurs. Ses neuf buts et six passes pourraient lui permettre de remporter le trophée du retour de l’année dans la ligue, lui qui a joué outre-mer la saison dernière. Jeremy Ebobisse (Earthquakes de San Jose) et Gonzalo Higuaín (Inter Miami) sont les autres nommés.

Le Sierra-Léonais a aussi été remarqué pour son travail humanitaire, grâce à sa fondation Heart Shaped Hands. On a aussi noté les initiatives d’Alejandro Bedoya (Union) et de Brad Stuver (Austin).